Parcours sans faute du gouvernement : les critiques ne sont que conversations de bistrot

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Du haut de la tribune de l'Assemblée, après avoir dévoilé son plan de déconfinement, l'homme à la barbe bicolore faisait part de son agacement, ce mardi. La liberté d'expression n'est pas son truc. Ces réseaux sociaux où chacun donne son avis, ces commentateurs télé qui commentent... Une chienlit !

« La modernité les a souvent fait passer du café du commerce à certains plateaux de télévision ; les courbes d'audience y gagnent ce que la convivialité des bistrots y perd, mais cela ne grandit pas, je le crains, le débat public », a conclu Édouard Philippe.

Analyses très critiques + forte audience = Éric Zemmour. Pourquoi ne pas le nommer ? Chacun connaît son parcours. Après des débuts difficiles au Café du Commerce de Drancy, où ses envolées lyriques devant un demi pression furent remarquées par le tenancier de l'établissement, il gravit un a un les échelons. Le Bar des Sports de Cergy-Pontoise, puis une brasserie du quartier des Champs-Élysées et, enfin, la consécration avec un CDD dans le tripot de Laurent Ruquier, aux côtés d'un autre amateur de Kronenbourg : le fameux Éric Naulleau avec lequel il finit par s'inscrire aux alcooliques anonymes.

Voilà, à peu de chose près, le CV d'Éric Zemmour, tel que remis à Édouard Philippe par ses conseillers. Sa vision des intervenants qui ont l'audace d'émettre quelques réserves sur la manière dont le gouvernement a géré la crise sanitaire : des traîne-savates. Après ceux qui ne sont rien, viennent ceux qui ne sont pas grand-chose. Ah, ce plouc de Jean-Pierre Pernaut et ses semblables n'ont pas la hauteur de vue de Ruth Elkrief. Ex-pilier de salon de thé. Aucune vulgarité. N'ont pas le charme discret d'un Christophe Barbier tout d'écharpe rouge enrubanné, pas l'accent chantant d'un Jean-Michel Aphatie qui vous interprète une chronique en sol mineur. Premier prix de conservatoire de pipeau !

Quant aux Facebook, Twitter et compagnie, laissez-le rire. Un océan de n'importe quoi, une déchetterie d'opinions ! En termes choisis, disons qu'il s'agit de « réseaux pas très sociaux mais très colériques, d'immédiateté nerveuse », dixit l'homme à la barbe en noir et blanc, rappel de cette époque bénie où une seule chaîne de télévision distillait la pensée vraie.

Cette évacuation d'une pichenette du déferlement de moqueries et d'analyses sérieuses, constatant quelques décisions inappropriées, faisait suite aux propos d'Emmanuel Macron. Élément de langage, quand tu nous tiens : « Je félicite toutes celles et ceux qui avaient prévu tous les éléments de la crise, une fois qu'elle a eu lieu. Les commentateurs en sont pleins ».

Selon ces brèves réponses aux vacarmes médiatiques divers et variés, la crise fut donc gérée de main de maître. Des cadors du Covid. Un sans-faute salué par le coiffeur de Kim Jong-un. Du « tiré au cordeau ». Masque devant les yeux, le gouvernement travaille. Sibeth Ndiaye avait prévenu. Il faut savoir le mettre et ce n'est pas à la portée du premier venu.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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