Parcoursup ou parc tout court ?
Les élèves de terminale ont jusqu’au mercredi 3 avril 2019 pour éventuellement supprimer les vœux qu’ils ont entrés sur Parcoursup et qui ne leur conviendraient plus. Fait remarquable, le système de l’Éducation nationale, mis hâtivement en place l’année dernière, est reconduit avec quelques modifications qui semblent rassurer les parents, mais inquiéter davantage les élèves : ces derniers ressentent, sans doute, plus vivement le renforcement de la sélection opéré par le ministère. Quant aux élèves de seconde, ils inaugurent véritablement, non sans anxiété, la réforme du baccalauréat mise en œuvre par Jean-Michel Blanquer.
Il faut que l’élève obtienne des compétences, que les enseignants ne délivrent plus des connaissances mais accompagnent des "apprenants" qui doivent rester "acteurs de leur savoir"… C'est ce que l'on nous martèle depuis des décennies, avec le succès que l'on sait : ce sont les élèves issus des milieux les plus modestes qui en pâtissent le plus. Mais avec la nouvelle réforme, l’élève, loin d’avoir plus de chances de choisir la filière qu’il souhaite, est forcé dans ses choix, comme s’il faisait d’ores et déjà partie du monde du travail ; on "professionnalise" les études secondaires.
C’est aussi pour cacher l’échec du collège unique : remarquez que les dernières réformes concernent moins les séries technologiques et les séries professionnelles - que l’on ne cherche toujours pas à valoriser, quoi qu’en dise M. Blanquer - que les séries générales. Il s’agit toujours de pousser les élèves à obtenir un diplôme général pour les amener à accepter n’importe quelle filière ou n’importe quel emploi, et surtout ceux que l’on cherche à créer et qui n’ont, malgré les apparences, pas l’avenir prometteur que l’on nous vante : les métiers du numérique, par exemple, dont les filières risquent d’être vite saturées.
Alors, on fait croire aux parents que les anciennes séries S, ES et L ne signifient plus rien et l’on crée un seul baccalauréat, façon menu de restauration rapide : "écologie, agronomie et territoires" sauce "numérique et sciences informatiques" ou "sciences de l’ingénieur" sauce "humanités, littérature et philosophie"… La vérité est que les parents, comme les élèves, chercheront à reconstituer les anciennes filières ("mathématiques" et "physique-chimie", par exemple), mais que ce tour de passe-passe permettra au ministère de supprimer des heures d’enseignement, tout particulièrement dans le privé…
Enfin, il ne faut pas oublier le nouveau principe de cette année : l’anonymisation partielle des dossiers. Sous couvert de mixité sociale, le ministère souhaite transmettre aux établissements du système Parcoursup les dossiers sans nom, prénom, âge ni adresse du candidat : mais n’avons-nous pas appris de nos erreurs ? Ce système, loin de favoriser la mixité sociale, risque de l’aggraver dangereusement, comme le "curriculum vitae anonyme" tenté par Pôle emploi et abandonné, car plus discriminant. Aujourd’hui, on anonymise les noms des candidats ; demain, ce sera le tour des noms des établissements… L’objectif n’est pas de donner à chacun de nos enfants les connaissances et les savoirs utiles à son intelligence et à ses futures fonctions, mais de parquer tous les élèves comme des moutons dans les cases stéréotypées spécialement créées par les pédagogistes de tous poils avides de savoir s’ils sont capables de manipuler les foules pour créer l’homme de demain à l’image qu’ils désirent fabriquer. Cette réforme vise plutôt l’éradication des écoles hors contrat et même privées, dangereusement libres de rendre indépendants les futurs citoyens. Mais ce genre d’objectif peut insidieusement conduire au totalitarisme…
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