Parents vigilants : « L’idéologie ne doit pas entrer à l’école »

A Marion

Trois mille cinq cents : c’est le nombre de sièges obtenus par le réseau Parents vigilants aux élections des représentants de parents d’élèves dans les écoles, les 13 et 14 octobre derniers. Des scrutins qui se sont déroulés le jour de l’assassinat de Dominique Bernard et sur fond de cabale contre ce réseau accusé... d’attiser les haines. Agnès Marion, la porte parole de Parents vigilants, s'est confiée à BV.

Sabine de Villeroché. Vous avez obtenu trois mille cinq cents sièges aux élections des parents d'élèves, pour environ 280.000 sièges à pourvoir au niveau national : êtes-vous satisfaite de ce résultat ?

Agnès Marion. C’est à la fois beaucoup et peu. C’est beaucoup pour une première année d’existence et une première tentative d’investir ces élections où la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves de l’enseignement public) et la PEEP (Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public) jouissent d’un monopole depuis des décennies. Cela signifie que l’on peut faire autrement et que nous pouvons porter une autre voix au sein des conseils d’école.

S. d. V. À quoi attribuez-vous ce résultat : la crainte de l’entrisme islamique à l’école ou le ras-le-bol des parents face aux dérives woke ?

A. M. Je pense que c'est un peu tôt pour trancher. L’assassinat d’Arras s’est passé en même temps que les élections. Difficile, donc, de corréler les deux. En revanche, les Parents vigilants ont permis de maintenir l’actualité sur l’école, depuis leur lancement, il y a un an. D'habitude, il y a le « marronnier » sur l’école à la rentrée : c’est le moment où on reparle de l’école, de ses problèmes avec, notamment, les évaluations des classes de 6e qui nous rappellent tous les ans à quel point le niveau des élèves s’effondre. Mais ce qui a changé, avec Parents vigilants, c’est que l’école est restée un sujet tout au long de l’année. Nous avons repris des témoignages livrés par les parents en médiatisant les plus représentatifs, parce qu’ils donnent un éclairage sur ce qui peut se passer au sein de l’institution scolaire. Cela nous a permis de révéler qu’il y avait trois types de problèmes à l’école qui inquiètent les parents : d'abord, l’entrisme islamique, qui est avéré. Il n’y a pas seulement l’abaya, dont on a beaucoup parlé : on a encore eu, récemment, le cas d’un conseil départemental qui a indiqué, dans les menus de la semaine mis en ligne très officiellement sur son site, servir aux collégiens un « sauté halal ». Une maladresse (on peut imaginer que la personne qui a saisi le menu n’a pas vu le problème) mais révélatrice : certaines collectivités locales enfreignent donc le principe de laïcité ; en consommant halal, on paie même une « dîme » à l’islam !

S. d. V. Quels sont les deux autres types de problèmes qui inquiètent les parents ?

Toute l’année, nous avons reçu des témoignages sur la propagande wokiste et LGBT à l'école : cela va, par exemple, des ateliers de « tricot urbain » aux couleurs du drapeau LGBT pour habiller les troncs d'arbre dans les cours de récréation (aberration esthétique qui accoutume nos enfants aux codes LGBT) et aux cours sur la transidentité.

Enfin, nos parents témoignent aussi de l’imprégnation du lobby immigrationniste dans nos écoles : SOS Méditerranée (association d'aide aux migrants, NDLR), par exemple, a un agrément qui lui permet d’entrer dans les écoles très officiellement, de faire des expositions dans les halls de lycées et de collèges pour expliquer qu’il faut accueillir des migrants. Personne ne semble s’émouvoir, au sein de l’institution scolaire, que l’on apprenne, ce faisant, aux enfants que l’on peut enfreindre le droit français puisque c’est précisément ce que font les migrants en entrant en France illégalement.

Nous maintenons donc un niveau de veille d'actualité permanent sur l'école où l’on découvre, grâce à notre réseau, un certain nombre d’affaires scandaleuses. Prises isolément, ce sont des anecdotes malheureuses ; leur accumulation, pour tous les niveaux de classe, dans toutes les académies, en fait un vrai fait de société. Car pendant que la France dégringole dans toutes les évaluations internationales, dans des établissements, qu’ils soient publics ou privés, qu’ils se situent dans de grandes métropoles ou à la campagne, des associations de propagande ou des professeurs interviennent régulièrement auprès de nos enfants pour faire passer leurs opinions pour des savoirs.

Avec ces alertes, au fil de l’année, nous avons rappelé que l’école doit être, à juste titre, au cœur des préoccupations des Français.

S. d. V. De nombreux médias se sont intéressés à vous, récemment, pas toujours en termes très sympathiques : on vous accuse d'attiser la haine, les tensions et les ressentiments...

A. M. Nous avons subi une cabale à quinze jours des élections de parents d’élèves pour expliquer, à grand renfort de médias, que nous mettions en danger les professeurs. Exemple avec Sophie Djigo, ce professeur de philosophie qui avait organisé une sortie pour ses élèves auprès d’une association d’aide aux migrants de Grande-Synthe. Nous nous sommes emparés de l’affaire en faisant valoir que ce n’était pas le rôle de l'école, d’autant plus que cette dame a un engagement militant très public (elle donne des conférences) en faveur de l’accueil des migrants. Cette enseignante a bénéficié, la semaine dernière, d’une pleine page dans La Voix du Nord pour expliquer que nous mettions en danger les professeurs et qu'il fallait d'urgence que l’école se dote d’un manuel d’autodéfense intellectuelle contre l'extrême droite : cet article est paru la veille du meurtre de ce pauvre Dominique Bernard par… un islamiste ayant largement profité de notre laxisme migratoire et de l’angélisme des associations pro-migrants.

Bien évidemment, les Parents vigilants n'ont pas vocation à mettre en danger les professeurs mais à parler avec eux de manière à avoir l'école la meilleure souhaitable pour leurs enfants. Nous nous battons précisément pour que la politique et l'idéologie n’entrent pas à l'école, qui doit rester d’une parfaite neutralité. Nous nous battons pour qu’on y enseigne les savoirs fondamentaux propres à donner aux élèves les outils nécessaires au discernement. Nous ne voulons pas, en revanche, que l’école fasse passer des opinions pour des savoirs.

S. d. V. Comment Parents vigilants est né ?

A. M. Lors de l’université d’été de Reconquête, en septembre 2022, il y a tout juste un an, Éric Zemmour a lancé Parents vigilants pour lutter contre le « Grand Endoctrinement » qu’il dénonce comme le troisième mal français, après le Grand Déclassement et le Grand Remplacement. Nous avons été assez saisis par notre succès. Très vite et en nombre, des parents complètement démunis lorsqu'ils voyaient des dérives idéologiques au sein des classes de leurs enfants nous ont contactés pour témoigner.

Depuis, 60.000 parents vigilants ont rejoint notre réseau et nous avons collecté 5.000 témoignages sur notre site. Chaque département a, désormais, son référent Parents vigilants.

S. d. V. Pourquoi avoir pris part aux élections de parents d’élèves ?

A. M. C’est l'Éducation nationale qui nous en a donné l’idée. Plusieurs parents nous ont rapporté que, lorsqu’il y avait de la propagande dans l’école de leurs enfants, ils allaient voir l’enseignant et la direction de l'établissement qui leur répondaient : « Vous n’êtes pas légitimes, vous n’êtes pas parent d’élèves. »

D’où l’idée d’inciter nos parents à devenir effectivement représentants des parents d’élèves. Nous nous sommes tout simplement réappropriés un droit qu’on avait tous un peu oublié. Parents vigilants a éveillé les consciences et un peu libéré la parole : des parents ont réalisé qu’ils n’étaient pas les seuls à penser qu’un atelier d’éducation sexuelle pour le primaire ou une exposition pro-migrants dans le hall du collège, ce n’est ni le lieu ni le moment. On leur a permis de se souvenir qu’ils avaient ce droit offert par la loi de se présenter. Parents vigilants a, en quelque sorte, « cassé le mur du silence » et encouragé les parents, qui sont les premiers éducateurs de leurs enfants, à oser dire que, parfois, cela va trop loin et qu’on pourrait faire les choses autrement.

S. d. V. Trois mille cinq cents élus, pour quoi faire ? Quelle marge d’action pour ces parents délégués ?

A. M. Être parent délégué permet d'avoir une parole légitime selon les critères de l'Éducation nationale. Ces élus continueront à faire ce qu’ils faisaient comme « simples » parents : être vigilants et être un interlocuteur au sein de l'établissement. À l’échelle de l’établissement, les représentants de parents d’élèves ne sont, dans leur grande majorité, pas du tout idéologiquement orientés, a contrario des organismes sous les couleurs desquelles ils se présentent. Aller voir la maman de la petite Mélanie, en CE2, elle aussi représentante des parents d’élèves, et lui demander, quand arrivent les cours d’éducation sexuelle, si elle trouve pertinent d’apprendre ce qu’est une fellation à des enfants de 8 ans, si on ne peut pas avoir une approche respectueuse de l'éducation à la sexualité, c’est susciter dans 95 % des cas une réaction de bon sens. Parler avec son cœur de maman ou de papa, c’est ce qui fait la différence. Personne ne souhaite pour ses enfants que l’école se délite.

S. d. V. Quelle est l’étape suivante pour Parents vigilants ? Quels sont vos projets ?

A. M. Pour le moment, nous continuons à nous structurer. Cette capacité que nous avons de prendre un témoignage significatif, de le médiatiser via nos réseaux sociaux, de déciller l’opinion publique sur un dysfonctionnement grave et préjudiciable pour nos enfants, c’est une manière de lutter contre « la fabrique du crétin » pour sauver l’école. Notre credo est simple : aucune idéologie à l’école qui doit, selon les mots de Jean Zay (ancien ministre de l'Éducation nationale, NDLR), « rester l’asile inviolable dans lequel les querelles des hommes ne rentrent pas ».

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Pourquoi pas enseigner l’écologie à l’école, les premiers concernés demain ce sera le bambins d’aujourd’hui. Par contre ce doit être fait par des professeurs donnant des cour VALIDÉS par le parlement et standardisés afin qu’on enseigne la même chose dans toutes les écoles et non pas laisser chaque maître en fonction de ses idéologies, raconter n’importe quoi.

    • Attention quand même à ce que la vigilance ne passe à son tour pour une tentative d’endoctrinement. C’est ce qui est empoisonnant avec la Gauche, dès qu’on a une vision différente qu’eux, on se retrouve étiqueté!

    • « des cour VALIDÉS par le parlement  » à condition que le parlement puisse mettre de côté ses idéaux politiques! Ce qui est impossible vu que c’est l’essence même de son existence. Seule une supervision par le peuple du gang politisé des spécialistes carriéristes du monde de l’enseignement pourrait améliorer les choses, car des citoyens instruits et non politisés existent.

      • Je ne suis pas en désaccord avec vous, mais rêvons(ça fait du bien) que les élus représentants des citoyens fassent passer le bien commun avant leurs idéologies ou leurs intérêts.

  2. Belle époque ou j’allais à l’école pour apprendre des choses. Il me semble d’ailleurs qu’il y a bien longtemps hélas le ministère s’appelait l’INSTRUCTION PUBLIQUE !! Bon courage Madame continuez il faut tout faire pour arrêter l’endoctrinement des enfants

  3. Donner un agrément qui permet d’entrer officiellement dans les écoles a SOS Méditerranée c’est scandaleux quant on vois le niveau de l’instruction distribué aux élèves qui ont mieux à apprendre mais aussi il n’y a pas que SOS Méditerranée à bénéficier de l’ouverture des portes des écoles, certaines autre personnes de gauche en bénéficient également. Pas étonnant de voir le niveau de l’éducation nationale.

  4. Bravo et continuez le combat . Le nombre d’adhérents en si peu de temps est très bien et prouve que les parents se motivent pour leurs petits . Courage et bonne route .

  5. « Parents Vigilants » , une heureuse initiative, à suivre et à renforcer . Toutes ces associations (LGBT et autres) n’ont rien à faire dans les écoles. Ex : si une éducation sexuelle est nécessaire, elle doit se limiter à la biologie, l’enseignant titulaire étant parfaitement capable de dispenser cette instruction. Il lui suffit de se préparer. Dans le passé, nous allions jusqu’à disséquer des grenouilles en primaire. On était tous passionnés par la découverte. En France nous sommes obligés de constater que le progressisme conduit au négatif.

  6. La conclusion résume ce que devrait être l’école, l’apprentissage des savoirs point barre.

  7. Bravo à Zemmour pour cette idée et bravo à Madame Marion de la développer avec succès et surtout ténacité.

  8. Bravo Madame Marion pour vos engagements et merci pour vos réponses claires et pertinentes aux questions de BV. Grand parents mon épouse et moi même sommes inquiets, voire très inquiets pour nos petits enfants de France, de la Notre France. Petit résultat dites vous mais cependant grand début prometteur ou personne ne vous attendez il y a deux ans de çà. Alors haut les cœurs Madame.

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