Paris : le périphérique limité à 50 km/h, la fausse bonne idée d’Hidalgo

@Chabe01/Wikimedia commons
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Lundi 9 septembre, Anne Hidalgo a annoncé, sur RTL, une mesure sur laquelle elle travaille depuis 2018 : l’abaissement de la vitesse maximale sur le périphérique parisien à 50 km/h. Elle doit être effective le 1er octobre. Le maire de Paris a également affirmé que cette mesure ferait l’unanimité au Conseil de Paris. C’est là que le bât blesse. Si le périphérique fait bien partie du territoire parisien, il est de fait bien plus utilisé par les Franciliens. Ainsi, une étude de l’Institut Paris Région indiquait, en avril 2024, que « 80 % des usagers du boulevard périphérique (BP) habitent en dehors de Paris ». Elle montrait également que « 59 % des déplacements passant par le boulevard périphérique se font entre Paris et la banlieue, 35 % ont pour origine et destination la banlieue et seulement 6 % sont internes à Paris ». Ainsi, un sentiment d’iniquité peut être ressenti par les habitants d’Île-de-France, tous ne pouvant prendre les transports en commun.

Car la diminution de la vitesse implique nécessairement une augmentation du temps de trajet. Le risque de congestion sur le boulevard périphérique est également naturellement accru. Ce qui risque donc de créer une barrière temporelle supplémentaire pour entrer dans Paris, mais également une barrière financière, puisqu’un temps de trajet plus long en voiture équivaut à une plus grande consommation d’essence. Or, en pleine période inflationniste, les carburants font partie des produits les plus impactés.

Une mesure antipollution… qui polluera plus !

L’argument avancé par la mairie est également contestable. Pour Anne Hidalgo, cette mesure vise avant tout à améliorer la santé publique en bordure du périphérique, c’est-à-dire à diminuer la pollution atmosphérique aux abords du « périph ». BV a contacté Fabrice Godefroy, expert en mobilité et environnement de l’association « 40 millions d’automobilistes ». Selon lui, « ce qui compte avant tout, dans les émissions de gaz polluants d’une voiture, c’est le régime moteur. On pollue évidemment plus à 1.300 tours par minute qu’à 1.100. Or, selon une étude du CEREMA, le moteur tourne plus à 50 km/h qu’à 70. Une voiture relâche plus de CO2 et d’oxydes d’azote à 50 km/h qu’à 70 km/h. » Ainsi, la mesure d’Anne Hidalgo est non seulement contre-productive, mais sa principale justification est mise en cause.

De plus, elle s’ajouterait à une autre mesure susceptible de complexifier la circulation sur le boulevard périphérique : la création d’une voie réservée au covoiturage, aux taxis et aux bus, en lieu et place de celle jusqu’ici dévolue aux transports des JO. C’est en tout cas l’avis de Fabrice Godefroy : « Les bus entrent sur le périphérique par la droite, doivent le traverser pour se mettre à gauche, puis faire le chemin inverse afin d’en sortir. Cela risque évidemment de créer des blocages. »

Le périphérique n’appartient pas à Mme Hidalgo

L’abaissement de la vitesse maximale sur le périphérique pourrait avoir d’autres conséquences. L’Île-de-France est de loin la région la plus riche et productive du pays. Le périphérique est utilisé quotidiennement par un million de personnes. L'augmentation des temps de trajet conduirait à une diminution de la productivité des usagers. Tout le monde ne peut pas faire du télétravail. Cependant, la décision ne revient pas uniquement à la mairie de Paris. Le préfet de police peut apporter un veto pour des raisons de sécurité. Contactée par BV, la préfecture répond que « les consultations prévues n'ont pas été menées à leur terme » et que « ce projet nécessite à la fois une expertise des services de l'État responsables du réseau routier national francilien et une consultation des collectivités publiques limitrophes ». Or, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, s’oppose frontalement à ce projet. Il ne reste donc à l’État que 21 jours pour trancher…

Louis de Torcy
Louis de Torcy
Etudiant en école de journalisme

Vos commentaires

41 commentaires

  1. Encore une fois on se demande ce que fait l’état, la ministère des transports en particulier. Pourquoi l’état a-t-il abandonné la gestion des routes à des élus qui ne voient pas plus loin que leur réélection. Et l’abandon ne s’est pas fait qu’à Paris, chaque commune est concernée. D’ailleurs, les abandons sont si nombreux qu’on est en droit de se demander sa justification, sauf pour les dépenses inutiles, là, tout fonctionne parfaitement.

    • Alors la , on peux attendre longtemps vue qu’elle a refuser la consultation sur les JO ; la seul fois ou elle consulte les parisiens c’est pour cette bêtise de budget participatif qui n’est en réalité qu’une façon pour elle de ce laver les mains sur l’aménagement de la ville puisque elle demande aux parisiens parisiennes de lui fournir des idées d’aménagements; résultat on a de tout et du n’importe quoi qui emmerde par la suite les professionnels de la route.

  2. Mme Hidalgo na que des mauvaises idées, quand elle a fermé les voies sur berge nous sommes revenu a la circulation des années60 .le soir on traversait paris d’ouest en est en20 minutes, maintenant quand tout va bien il faut 40 mn minimum. elle a créer une situation impossible en région parisienne. Avant d être maire de paris elle était contre les jeux olympiques Elle veut laisser sa trace .Se sera une ville qui est devenue sale ,et ou il y a de plus en plus d’insécurité .(je suis un ex chauffeur de taxi né à paris et ayant travaillé sur Paris )La circulation ce n est pas son problème ,elle se déplace en voiture avec chauffeur

  3. Il y a pas de ligne de bus sur le périph mais les bus électriques polluent quand même.
    Rennes n’est pas la seule ville confrontée à ces contradictions. À Paris, par exemple, la RATP s’est engagée à déployer une flotte entièrement électrique d’ici 2025. Cependant, certains bus électriques de la capitale continuent d’utiliser des systèmes de chauffage ou de climatisation qui fonctionnent à l’énergie fossile. De plus, dans plusieurs villes européennes, comme Amsterdam ou Copenhague, les bus électriques représentent une part croissante du parc de transport en commun, mais la dépendance aux énergies fossiles pour certains aspects techniques reste présente.

    Cette situation met en lumière un décalage entre les annonces politiques et la réalité technique

  4. Gaspard Gantzer conseiller es coups tordus de François Hollande a proposé quant à lui la destruction pure et simple du périphérique. Imaginons un instant ce que serait Paris sans le périph… La gauche ne sait que détruire. Elle n’entretient pas ce que les gouvernants sages et avisés tels que de Gaulle, Pompidou ou Giscard ont bâti. Il suffit de voir l’état pitoyable des autoroutes d’Ile de France gérés (sic) par l’Etat et les comparer avec le remarquable entretien des autoroutes concédés.
    Hidalgo c’est la Piolle de Paris.

    • a un « détail près » ! … pompidou est resté trop peu de temps à l’Elysée pour que sa nocivité soit « visible » … Par contre VGE a été, pour l’instant celui qui très longtemps après son règne nous a coûté « un pognon de dingue » ! … Les trois derniers seront un gouffre pendant des décennies macron en tête de façon exponentielle bien sûr ! …

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