Paris : Sainte-Rita, symbole de ces églises désacralisées en France

C’est le dernier rebondissement d’une affaire rocambolesque. L’église Sainte-Rita, dans le XV^e arrondissement de Paris, connaît enfin son destin : elle sera bientôt transformée en salle d’escalade et espace de coworking.

Cela fait des années que le sort de cette église est incertain ; à croire que le lieu porterait bien son nom [sainte Rita étant la patronne des causes désespérées, NDLR]. Construite en 1900, Sainte-Rita est la première église gothique en béton. Originellement détenue par une association anglicane millénariste, elle est louée, en 1988, à une communauté gallicane célébrant le rite tridentin. L’église acquiert alors une certaine notoriété pour y pratiquer, entre autres, une bénédiction annuelle des animaux de compagnie ou une messe des motards.

En 2010, l’affluence diminuant, l’Association des chapelles catholiques et apostolique (qui gère le patrimoine de cette communauté millénariste) met l’église en vente. Un promoteur immobilier nantais rachète alors le terrain. Il compte détruire l’église et construire, à la place, des bureaux et des parkings. S’engage alors une bataille entre ce promoteur et les fidèles du quartier. En 2015, des catholiques traditionalistes menés par l’abbé Guillaume de Tanoüarn occupent l’église pour empêcher sa destruction. Au terme d'une bataille juridique, allant jusqu'au Conseil d’État, les traditionalistes sont finalement expulsés lors d’une messe, le 3 août 2016. En 2019, la destruction, considérée comme dangereuse, est retardée. In fine, le promoteur change son fusil d'épaule et optera pour la location du lieu à une entreprise d’escalade chargée de s'occuper des travaux.

Un moindre mal…

Sollicité par nos soins, l’abbé de Tanoüarn estime que tant que l’église n’est pas détruite, « un espoir subsiste ». Il s’amuse même de la vocation nouvelle de Sainte-Rita : symboliquement, l’escalade consiste à atteindre un sommet, à s’élever, se rapprocher du ciel et, donc, quelque part, du Bon Dieu. Bien sûr, le théologien ne se satisfait pas de l’état actuel des choses. Selon lui, Sainte-Rita doit être rendue à sa vocation première, autrement dit aux paroissiens du XV^e arrondissement de Paris. À présent, l'abbé envisage de rassembler ses anciennes « troupes » pour faire pression sur Climbing District, l'entreprise d'escalade, afin qu’elle permette aux fidèles de venir s’y recueillir. Contactée, cette dernière nous a répondu : « La chapelle étant désacralisée, nous envisageons la salle à la fois comme un espace laïc de loisirs et de travail, mais aussi comme un lieu d'échanges favorisant l'intergénérationnel et l'ouverture aux autres. » Il s'agit de la seconde chapelle convertie par Climbing District en salle d’escalade. La première était un ancien couvent situé dans le quartier de Saint-Lazare à Paris.

Depuis 1905, plus de 250 églises ont été désacralisées ou désaffectées ; 44 ont été détruites depuis l'an 2000. Selon un rapport du Sénat, entre 2.500 et 5.000 églises pourraient disparaître d’ici 2030, faute d’entretien. Dans le même temps, le nombre de mosquées et lieux de culte musulmans en France métropolitaine a grimpé de manière vertigineuse, au cours des dernières décennies. Le ministère de l'Intérieur en recense 2.600 aujourd’hui, un nombre en constante augmentation. Par ailleurs, 179 projets de construction sont déjà lancés.

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