Pas de pitié pour Yannick Jadot !

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Au départ, j’ai eu pitié. Pitié pour Yannick Jadot se faisant humilier par le président du Parlement européen en séance plénière. Que voulez-vous, entre Français, faut se serrer les coudes, n’est-ce pas. On ne peut accepter qu’un des nôtres, un compatriote, passe pour - osons le mot - un blaireau et se fasse laminer devant des centaines de députés. La plupart n’étant même pas français ! Par un Rital, en plus ! Non, franchement, pas possible. Passons outre les divergences politiques et venons au secours de cette belle âme française.

Yannick Jadot, mercredi, prend la parole, pour demander une minute de silence à la mémoire de nos soldats tués au Mali. Ils peuvent bien faire ça, les Européens, vu qu’il n’y a pratiquement que les Français à aller au carton loin de la vieille Europe, pour assurer sa sécurité. Au passage, on notera qu’il y a quelques années encore, Merkel se permettait des leçons d’équilibre budgétaire à la France. Mais que voulez-vous, la France est comme ça : dépensière de l’argent qu’elle n’a pas mais aussi n’hésitant pas à payer de son sang...

Donc, comme a tweeté, très justement, Jadot, nos soldats méritaient bien une minute de silence. Mais voilà, le président Sassoli réplique, poliment mais sèchement, au député français : « Monsieur Jadot, vous n’étiez peut-être pas là hier dans l’hémicycle, nous avons salué la mémoire de ces militaires tombés au Mali. Peut-être étiez-vous distraits, peut-être étiez-vous absent, mais notre Assemblée a déjà rendu hommage à ces militaires tombés au Mali. » Consternation, humiliation. D’où le sentiment de pitié. Et puis de honte, aussi. Qu’un Français passe devant tous ces étrangers pour un c…, alors que nous sommes le peuple le plus intelligent, et sans doute le plus modeste, de la Terre, ce n’est pas possible. Pitié, honte. On se met à la place de Jadot. Au moment de cet hommage, avait-il piscine, était-il retenu à la buvette, aux toilettes, au téléphone avec sa compagne ? Et ses assistants, ses collègues, eux aussi étaient absents ? Franchement, on n'est pas aidé.

Mais voilà, c'est plus compliqué que ça. En effet, Libé, qui n’en perd pas une, a enquêté. Et que dit ce journal ? Qu’en fait, il y avait bien eu un hommage rendu par le président Sassoli - en français, s’il vous plaît - mais pas de minute de silence. Donc, la demande de Jadot n’était pas si ridicule et le président Sassoli a eu mauvais jeu de lui refuser la parole pour s’expliquer après cette humiliation publique. On dira aussi que Jadot a peut-être voulu jouer de cette nuance (hommage sans minute) pour se faire mousser. Pas possible, pas ça, pas lui.

Là où cela devient très intéressant, c'est lorsqu'on apprend, toujours grâce à Libé, que François-Xavier Bellamy avait demandé officiellement cette minute de silence et qu’elle lui aurait été refusée. Il est vrai que l’on commence à être coutumier de ces refus de minutes de silence : le dernier, ce fut à l’occasion du funeste anniversaire du Bataclan. Un rassemblement de députés français a alors été organisé, mardi, devant l’Hémicycle, avant la session. Sur la photo, prise pour l'occasion, on peut voir, entre autres, côte à côte, Nathalie Loiseau et Gilbert Collard. Un instant, le temps d’une photo, l'unité nationale ! À première vue, des députés de tous bords : LR, LREM, RN, socialistes... Pas tout à fait, car les Verts ont refusé de s'associer à cet hommage. Justification de Jadot : « Nous n’avons pas souhaité le faire avec les députés du Rassemblement national mais en séance plénière avec l’ensemble du Parlement. » On se dit alors, à la réflexion, que ce petit monsieur a bien mérité cette petite humiliation publique.

Au départ, donc, j'ai eu pitié de Yannick Jadot. Comme disait Talleyrand, « méfiez-vous du premier mouvement, il est toujours généreux ». Pas de pitié pour Yannick Jadot !

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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