Pas de plongeon dans le chaudron communautariste pour Emmanuel Macron
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Le sujet n’est pas facile. Surtout pour Emmanuel Macron, plus à l’aise à faire le malin en parlant franglais devant un parterre de jeunes startuppers qu’à aborder les sujets qui fâchent. Et ce sujet, il fâche, il crispe, il clive. Il est, en fait, au cœur de tout car il touche à notre identité. Allez, pour « faire consensus », au centre de la question du fameux « vivre ensemble ».
Ce sujet ? Évidemment, le communautarisme. Pardon, le séparatisme. Les séparatismes, histoire de noyer un peu plus le poisson. En parlant de séparatisme au lieu de communautarisme, Emmanuel Macron a-t-il acté le fait que la France serait désormais une juxtaposition de communautés ? Le président de la République deviendrait, en quelque sorte, le community manager de la startup nation ! En fait, une façon de contourner l’obstacle. Obstacle de taille puisque, on est bien d’accord, c’est du communautarisme islamiste qu'il est question. Du reste, Emmanuel Macron l’avait clairement exprimé, en février dernier, à Mulhouse, et s’il devait aller à Lunel, dans l’Hérault, ce mardi 22 septembre, pour évoquer le projet de loi sur le séparatisme, ce n’était pas en pensant aux séparatismes basque, corse ou breton. Lunel, cette ville de 25.000 habitants qui compta une vingtaine de départs pour le djihad en Syrie. Lunel, Le chaudron français, pour reprendre le titre du livre enquête des journalistes Jean-Michel Décugis et Marc Leplongeon, paru en 2017.
Emmanuel Macron ne se plongera pas dans le chaudron français de Lunel, ce 22 septembre. Il a annulé sa visite car « il ne le sentait pas », révèle Le Parisien.
On imagine qu’une visite présidentielle ne se décide pas comme ça au claquement de doigt. Que le choix d’un lieu est mûrement réfléchi au regard de tout un tas de critères : politiques, symboliques, pratiques, sécuritaires, etc. Et que c’est seulement lorsque le choix du lieu est validé par le Président, qu'il le sent bien, pas avant, que l’on passe à la phase de communication et de préparation. C’est pourquoi on ne peut qu’être étonné que cette valse-hésitation-annulation ait pu s’exhiber ainsi au-delà des murs de l’Élysée. Rien de tel pour accroître un peu plus la confusion ou, tout du moins, le sentiment de confusion. Rien de tel, surtout, pour montrer le malaise - ou le sentiment de malaise ! - d’Emmanuel Macron sur les sujets régaliens qui demandent plus que des coups de menton et des effets de voix sur fond de lambris élyséens. Et l’annulation, mise sur le compte du Covid-19, qui a décidément bon dos, ne convainc pas grand monde.
Un « confident du Président », relate Le Parisien, va jusqu’à reconnaître que « Lunel, c’est quand même très marqué terrorisme, même un peu touchy pour venir parler communautarisme » - ah, le mot tabou est lâché ! Ce serait donc explicitement reconnaître qu’il y aurait un continuum entre terrorisme et communautarisme - pardon : séparatisme. Dans ce projet de loi pour lutter contre le séparatisme, qui risque bien d’être encore un fourre-tout dont on a le secret, on devrait trouver la pénalisation de la délivrance des certificats de virginité par les médecins, comme l’a annoncé Darmanin, ou encore le contrôle plus strict des associations subventionnées qui devront s’engager sur la laïcité. Fort bien. Mais il y a une question qu’Emmanuel Macron semble éviter, comme Lunel, ce 22 septembre, c’est le continuum entre communautarisme et immigration.
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