Pas de rap féminin en Arabie saoudite

rap femme Arabie

Chorégraphie de hip-hop par des jeunes vêtus d’une salopette en jean dans un fast-food, lunettes de star et grosse cylindrée, femmes attablées devant un soda, smartphone à la main, elles ont beau porter le voile traditionnel, l’on retrouve là tous les codes de la culture américaine. Pas étonnant que les autorités saoudiennes aient censuré ce clip de la rappeuse Asayel Slay.

Charlie Hebdo rapporte que « le prince Khalid bin Faisal a ordonné l’arrestation des personnes impliquées dans la diffusion de cette chanson, affirmant qu’elle offensait les coutumes et traditions des habitants de La Mecque et contredisait l’identité de sa population ». Si la chanteuse incarcérée a été libérée peu de temps après, « une instruction judiciaire a été ouverte, et sa chaîne YouTube suspendue ».

Étonnante affaire pour un pays qui, depuis 2018, tient à montrer au monde entier un visage plus moderne. Grâce au prince héritier Mohammed ben Salmane, les femmes ne sont-elles pas autorisées à conduire, à entrer dans les stades et les cinémas réouverts ? La musique peut même être diffusée dans les restaurants ! Alors, pourquoi l’arrestation d’une chanteuse locale ?

« Bien que ces réformes aient aligné les droits reconnus aux femmes sur ceux des hommes dans ces domaines, et assoupli les principales restrictions qui pesaient sur leur droit à la liberté de circulation, elles n’ont pas aboli le système de tutelle », lit-on dans un rapport d’Amnesty International. Ces « réformes progressistes » seraient-elles de la poudre aux yeux pour berner les Occidentaux ? Le mouvement de défense des droits de l'homme ajoute que « les femmes et les filles restaient insuffisamment protégées contre les violences, sexuelles entre autres. Celles qui s’étaient réfugiées dans un foyer après avoir subi des violences domestiques devaient toujours obtenir l’autorisation d’un tuteur pour quitter les lieux. »

Tandis qu’en 2018, « MBS », de son surnom, dépense d’une main des millions de dollars dans des campagnes de communication pour se construire une image novatrice, déjeunant avec la reine Élisabeth, s’entretenant avec Donald Trump ou rencontrant les élites d’Hollywood et des dirigeants de Google, de l’autre, il renforce la répression des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion.

Son fameux « progressisme » aurait-il encore quelques progrès à faire ?

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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