Pas de vacances pour le gouvernement !

Hôtel_de_Beauvau,_bureau_du_ministre

À défaut de se réinventer, le gouvernement phœnix vient de renaître de ses cendres en relançant aussitôt les habitudes acquises, comme si rien ne devait changer. La novlangue à répétition accentue le tapage verbal dans les discours prétendant faire bouger les lignes, combattre les incivilités ou découvrir les territoires.

La méthode de l’agitation persiste. Il s’agit de courir après l’événement pour rattraper une popularité qui s’échappe et, chaque jour, un ministre se rend sur le terrain pour répéter que demain, tout va changer.

Les vérités premières du bon sens, oubliées depuis longtemps, reprennent de l’actualité dans un tête-à-queue surprenant : la souveraineté nationale, la participation civique, l’aménagement du territoire, la planification reviennent à l’ordre du jour, du moins dans les paroles en attendant les réalités.

Maintenant, halte au tintamarre de la communication ! Halte aux gesticulations ! Il est, certes, nécessaire de réagir à l’insécurité, mais il est impossible d’oublier le tsunami économique et social qui se prépare. Donc, pas un jour à perdre pour éradiquer les causes des fléaux menaçants.
Au moment où la France n’est pas sortie de la « guerre » du coronavirus, le risque de vacance de l’État n’autorise pas ses serviteurs à s’accorder le moindre congé. Il paraît donc hors de question que les ministres se croient permis de prendre un jour de repos sur les 600 qui leur restent à travailler pour le pays. Les Français exigent de leurs serviteurs de se mobiliser pour prendre la permanence de l’été.

C’est la noblesse des gouvernants, dans la tranquillité de leur ministère, de retrouver la vertu du silence, de pratiquer la méditation pour réfléchir avant de parler ou de décider, de chercher les voies de la confiance du peuple. Ainsi pourrait être conçu dans le calme un plan intégré dans une vision stratégique à moyen terme, dans lequel chaque mesure trouverait sa place dynamique, et en précisant l’origine du financement, afin que la vérité politique apparaisse en toute sincérité.

Les commentateurs médiatiques sont également invités à se joindre au silence de réflexion, pendant une étape de récupération.

Ainsi les gouvernants pourront offrir leurs journées de congé en hommage aux soignants et à ceux qui ne peuvent pas partir en vacances.

Sully avait bien compris qu’il convient de s’occuper « sans désemparer de ce qui reste à faire ».

Paul Bernard
Paul Bernard
Docteur en droit, préfet de région honoraire, ancien préfet de la région Corse, président d'honneur de l’Association du Corps préfectoral

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