Pas question de renoncer à l’égalitarisme à l’école : plutôt crever !

école

Le fanatisme ne se limite pas aux seules religions, quand la certitude d'avoir raison conduit à vouloir imposer aux autres ses convictions. Il trouve aussi son terreau dans les idées toutes faites de la pensée unique. L'une d'entre elles prétend que la mixité sociale est un bien en soi, à condition qu'elle soit intégrale, au sein du collège et dans chaque classe.

Pour accroître la mixité sociale, Pap Ndiaye – qui, entre nous, n'était peut-être pas le mieux placé pour défendre une telle politique – avait lancé un plan de mobilisation pour réduire la ségrégation sociale des établissements scolaires publics de 20 %, d’ici à 2027. Gabriel Attal, son successeur, a repris cet objectif à son compte. Parmi les pistes possibles, le ministère souhaite notamment développer, dans les établissements défavorisés, des options rares, des sections internationales, des classes bilangues qui attirent davantage les élèves de milieu favorisé.

Une étude citée par France Inter met le holà sur cette solution, jugée insuffisante. Selon un chercheur du CNRS, si ces options ou ces sections attirent dans les collèges concernés davantage d'élèves de milieu social plus élevé, elles « contribuent à la ségrégation entre les classes au sein d'un même établissement ». Si la mixité dans la cour de récréation existe, « ensuite, quand vous allez regarder comment sont constituées les classes, elles sont très différentes selon leur composition sociale ». La conclusion s'impose donc : il ne faut pas regrouper les élèves d'une même option mais les répartir entre les différentes classes d'un établissement.

France Inter se satisfait d'affirmer, sans en faire la démonstration, qu'« une autre étude a montré que si des élèves socialement défavorisés ont plus d'amis de milieu favorisé, ils connaissent une mobilité sociale plus forte ». Peu importe, apparemment, que cette contrainte supplémentaire pour la composition des classes rende encore plus difficile l'établissement des emplois du temps ; les partisans à tout crin de l'égalitarisme prônent cette solution. Il ne leur vient pas à l'esprit que mettre tous les élèves dans une même classe sans se préoccuper de leur niveau respectif, au nom de la diversité sociale, est une aberration pédagogique.

Tous ceux qui se sont frottés à l'enseignement, autrement que dans des études théoriques, savent pourtant qu'une classe excessivement hétérogène est ingérable, qu'il n'est pas possible de répondre aux besoins d'élèves de niveaux trop différents, surtout quand ils sont nombreux, et qu'on est contraint de réduire les exigences, sans même avoir la possibilité de sauver les plus faibles. Le ministère lui-même reste coi devant cette évidence. Par idéologie ou par démagogie, il fait sans cesse des concessions aux partisans de l'égalitarisme, quand il ne partage pas ouvertement leurs préjugés.

On demande au professeur de « prendre en compte la diversité des élèves », on l'évalue sur sa capacité à « adapter son enseignement et son action éducative à la diversité des élèves », on complique à l'extrême son travail, quand on ne le rend pas impossible. Si vous avez l'imprudence d'évoquer, rue de Grenelle, fût-ce avec beaucoup de précautions, l'éventualité de créer des classes de niveau, pour mieux adapter l'enseignement aux besoins des élèves, on vous fait les gros yeux, comme si vous aviez prononcé quelque obscénité. Jamais on ne reconnaîtra que vous pourriez avoir raison.

Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que l'égalitarisme niveleur continue d'exercer ses ravages et que l'enseignement ne cesse de décliner. Dans les sphères qui nous dirigent, on sacrifie tous les élèves sur l'autel de l'égalité, après avoir pris soin de mettre sa progéniture à l'abri.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

36 commentaires

  1. L’égalitarisme risque fort d’être la mort de l’égalité. Le but de l’école est de donner un même socle de connaissances à tous. Cela ne changera pas le fait que certaines familles s’impliquent ou pas dans le suivi éducatif de leurs enfants, mixité sociale en classe ou pas. Le rôle de l’instruction publique est de donner aux jeunes le temps d’acquérir le socle précité, ce qui implique des classes de niveau sans que cela ait quoi que ce soit de péjoratif mais tout simplement de réalisme. L’égalité ne se décrète pas, elle se construit par des mesures pédagogiques adaptées à chaque groupe d’élèves. Un mélange d’huile et d’eau n’est pas un mélange stable.

  2. L’éducation nationale devrait prendre exemple sur l’enseignement privé, c’est dans ce dernier que l’égalité existe.
    L’éducation nationale crève à force d’abandonner trop d’élèves en cours d’année.
    L’éducation nationale ne manque pas seulement de moyens, elle manque cruellement de volonté.
    En même temps, elle est aux mains du gauchisme depuis des décennies.

  3. En tant que prof je vais vous donner l’exemple des choix d’une collègue face à l’hétérogénéité de ses élèves. Pour les élèves avec des PAI et autres dys pour lesquels nous avons l’obligation de faire des devoirs différenciés afin qu’ils n’aient pas de mauvaises notes car ils ne sont pas au niveau de l’ensemble de la classe, elle faisait un devoir adapté. Cependant au lieu de faire un autre sujet classique pour les autres (ce qui demande plus de travail) et bien au final elle donnait le sujet pour faibles à tout le monde et évidemment ça t’irait tout le monde vers le bas. Certains profs vont tenter de suivre les consignes mais à force de s’épuiser en consignes contradictoires et procédures de plus en plus lourdes pour des salaires peu valorisants, ils vont aussi se simplifier la tâche et se mettre au niveau voulu par le gouvernement et surtout les parents qui veulent des aménagements pour des enfants qui souvent sont paresseux. Autrefois on les séparait quand ils n’avaient pas le niveau et on leur permettait d’aller dans des filières adaptées. Maintenant tout le monde doit avoir le bac et aller en fac… sauf que la fac C’est pas fait pour tout le monde….

  4. Egalitarisme !

    Sacrifier les bons élèves afin de ne pas traumatiser les cancres….
    Résultat: Notre pays devient la risée du monde.

  5. Oui un plan bien huilé..Sophie Coignard le dénonçait il y a quelques années dans Le pacte immoral..

  6. J’ai été victime de ce regroupement d’élèves de différents niveaux. En 4 ième j’avais choisi l’allemand comme langue étrangère . Sur quatre classes de 40 élèves nous étions 6 à avoir fait ce choix. Sur les 6 regroupés, deux alsaciens. Le prof passait l’essentiel de son temps à échanger avec ces deux élèves bien plus à l’aise que nous et surtout plus passionnants. Au bilan, nous sommes restés pratiquement nuls dans cet apprentissage. Mais par la suite, nous nous sommes accrochés.

    • En ce qui me concerne ce n’était pas la même époque mais nous n’étions que deux un de très bon niveau et moi débutant, c’est pareil le prof discutait avec l’autre et me portait peu d’intérêt, enfin j’ai quand fait 2 années en une puis j’ai étudié moi-même avec une méthode, je n’ai jamais bien parlé et sans doute avec beaucoup de fautes, mais en Allemagne je me suis toujours fait comprendre et j’ai à peu près compris ce que me disaient les allemands.

  7. L’égalité n’existe pas et c’est une autre optique que d’envisager la même éducation pour tous . Il est prouvé que des jeunes qui ne possèdent pas la langue sont non seulement incapables de suivre les cours mais retardent les autres car on sait que dans le cas où il y a une lacune l’enseignement se détermine au plus petit dénominateur commun. Plus tard les grandes écoles feront encore la différence face aux universités.
    Revenir aux fondamentaux lecture et orthographe s’impose en primaire et des classes de comprêhension linguistique s’imposent . Puisqu’on copie les américains pourquoi ne pas créer ici aussi des classes pour les arrIvants et les nouveaux français afin de mélanger ensuite plus efficacement les élèves d’un même niveau ?

  8. L’école comme la magistrature est gangrénée par le gauchisme égalitaire (vers le bas) et une idéologie contre la nature. Naturelle et utile est la compétition entre les individus, c’est le meilleur qui gagne qui entraîne les autres à s’améliorer ( une sorte de ruissellement). Mais cette gauche veut toujours contrer la nature, les révolutionnaires de 89 , trotskystes avant l’heure, voulait porter la révolte aux autres royaumes, puis, l’avortement, le mariage homo, PMA et GPA, parité H/F imposée, parité blanc/noir. C’est quand même la nature qui régit principalement la condition féminine et le comportement humain. Reste à souhaiter un homme fort ( ou même une femme forte (Tatcher) pour ELIMINER ces malfaisants.

  9. Le CNRS, dont on sait que tous les membres (qui ont réponse à tout) sont « directeurs de recherche » devrait, dans une autre législature, être dissout au même titre que les encombrants conseil constitutionnel et d’état. De Gaule avait bien raison de dire sur ce sujet :  » Des chercheurs qui cherchent, on en trouve, des chercheures qui trouvent , on en cherche. Cela se justifie tous les jours dans ce foutu pays

  10. Peut-on croire une seconde que l’on puisse éviter cette inégalité sociale ? De tous temps elle a existé et le
    « repeuplement «  ne fera que l’accentuer, même si comme toujours il y aura des exceptions.

  11. Il y a déjà bien longtemps qu’il existe une école de classe avec des établissements privés très chers pour les enfants des dirigeants et les établissements publiques destinés à la plèbe qui n’aura aucune chance de s’élever socialement. Tout a été ainsi fait pour que la sélection se fasse dès l’enfance; rappelons-nous du Meilleur des mondes de Huxley.

  12. Quelque soit le sujet, la gauche et ses utopies, a tout pourri. Et la lâcheté de la droite a rendu tout cela possible.

    • Vous avez bien résumé ce qui se passe depuis une trentaine d’année. Il faut dire que les français aiment bien les fausses promesses et se faire manipuler. Le manipulé ne prend pas de risques : d’une part, il reste bien dans le conforme et ne se fait pas remarqué et d’autre part, il pourra pleurnicher qu’il a été manipulé croyant se dédouaner de toute responsabilité. La France en est là, à vivre au dessus de ses moyens, en totale décomposition et un appauvrissement inéluctable et implacable.

  13. c’est ça , on met sa progéniture à l’abri et les autres doivent subir . Parce que bien souvent les élèves de faible niveau sont source de problèmes du comportement . Et puis certains ne maitrisent même pas la langue . La France baisse déjà dans les classements au niveau mondial alors si l’on applique cette mixité autant dire que ce sont tous ces élèves qui finiront illétrés .

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