Pascal Verrelle : « Le maire de Signes se donnait à fond pour sa ville »

Pascal Verrelle

Maire de Signes depuis 1983, Jean-Mathieu Michel, 76 ans, a été mortellement renversé alors qu'il tentait de s'opposer à un conducteur déposant des gravats dans une décharge sauvage de sa commune.

La mort de cet élu de terrain a provoqué un vif émoi dans sa région, et dans la France entière.

Réaction de l'un de ses collègues maire varois, Pascal Verrelle.

Jean-Matthieu Michel, le maire de Signes, est mort brutalement hier. Il s’était opposé à ce que des ouvriers déposent des gravats sur un terrain non autorisé. Dans la manœuvre, le maire a été fauché par la camionnette. Ce sera à la justice de dire si ce geste est accidentel ou non.
Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris cette nouvelle ?

J’ai côtoyé ce maire une fois ou deux. Je ne peux donc pas dire que je le connaissais. Néanmoins, je connais sa fonction. À ce titre, j’ai vraiment été touché par son décès et la manière dont il est mort.
Le dépôt sauvage d’ordures devient en effet problématique et monnaie courante dans nos régions. C’est dramatique ! Les incivilités sont de plus en plus prégnantes dans nos villes et villages.

La figure du maire est traditionnellement très respectée. C’est le premier élu avec lequel les citoyens ont directement affaire. La fonction de maire a-t-elle souffert d’un manque de reconnaissance et de respect ?

J’ai fait ma carrière dans l’administration pénitentiaire. À ce titre, j’ai assisté à beaucoup de procès dans les tribunaux. Par conséquent, j’ai vu la manière dont les gens parlent aux magistrats et aux juges. Aujourd’hui, ils se permettent de les envoyer promener, de les insulter, voire de les menacer. Je ne suis absolument pas étonné de voir comment les gens traitent les maires. On nous retire certaines de nos prérogatives. On nous demande de plus en plus de choses avec de moins en moins de moyens. On nous retire tout ce qu’on peut nous retirer. Il n’est pas étonnant que les maires n’aient plus la même importance que ce que j’ai connu quand j’étais un peu plus jeune.

En tant que maire, que vous manque-t-il pour mener à bien votre mission ?

Je vais parler au nom de ma ville. Depuis 2014, l’État nous a retiré 3 millions d’euros d’aides. On nous demande d’assurer la sécurité, mais on nous donne de moins en moins les moyens de le faire.
C’est malheureux.
Ce maire a été réélu de nombreuses fois. En écoutant les commentaires des gens et en étant allé une ou deux fois dans son village, j’ai cru comprendre que ce monsieur avait des atouts et se donnait pour sa ville.

Le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur ont eu des mots très touchants le concernant. Qu’auriez-vous envie de rétorquer à ceux qui nous gouvernent ?

C’est la moindre des choses d’avoir des mots touchants envers ce monsieur. C’est mérité ! Je ne vais pas m’extasier sur les propos du président de la République. Les propos les plus importants sont, à mon sens, ceux des personnes de sa ville. Ils sont à même de lui rendre l’hommage qu’il méritait.

Pascal Verrelle
Pascal Verrelle
Maire du Luc en Provence

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