Passe sanitaire ou servitude volontaire ?

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Vous que j'ai avertis, vous que j'aurais sauvés ;

Si ma sagesse eût triomphé de votre aveuglement ;

(Eschyle, Prométhée porteur du feu).

 

Le 12 mai dernier, lorsque l’Assemblée nationale a adopté le passe sanitaire, nombreuses ont été les levées de boucliers face à ce qui ne laissait présager rien de moins qu’une discrimination entre les citoyens selon qu’ils aient été vaccinés ou non. Telle Cassandre lors de la guerre de Troie, ces différentes voix n’ont pas été écoutées, elles ont même été massivement ignorées par la population.

 

Le 12 juillet, le président de la République a annoncé toute une série de mesures qui prendront effet progressivement pour contraindre les Français à la vaccination. À compter du mois d’août, le passe sanitaire sera obligatoire non seulement pour les clients mais aussi pour les salariés dans les cafés, bars, restaurants, trains, avions, cars pour les longues distances, centres commerciaux, maisons de retraite et établissements socio-médicaux. Concrètement, les non-vaccinés n’auront plus accès à la même vie sociale que leurs semblables vaccinés. La langue de Molière comporte un terme décrivant avec exactitude de tels procédés : le chantage.

 

Plus grave, encore : à partir du 15 septembre, des contrôles seront opérés et des sanctions seront prises pour les soignants non vaccinés. Des vaccins n’ayant pourtant pas encore passé la phase 3, dont on ne connaît nullement les effets secondaires, seront donc imposés sans aucune autre forme de procès au personnel soignant. Lointaine est l’époque où ces derniers étaient loués et ovationnés par l’ensemble des Français ; ils sont désormais comme tout un chacun soumis à ce qui n’est rien de moins qu’une dictature sanitaire.

 

Le plus regrettable n’est pas tant ces mesures liberticides que leur acceptation docile par la population qui a immédiatement, après ces annonces, pris rendez-vous pour aller se faire vacciner. Les Français acceptent ainsi de renoncer au premier bien commun, la liberté, pour espérer échapper aux confinements et couvre-feux dont il faut rappeler qu’ils sont, eux aussi, mis en place par ce même pouvoir exécutif qui, aujourd’hui, présente cyniquement cette extension du passe sanitaire comme un moindre mal pour retrouver une vie normale.

 

Étienne de La Boétie écrit, à l’âge de 16 ans, dans son Discours de la servitude volontaire, qu’« il y a en l'homme une préférence pour la servitude volontaire, parce que la servitude est confortable et qu'elle rend irresponsable ». C’est exactement de cela qu'il est question avec cette hystérie sanitaire d’autant plus injustifiée que les personnes à risques ont dans leur immense majorité été vaccinées. Plutôt que de prendre le risque de tomber malade, quoique les cas graves soient immensément rares, les Français acceptent qu’on leur impose de distinguer leurs semblables selon qu’ils se sont fait injecter une dose de vaccin ou non. C’est bien la crainte et la lâcheté qui caractérisent ce besoin maladif de conservation de soi, lequel préside à une telle servilité d’autant moins justifiable que la réalité de l’épidémie en France est bien moins dramatique que ce qui est pourtant sans cesse suggéré urbi et orbi.

 

La France ne peut désormais plus se targuer d’être le pays de la liberté, et encore moins d’être la nation des droits de l’homme lorsqu’à l’unisson, la population et le pouvoir politique donnent à la soumission force de loi. La Boétie conclut son discours ainsi : « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres », mais les Français le veulent-ils encore ?

Adnan Valibhay
Adnan Valibhay
Étudiant en droit

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