Passe sanitaire : utile ou pas, ils ne prendront jamais le risque de s’en priver !

Castex

On le sait maintenant depuis presque cinq ans : s’il est un engagement de campagne qu’Emmanuel Macron a tenu, c’est la ligne du « et en même temps ». Tout et son contraire, éternellement le cul entre deux chaises, p’têt ben qu’oui p’têt ben qu’non. La politique macronienne illustrée par l’épisode des motards : lundi, contrôle technique obligatoire ; mardi, circulez, y a plus rien à voir !

Apothéose dans la crise sanitaire : deux ans de valse-hésitation pour déboucher sur le passe sanitaire que le Président avait juré-promis-craché par terre de ne jamais nous imposer. Moyennant quoi, il est obligatoire depuis le 9 juin 2021. D’abord pour les grands rassemblements et les parcs d’attraction, puis pour les petits… À cette date, Emmanuel Macron l’assurait encore : « Il ne sera jamais demandé à l’entrée des commerces, des restaurants, des cinémas ou des théâtres. » Un mois plus tard, il était même obligatoire à la terrasse des cafés.

Il faut bien reconnaître que c’est un truc génial. Quel meilleur moyen de garder les citoyens sous cloche ? Aucun. La trouille, chaque matin, à dose homéopathique et voilà le pays qui avance le petit doigt sur la couture du pantalon. Il y en a même qui réclament le passe à vie, en tout temps et en tout lieu, et militent pour les procès staliniens. On passerait au fil de la lame les derniers récalcitrants que ça ne les gênerait pas plus que ça.

En ce début de semaine, on se plaint en haut lieu de voir les vaccinations stagner. Le seuil des 50 millions de primo-vaccinés a été franchi avec quinze jours de retard et les « vaccinodromes » ferment leurs portes, faute de clients. Ça plafonne ! La valse des vedettes est terminée sur les plateaux de télé, les médecins en mal de gloire ont réintégré leurs cabinets et l’on arrête enfin de nous bassiner avec le décompte des entrées et sorties d’hôpital.

Bref, il va falloir passer à autre chose, et l’autre chose, c’est l’élection présidentielle. À haut risque de critiques : pour la gestion de la crise, pour les réformes non faites, pour… les sujets ne manquent pas. Alors, il reste une solution : maintenir le couvercle fermé. Entretenir la peur de la cinquième vague, puis de la sixième, et fignoler ce bel outil de contrôle des masses qu’est le passe sanitaire.

Alors, bien que notre vénéré Président ait laissé entendre qu’on pourrait en sortir et que son ministre de la Santé ait confirmé que « les restrictions pourraient être allégées progressivement », à l’inverse, on s’active du côté du Premier ministre à pondre une loi pour le maintenir au-delà du 15 novembre. De mois en mois, ça tiendra bien jusqu’aux élections. Un projet de loi est donc à l’étude qui sera présenté le 13 octobre en Conseil des ministres et débattu au Parlement dans les semaines qui suivent.

Des voix pour protester ? Loïc Hervé, sénateur de la Haute-Savoie, est monté au créneau. « Le passe sanitaire doit s'arrêter au plus vite. Hors de question de l'émietter sur les territoires ; de demander au Parlement de prolonger son application au delà du 15 novembre », a-t-il tweeté. « La parenthèse de nos libertés publiques a assez duré. Je continuerai à porter cette voix au Sénat. » Il doit se sentir bien seul…

Le passe sanitaire ne sert à rien, sinon à plomber les commerces qui n’en demandent pas tant. C’est juste un magnifique outil d’ingénierie sociale dont, c’est sûr, nos gouvernants ne voudront plus se passer. Qu’importe les Français qui défilent (et, quoi qu’on en dise, bien plus nombreux à Toulon, samedi dernier, que les précédents), qu’importe les privations de liberté : c’est un joujou dont ils rêvaient et que la pandémie leur a offert sur un plateau.

Alors, croyez-vous vraiment qu’ils accepteraient de s’en priver ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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