Pour Patrick Buisson, Mélenchon est plus chrétien que Fillon !
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À un peu plus d’une semaine du premier tour de l’élection présidentielle, c’est le gag de ce vendredi : pour l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, auteur du magnifique essai La cause du peuple, François Fillon serait donc moins chrétien que Jean-Luc Mélenchon.
Gag, vraiment ? Pas forcément, même si cela risque de faire twister dans les sacristies vézigondines, les bénitiers rambolitains et les salons de thé versaillais. Comme souvent écrit en ces colonnes, tout trotskiste lambertiste qu’il fut, la Méluche a toujours eu l’âme patriote, d’où sa vieille amitié avec le Patrick Buisson en question et cet Éric Zemmour pas tout à fait inconnu de nos lecteurs.
Encore assez loin du trône et de l’autel, du sabre et du goupillon – il y a encore de la marge chez ce trublion, dont les vestes baroques valent bien celles d’un Fillon –, "Mélenchon hésite, même s’il a beaucoup évolué par rapport à 2012, où la fin de sa campagne s’était boboïsée. Il incarnait alors un vote d’humeur à la mode", Patrick Buisson dixit dans un entretien accordé au Point de ce jeudi dernier. Bref, il "retrouve des repères et une vision du monde antérieurs à ce moment où le PS a mis l’accent sur les problèmes sociétaux et abandonné les questions sociales", ajoute l’ancienne éminence grise de l’Élysée.
Là est tout le problème de cette gauche ayant trahi le peuple, tandis que la droite en faisait de même avec la nation, la première se ralliant au néo-libéralisme mondialisé tandis que la seconde faisait sienne la réification de l’humain, le tout communiant en un macronisme libéral-libertaire béat, tels qu’en témoignent les ralliements éminemment symboliques d’un Daniel Cohn-Bendit et d’un Alain Madelin. Du coup, poursuit Patrick Buisson, "Mélenchon est avec Marine Le Pen le seul à véritablement parler de religion dans cette campagne". Vraiment ?
Oui, à l’en croire : "Même s’il déclare “Foutez-nous la paix avec les églises !”, il adopte un discours qui emprunte des symboles à la spiritualité. À Marseille, il avait un rameau pour évoquer la Méditerranée. Un franc-maçon qui arbore des rameaux, le jour des Rameaux ! Il prend la posture des hussards noirs de la République qui combattaient l’Église facialement, mais partageaient la même morale civique que les curés." On ne saurait mieux dire.
Et François Fillon, dans tout cela ? On notera tout d’abord que, du temps de l’UMP, quand Patrick Buisson fit gagner, en 2007, un Nicolas Sarkozy, à son corps probablement défendant, sur une ligne identitaire, manquant de remettre le couvert cinq ans plus tard, l’un des opposants les plus acharnés à ce semblant de ligne « nationale-catholique » n’était autre que ce même François Fillon…
D’où le verdict sans appel de l’ancien faiseur de roi : "Mélenchon incarne un vote de classe, archaïque, qui plonge ses racines dans une spiritualité qu’il prétend combattre ? Si le christianisme est le refus de la domination absolue de la marchandise, c’est-à-dire ce que la Bible condamne comme le culte des idoles, Mélenchon est plus chrétien que Fillon lorsque celui-ci se rend à Las Vegas ou entend faire de la France une “smart nation”."
De ce constat, froid et lucide, il n’y a pas une virgule à retrancher. Après, on pourra toujours railler l’Alliance bolivarienne de Jean-Luc Mélenchon et son admiration pour la figure du défunt président vénézuélien Hugo Chávez. Il n’empêche que la première, organisation informelle, entend réunir les dernières nations persistant à lutter contre ce mondialisme marchand, mortifère union entre Veau d’or et tour de Babel, tandis que le second appelait de ses vœux une sorte de « socialisme chrétien », en grand lecteur de Charles Péguy qu’il était.
L’occasion de méditer cette belle phrase de Charles Maurras : "Un socialisme libéré de l’élément démocratique et cosmopolite peut aller au nationalisme comme un gant bien fait à une belle main."
Mais qui lit encore le vieux maître de Martigues ? Sûrement pas François Fillon, et encore moins l’un de ses porte-parole, NKM, dont le nom, en forme de logo, a tout d’une multinationale à capital anonyme.
Certains électeurs catholiques seraient bien inspirés d’y réfléchir à deux fois, eux qui confondent trop souvent tronc à l’église et corbeille à la Bourse.
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