[PATRIMOINE] À Utelle, une chapelle sauvée par la passion d’un particulier
Menacée d’effondrement, une chapelle oubliée des Alpes-Maritimes renaît grâce à une restauration hors normes.
Loin des grandes pages d'Histoire, certaines petites chapelles, oubliées du monde, risquent de s’effondrer dans l’indifférence générale. Mais il existe encore des passionnés qui, par amour du patrimoine, font revivre ces témoins du passé. Maurice Philip, 68 ans, habitant des Alpes-Maritimes, est l’un d'entre eux. Dans le village d'Utelle (situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Nice) où il possède une maison et où reposent ses parents, il a décidé de relever un défi monumental : redonner vie à une petite chapelle du XVe siècle qui menaçait de disparaître.
Un projet de cœur, loin des ambitions matérielles. « Plutôt que de m’acheter une Ferrari, je préfère encore restaurer cette chapelle. C’est une fierté pour moi », confie-t-il à BV. En 2021, lorsque Maurice achète l’édifice, construit en 1490 et qui menace de s’effondrer sur son terrain, ce dernier n’est presque plus qu’un souvenir. Les peintures murales restantes, grattées par quelque vandale juste après l’acquisition, laissent derrière elles des murs nus et une structure qui, sans restauration, aurait rapidement succombé aux ravages du temps.
Début des travaux
Un projet d’envergure pour redonner son âme à l’édifice
Un chantier de grande envergure s’impose alors : consolidation des murs, réfection de la toiture, restauration des abords. L’objectif est simple mais ambitieux : ne pas simplement restaurer mais bien redonner à la chapelle son éclat d’antan, en restant fidèle à l’histoire et à l’âme du lieu. Pour ce travail titanesque, Maurice Philip a fait appel à des artisans d’exception. Parmi eux, un Meilleur ouvrier de France pour la pierre, un maçon local pour la toiture et l’enduit à la chaux et un peintre reconnu pour ses restaurations d’églises à Nice, dont le travail sur la voûte et les murs de la chapelle s’inspire de grands maîtres comme Caravage. Les quinze décors en cours de réalisation, dont la taille impressionne (1,80 m sur 1,30 m), prennent progressivement place pour raconter la vie d’apostolat de saint Sébastien.
Décors peints retraçant la vie de Saint Sébastien
Le coût total de l’opération s’élève à environ 200.000 euros. Si la majeure partie est financée par le propriétaire lui-même, le conseil général et la région PACA ont chacun apporté une subvention de 20.000 euros. La Fondation du patrimoine, quant à elle, s’est engagée à verser 4.000 euros, une fois les travaux terminés.
« Un jour, elle serait tombée, et quand c’est par terre, c’est trop tard », confie l’Utellois, comme pour justifier cette folle entreprise. Et pour cause : la Fondation du patrimoine souligne que Maurice Philip est, à ce jour, le seul propriétaire privé, dans la région PACA, à s’être engagé dans une telle aventure.
Une chapelle vivante, accessible à tous
Si l’édifice reste un bien privé, il ne sera pas pour autant inaccessible. Une adjointe à la mairie détient les clés et pourra ouvrir l’édifice à la demande des habitants. Le monument sera également accessible lors des Journées du patrimoine et à l’occasion des fêtes villageoises, dans un esprit de partage et de transmission. Le but est de faire de cette chapelle un lieu vivant, un symbole de patrimoine redonné à la communauté, explique le propriétaire, qui souhaite d’ailleurs obtenir un classement pour garantir qu’elle ne pourra jamais être dénaturée ou réaffectée à un autre usage.
Preuve en est qu’il existe encore des hommes et des femmes prêts à investir leur temps, leur énergie et leurs ressources pour préserver ce qui fait notre histoire. Les Français peuvent leur dire merci !
Alienor de Pompignan
Journaliste
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
Le « Belgiquistan » existe aussi en France
Lire la vidéo
24 commentaires
Que l’on soit croyant ou non peu importe voilà un homme de conviction et de grand courage à qui on peut témoigner notre respect et notre admiration c’est bien peu de chose ..
les subventions promises sont surprenantes voir insultantes au regard des dépenses engagées : celle de la fondation du patrimoine de 4000 € MAIS : travaux une fois terminés, détail révélateur ! ce projet de sauver cette petite chapelle perdue à surement été jugé trop peu prestigieux
L’esprit de la Madone d’Utelle est bien avec Monsieur Philip…. Vers l’an 850, la Vierge serait apparue à des marins espagnols pris dans une violente tempête et les aurait sauvé d’un naufrage certain. Ils édifient alors par reconnaissance un oratoire sur le lieu indiqué par Marie …. La suite de l’histoire du sanctuaire jusqu’à nos jours mérite d’être connue.
Les églises, il y a ceux qui les détruisent et il y a ceux qui les sauvent. Tout un symbole en cette période sombre que nous traversons. Un grand merci à Maurice pour son geste, puisse-t-il inspirer d’autres initiatives. Quant à l’état, pourtant responsable de notre patrimoine, il se montre bien discret sur ces questions, préférant dépenser nos deniers ailleurs.
Excellente initiative de Monsieur Maurice Philip, qui lui assure une place au paradis !
Ainsi qu’à celles et ceux qui y ont donné leur temps et une part de leur vie !
Bravo à eux !
Quand à la « générosité * » de la région PACA, et de celle de la Fondation du Patrimoine, elles font pitié : « une fois le travail terminé… », ainsi que par leur « pauvreté » !
* expression volontairement péjorative !
Cette personne exceptionnelle aura pas la Légion d’Honneur.