[PATRIMOINE] Notre-Dame-la-Grande de Poitiers va faire peau neuve
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Une nouvelle page s’ouvre pour l’église Notre-Dame-la-Grande de Poitiers, joyau de l’art roman et édifice emblématique de la cité poitevine depuis près de mille ans. En effet, afin que ce monument religieux continue de veiller sur les âmes des habitants de Poitiers pour un millénaire encore, un vaste chantier de restauration, lancé par la Fondation du patrimoine et la ville de Poitiers, va débuter, ce 23 septembre. Ces travaux priveront ainsi les Poitevins de leur église favorite pendant deux ans, avant qu’elle ne réapparaisse en 2026 dans toute sa splendeur d’antan.
Origine et histoire
Le site de Notre-Dame-la-Grande n’a rien de fortuit. Dès l’Antiquité, alors que Poitiers s’appelait encore Limonum, puis durant le Haut Moyen Âge, ce quartier était déjà un centre animé de la ville. Les fondations actuelles de l’église reposeraient ainsi sur un premier édifice, Sancta Maria Major, datant de cette époque. Rebâtie en 1086 et prenant le nom de Notre-Dame-la-Grande, elle fut consacrée par le pape français Urbain II. Ainsi construite à l'apogée de l'architecture romane, cette église poitevine en est l’un des plus beaux exemples. Malgré de nombreuses modifications au fil des siècles, elle a su préserver son aspect originel. Sa façade, ornée d’un magnifique tympan sculpté, raconte des scènes bibliques aux passants, telles que la Tentation d’Adam et Ève, la Visitation ou encore les Douze Apôtres. À l’intérieur, l’église adopte une structure unique, sans croix latine, avec des collatéraux voûtés de la même hauteur que la nef centrale éclairée naturellement par quelques fenêtres percées. Au fond se situe le chœur entouré de six colonnes corinthiennes et d’un déambulatoire desservant des chapelles rayonnantes, avec une crypte en contrebas.
Notre-Dame des Clefs
Dans le chœur se trouve une statue de la Vierge à l’Enfant, précieuse aux yeux des catholiques. Selon la légende, elle aurait protégé Poitiers au XIIIe siècle. La Vierge serait intervenue pour empêcher la ville de tomber aux mains des Anglais, à la suite de la trahison d’un habitant qui s'apprêtait à remettre les clés de la cité à l'Anglais. Par miracle, la clé disparut et ne fut retrouvée qu’entre les mains de la statue de la Mère du Christ. Depuis, de grandes processions eurent lieu en ville jusqu’au XIXe siècle, en remerciement pour cette protection céleste accordée aux Poitevins. Aujourd'hui encore, la vénération de Notre-Dame des Clefs reste vivace. En raison de travaux imminents, la statue a été déplacée à la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers le 9 septembre, après une longue procession filmée par La Nouvelle République, rassemblant une centaine de personnes, dont Mgr Pascal Wintzer, ancien archevêque de Poitiers, désormais envoyé à l’archevêché de Sens pour la rentrée 2024.
Déclin et résurrection
Aux XVe et XVIe siècles, Notre-Dame-la-Grande subit quelques transformations avec l’ajout d’éléments gothiques, avant de connaître les ravages des guerres de Religion. Ainsi, en 1562, les huguenots pillent et saccagent l’église. Au XVIIe siècle, la présence de marchands sauniers au pied de l’édifice entraîne une dégradation du monument causée par l’érosion saline des pierres calcaires et encore visible aujourd'hui. Durant la Révolution, comme beaucoup d’autres monuments religieux, Notre-Dame-la-Grande est abandonnée, profanée et laissée à l’abandon. À l’aube du XIXe siècle, l’église, symbole de l’art roman à Poitiers, est en grand péril. Heureusement, classée monument historique en 1840, elle bénéficie de restaurations qui lui redonnent peu à peu sa splendeur d’antan. Ainsi, les ajouts gothiques, jugés superflus, sont supprimés et les peintures intérieures sont refaites, bien que controversées, pour rappeler à tous la polychromie originelle et présente dans certains édifices romans.
De nouveaux travaux
Malgré ces travaux anciens auxquels s’ajoutent d’autres restaurations, notamment en 1992 et 2004, Notre-Dame-la-Grande est à nouveau menacée, aujourd’hui. D’après Frédéric Didier, architecte en chef des Monuments historiques, l’édifice souffre de la présence de sels et d’humidité, de désordres structurels, et risque de perdre à jamais ses décors peints, en particulier ceux du chœur, les plus anciens. Pour sauver ce trésor architectural, un nouveau programme de restauration, d’une durée estimée à deux ans, a été mis en place et financé par la ville de Poitiers, la Fondation du patrimoine et de généreux donateurs. Le coût total de ce projet commençant à la fin de ce mois de septembre s’élève à environ 6,5 millions d’euros. Ainsi, les derniers visiteurs ont pu encore admirer l’église ce week-end, lors des Journées européennes du patrimoine, avant que Notre-Dame-la-Grande n'entre en sommeil pour sa longue restauration afin de lui permettre d’émerveiller encore pour un millénaire des générations d’amoureux du patrimoine.
8 commentaires
Je m’attends au pire ! Merci de prévenir les pompiers.
Et la mairie écologiste de Poitiers dans tout ça ? Est-ce que la cathédrale doit encore faire partie des rêves d’enfants ?
La restauration de la Cathédrale Notre Dame de Poitiers est une très bonne nouvelle pour notre patrimoine Religieux et Ecclésiastique ! Et j’approuve sans réserve cette restauration ! Hervé de Néoules !
Avant ou après qu’elle ne brule ?
Gare aux incendies inexpliqués chaque fois que des travaux d’importance sont faits dans des édifices religieux…
Surtout, bien condamner les accès possibles à la charpente pendant les travaux, on a bien dit rénovation, pas conflagration !! Un agent de surveillance 24h/24 serait un must …
» les peintures intérieures sont refaites, bien que controversées, pour rappeler à tous la polychromie originelle » …Peut-être que la pierre nue suffirait . Voir St Savin sur Gartempe où pour discrète qu’il soit l’essai de reproduction polychromique est d’un d’un résultat discutable .
Bien sélectionner les ouvriers qui travailleront sur le chantier, sinon attention à l’incendie, comme à Notre Dame de Paris.