Patrimoine religieux : les églises souffrent, l’Église se reconstruit
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Le lundi 18 novembre, après quinze mois d'enquête, les États généraux du patrimoine religieux (EGPR) ont livré leur verdict. L’opération, lancée par la Conférence des évêques de France, visait à dresser un état des lieux du patrimoine religieux catholique de l’ensemble du territoire, dans le but « d’aider les propriétaires, les affectataires et les communautés [...] à le valoriser », comme indiqué dans le communiqué publié par les EGPR. Le bilan n’est pas des plus satisfaisants.
D’une part parce que tous les diocèses n’ont pas joué le jeu (87 sur 94) mais surtout parce que les résultats de cette grande consultation font état d’un certain déclin. Sur les 42 213 édifices cultuels recensés, 737 sont soit désaffectés, soit désacralisés. Parmi eux, 326 sont propriétés de l'État, contre 140 comptés en 2015, lors des états généraux précédents, et 411 appartiennent aux diocèses alors qu’il n’y en avait que 137, il y a neuf ans. L’augmentation est considérable (+266 %).
Des conversions et…
Une fois ces bâtiments désaffectés (lorsqu’ils appartiennent à l’État) ou désacralisés (lorsqu’ils appartiennent à l’Église), ils perdent leur vocation première pour devenir des habitations, des musées, des hôtels, des locaux commerciaux… À ces transformations ou pertes pour les catholiques, s’ajoute un nombre important d’édifices fermés à l’année et donc ne faisant plus leur office. Ils ont été estimés à 1 679 sur 69 diocèses ce qui laisse entendre qu’il pourrait y en avoir beaucoup plus sur tout le territoire.
Les États généraux du patrimoine religieux ont également enregistré 72 démolitions d’églises, de chapelles, de calvaire ou autres bâtis à usage cultuel depuis 2000 alors que seulement 16 églises sont actuellement en cours de construction. Le ratio est largement à la défaveur de l’Église catholique. Quelles sont les causes de ces destructions ? Les diocèses ont évoqué des problèmes sanitaires, le dépeuplement des territoires, des questions de sécurité, des travaux en cours, des arrêtés de mise en péril...
Cette situation immobilière est le reflet quasi exact de ce qu’est aujourd’hui l’Église catholique en France. À savoir, une religion historique et patrimoniale, très majoritaire mais quelque peu vieillissante, surtout dans les campagnes. Elle est aussi la conséquence inéluctable des changements sociétaux de ces dernières décennies. Les jeunes familles ne sont plus implantées dans les villages comme elles ont pu l’être par le passé. Les églises, comme les écoles, font les frais de cette citadinisation. Elles se vident, se regroupent pour survivre et finissent bien souvent par fermer.
… des conversions
Cela ne signifie pas pour autant que les enfants ne vont plus à l’école ou que l'Église perd des fidèles. N’en déplaise à certains, depuis 2020, le nombre de baptêmes est en constante augmentation. En 2024, l’Église catholique a même enregistré un record du nombre de catéchumènes baptisés durant la veillée pascale. À l’occasion de la célébration de la résurrection du Christ, 7 135 adultes et plus de 5 000 adolescents ont reçu ce premier sacrement. Même chose ou presque pour les confirmations, les mariages et les ordinations qui connaissent également une progression à la hausse depuis 4 ans. Une partie du bâti cultuel se porte mal ou disparaît, pas l'Église.