Paul-Marie Coûteaux : « Le nazisme est une sorte de délire de modernité dans sa volonté obstinée de créer un nouvel homme »
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Samedi, durant la Convention de la droite, Paul-Marie Coûteaux a déclaré que « le nazisme est la modernité totale ». Cette phrase, « sortie de son contexte mais surtout sortie du texte », comme le dit lui-même son auteur, a immédiatement déclenché une polémique.
Paul-Marie Coûteaux s'explique au micro de Boulevard Voltaire et développe sa pensée.
Avez-vous vraiment déclaré que le nazi était la modernité totale ?
Cette déclaration a été sortie de son contexte. Elle a été reprise par un tweet de la convention. La phrase était longue. Il faut donc rétablir la phrase elle-même. Je peux comprendre que cela ait choqué. Je me suis tellement expliqué que même Libération a rétabli hier soir la vérité et admis que les interprétations malveillantes étaient controuvées.
En effet, il y avait une petite polémique comme vous le dites à juste titre.
Cette polémique est intéressante. Je veux bien croire que les simples d’esprit ne le voient pas comme cela pris qu’ils sont dans des catégories toutes faites.
Je ne suis pas le premier à déceler une sorte de modernité dans le communisme qui était un progressisme exacerbé.
J’avais dit dans la phrase que le communisme et son enfant sanglant, le nazisme étaient les premiers monstrueux du progressisme et de la modernité.
Je ne suis pas le premier à faire le lien entre communisme et nazisme, Simone Weil l’avait fait et bien d’autres. Il y a quelques parentés intéressantes entre ces deux mouvements que je mettrais au moins autant à gauche qu’à droite. Le nazisme est une sorte de délire de modernité dans sa volonté obstinée de créer un nouvel homme qui fasse table rase de la civilisation classique à commencer par son premier pilier qu’est la chrétienté. On devrait savoir que le premier adversaire le plus farouche des nazis a été l’Église catholique. Elle a payé un lourd tribut. J’ajoute qu’on pourrait même interpréter le délire de la Shoah comme la volonté d’éradiquer le peuple le plus archaïque et le plus traditionaliste du monde, le peuple juif.
Il y a donc une volonté de créer un nouvel homme. C’est exactement ce que j’appelle le délire du progressisme.
Peut-on se dire que cette société n’accepte pas la critique de la modernité ?
C’était le sens de mon discours. Il portait sur la querelle des anciens et des modernes. Cette période a commencé en 1680 jusqu’à 1750. Elle était très révolutionnaire pour les esprits et la politique. Le lancement a été le discours de Charles Perrault à l’Académie française en janvier 1687. Perrault lança le mot progrès. C’était une immense machine de guerre toute neuve. Tout au long du moyen âge, on ne pensait pas en termes de progrès, mais en terme cyclique à la paysanne. Il y avait des cycles dans les civilisations, des décadences et des renaissances, etc.
Perrault et les modernes qui l’ont suivi ont considéré que l’Histoire serait désormais une grande promesse linéaire sans cesse tenue. Tout ce qui était nouveau serait nécessairement bien. Ce bien perpétuel, définitif, universel et impératif a remplacé le Dieu.
L’humanité, la France, toute l’Europe et finalement la terre entière s’est mise à penser selon le logiciel progressiste. Il est très difficile de revenir en arrière, mais cela commence.
Qu’avez-vous pensé de cette convention ? A-t-elle été utile ?
Elle a été très utile. C’est une grande réussite, même s’il y a des points à perfectionner. La salle n’était pas très chaleureuse. J’en aurais choisi une autre, mais cela on le sait ex post. Nous sommes très stupéfaits de l’influence et surtout du nombre de gens qu’il a fallu refuser. Il est rare de voir six heures durant tant de discours, tant d’idées neuves sur la table avec pour certains des réflexions de haut niveau. C’est peut-être le moment de recréer un éco système culturel un peu neuf.
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