Quel paysage politique dans la France de demain ?

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La messe est dite. Emmanuel Macron l’a finalement emporté par 66,10 % suffrages exprimés (soit 20.753.704 voix pour un peu plus de 42 % du corps électoral), contre 33,90 % pour Marine Le Pen (soit 10.643.937 voix). L’abstention, la plus élevée depuis le second tour de l’élection présidentielle de 1969, était en hausse par rapport au premier tour, s’établissant à 25,44 %. Fort de cette dynamique électorale, Emmanuel Macron a une vraie chance, à mon avis, de gagner une majorité aux élections législatives de juin prochain. En outre, il accentuera sa manœuvre vers la droite, après avoir cannibalisé le centre. On devrait donc retrouver quelques figures connues des Républicains dans la majorité présidentielle : Christian Estrosi, Bruno Le Maire, Édouard Philippe ou bien encore Nathalie Kosciusko-Morizet.

Que nous dit la carte électorale ? Dans les régions traditionnellement marquées à gauche de la façade atlantique, le marcheur a consolidé son avance. En Bretagne, il a pu compter sur un véritable plébiscite. Idem, dans une partie du Massif central, en Vendée, en Mayenne ou dans les Pyrénées-Atlantiques. Autre point fort : les villes. Emmanuel Macron dépasse les 80 % dans six des villes les plus peuplées de l’hexagone (Paris, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Strasbourg). Pire, il arrive en tête dans 168 des 174 communes comptant plus de 25.000 inscrits sur les listes électorales, comme du reste dans la majorité des villes de la petite couronne parisienne où il a toujours passé la barre des 60 % (à une exception près seulement, en Seine-Saint-Denis)...

De son côté, Marine Le Pen enregistre des scores très honorables dans ses bastions naturels, confirmant son ancrage dans tout le quart nord-est du pays et sur le pourtour méditerranéen. Elle arrive même en tête dans deux départements du nord de la France, qui sont le Pas-de-Calais et l’Aisne. Peut-on conclure de ces chiffres que deux France, irréductibles, se feraient désormais face ? Oui et non. Si, en effet, nous pouvons remarquer que l’électorat ouvrier a plutôt choisi Marine Le Pen, et que, les zones dites périurbaines en ont fait de même, les écarts ne sont toutefois pas aussi importants qu’ils pourraient l’être. Par ailleurs, certaines zones rurales, exclues de la mondialisation, ont massivement reporté leurs suffrages sur Emmanuel Macron.

Les analyses sur la « France des oubliés » doivent donc être affinées, corrigées et mieux appréhendées. Que dire d'ailleurs de cette dialectique opposant le « vrai peuple » à d’hypothétiques élites ? Stérile et inopérante. Car, Emmanuel Macron a pratiqué un genre de populisme présentable, appuyé sur de solides bases idéologiques encore bien présentes dans le pays : humanisme, européisme et social-démocratie. Bref, il a su incarner le conservatisme tout en jouant de l'humeur dégagiste du moment, offrant aux électeurs un cocktail qui ressemblait furieusement à ce que dit le jeune Tancredi dans Le Guépard : « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change ».

Quant à Marine Le Pen, elle a récupéré quelques voix à droite, forte d’une radicalisation de l’opinion sur un ensemble de sujets majeurs. Songez que pas moins de 60 % des Français pensent qu’il y a trop d’immigrés et que 70 % d’entre eux sont favorables à l’internement préventif des islamistes fichés S. Ce n’est pas rien ! Les mouvements dits patriotiques doivent donc progresser dans des bastions où ils n’ont pas même un matelas minimal d’électeurs quand leurs idées sont pourtant majoritaires.

Pour y parvenir, ils doivent conjuguer leur discours au présent et au futur, sans rien renier des sujets sur lesquels les autres formations politiques sont déficientes. Une équation complexe mais pas insoluble. Là où il y a de la volonté, il y a un chemin. Il me semble donc impératif, pour la suite, de ne pas opposer les France entre elles, et de ne pas s’adresser à des catégories territoriales et socio-culturelles segmentées. Créer du commun est possible ! Pour cela, misons sur quatre thématiques transversales : le bien-vivre chez soi (santé, urbanisme, transports), l’ordre public, l’innovation technologique et la reconnaissance du mérite individuel. C’est à ce prix que nous serons l’opposition numéro un au nouveau Président élu.

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