Pécresse veut gonfler les bas salaires de 10 % : une idée de campagne sans lendemain ?

pécresse

Valérie Pécresse avait promis une hausse de 10 % des bas salaires si elle était élue. Elle maintient sa promesse mais elle en revoit l’application. « C’est ma mesure phare, a confirmé Valérie Pécresse, hier, on commencera dès juillet avec une hausse de 3 % et, en 2023, ce sera 5 % de hausse ! » Champagne ! Ca va être la fête, chez les salariés modestes, si Pécresse est élue. La candidate LR l’avait annoncé au moment de la primaire de la droite, elle l’a donc répété : pour tous ceux qui perçoivent moins de deux fois le SMIC, dès son élection, la fiche de paye va prendre l’ascenseur, ce sera Noël en juillet ! De quoi susciter des manifestations d’ouvriers réclamant Valérie Pécresse à l’Élysée. Valérie Pécresse est une candidate tactique. Tout est stratégie, chez elle, et c'est un peu le problème. Sur le papier, c'est malin. Elle est forte chez les cadres, Marine Le Pen chez les ouvriers. En tapant dans l'électorat de sa rivale, elle prend un ticket sur le second tour. Il suffit que les ouvriers la prennent au sérieux, qu'ils y croient. Pécresse a tout prévu. Sauf que, voilà, comme le racontent Les Échos du 27 janvier, la candidate de la droite avait un peu oublié que ces ouvriers avaient aussi… des patrons !

Et ces patrons ont sonné le tocsin. En langage administratif, on dit que le dialogue n’a jamais été rompu. En réalité, nos patrons ont évidemment hurlé à la mort. Car le Noël en juillet des ouvriers a un coût. La mesure de Valérie Pécresse ponctionnerait 8 milliards d’euros par an aux entreprises : dans un pays parmi les plus taxés au monde, ça fait mal. Nos patrons apprécient peu que la candidate de la droite, leur candidate, vienne puiser dans leurs propres poches les outils de sa campagne électorale. Il y en a un autre qui n’apprécie pas tellement la bonne idée de Valérie Pécresse, c’est Bercy. Aux 8 milliards d’euros des patrons, Bercy devra ajouter 25 milliards pour financer le cadeau ; c’est tout de même huit fois le budget des prisons, par exemple. Le ministère des Finances de Bruno Le Maire estime même que l’ardoise pourrait grimper jusqu’à 60 milliards d’euros. Attention danger, crie la Macronie, qui s’y connaît pourtant en dépenses ! Résultat : la candidate LR change son fusil d’épaule et revoit sa copie.

Mais quand on révise ce genre de mesure, en France, on complique. Pour augmenter de 3 % les salaires nets de ceux qui gagnent jusqu’à 3.000 euros environ, Valérie Pécresse propose désormais une baisse des cotisations salariales. Mais il faut la financer, cette baisse. Pour cela, l’État mettrait 7 milliards d’euros sur la table, au moins. Et pour atteindre l’augmentation de 10 % sur cinq ans, Valérie Pécresse compte sur qui ? Sur nos patrons. En avant, et s’ils renâclent, elle a eu l’idée d’un nouveau gendarme : « l’Observatoire paritaire des salaires » (ce sera son nom) fera des contrôles dans les entreprises pour vérifier que les patrons ont bien augmenté leurs salariés. Surprenant.

Car augmenter les salaires part d’une bonne intention. Mais derrière cette mesure, on lit une curieuse vision de l’entreprise, toujours la même d’ailleurs : les entreprises gagnent beaucoup d’argent et ne redistribuent rien si on ne leur tord pas le bras. Or, premièrement, les salariés comme les entreprises supportent en France des taxes record dans le monde civilisé, ce qui handicape leur développement et leur compétitivité. C’est d’abord cela qu’il faut réformer. Deuxièmement, ces entreprises ont des concurrentes à l’étranger qui profitent de cette situation. Troisièmement, certaines entreprises sont riches, d’autres non, on va les fragiliser encore davantage. Tout cela ressemble à une belle mesure de campagne… sans lendemain.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

36 commentaires

  1. Oui il faudra de la justice sociale mais alors les prix de revient et celui des produits vont augmenter et il faudra donc protéger notre production aux frontières par des taxes, par exemple une taxe carbone sur les produits allemands et chinois. Du coup on sortira plus ou moins de l’OMC. Comme Trump ? Chiche Valérie

  2. Oui il faudra de la justice sociale mais alors les prix de revient et celui des produits vont augmenter et il faudra donc protéger notre production aux frontières par des taxes, par exemple une taxe carbone sur les produits allemands et chinois. Du coup on sortira plus ou moins de l’OMC. Comme Trump ? Chiche Valérie

  3. Le problème avec les énarques est que la gouvernance occulte la vision, et la culture administrative efface le pragmatisme. Ils naviguent à vue au gré des courants électoralistes et ne voit plus la France et ses souffrances.

  4. et le Zemmour veur donner 10 000 euros pour chaque naissance dans la ruralité, on devine que, comme il ne précise pas, cela concernera tous les français immigrés, musulmans et déjà pourvus en bonne descendance car, il semble l’ignorer, les immigrés légaux et illégaux sont légion en « ruralité » et, parmi eux, les musulmans et les double nationalité

  5. Cette Pécresse est une centriste bon teint voir socialiste donc très compatible avec l’actuel pouvoir , à écarter d’office .

  6. Oui il faut de la justice sociale mais alors les prix de revient et celui des produits vont augmenter et il faudra protéger notre production aux frontières par des taxes, par exemple une taxe carbone sur les produits allemands et chinois.

  7. Cette augmentation des salaires finira de tuer les petites entreprises qui sont au bord de la rupture elle ne peuvent pas lutter avec la concurrence Chinoise qui nous envahi de ces produits .
    Je sais bien que les salaires sont bas mais ne vaut il pas mieux de garder de l’emploi que d’avoir de nouveau chômeur .

  8. Pourquoi ne dites-vous pas franchement la vérité ? Le programme de Pecresse est un projet socialisant : contrôle des salaires, hausse imposés par l’état, taxes et impôts incroyables avec redistribution massive du PIB, non-affirmation de la liberté d’entreprendre, en sont des exemples. Et accepter la subvention de l’UE en tendant la main droite (40 Mds, et de l’autre rendre 60 Mds et 17 Mds d’intérêts, c’est un suicide façon socialisme mitterrandien que personne n’a contesté à droite…!

  9. En admettant que cela se fasse, ce qu’elle ne dit pas et qu’il faut relayer (informer), c’est que d’augmenter de 10 % les salaires, suivant leurs niveaux, cela peut faire changer de tranches d’imposition, et là il ne va pas en rester grand chose de ces 10 %…..mais alimenter en retour Bercy…..Enfumage, tromperie, L.R. est copie conforme à la Macronie.
    Mieux vaut ne pas imposer les heures supp.

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