Peltier, Ménard, Villiers : l’enjeu des ralliements

pécresse

À trois mois pile du premier tour des élections présidentielles – il aura lieu le 10 avril -, le temps des ralliements semble venu, à droite.

Celui de Robert Ménard à Marine Le Pen a incontestablement donné du poids à la candidature de l’ex-présidente du Rassemblement national. Il lui en faudra d’autres pour consolider son avance. Zemmour, qui s’accroche et mène un duel à fleurets mouchetés pour ménager l’entre-deux-tours de cette présidentielle, lui a répondu aussitôt avec le ralliement de Guillaume Peltier. Un soutien longuement et durement négocié, semble-t-il.

Chacun de ces ralliements est crucial. D’abord, parce qu’il préfigure les gestes que le gagnant devra effectuer entre les deux tours. Ensuite, parce que les trois candidats de droite (Pécresse, Le Pen et Zemmour) sont engagés dans une compétition très dure et très incertaine pour l’accès à ce second tour. Enfin, parce que chaque ralliement apporte une dynamique, des voix nouvelles pêchées parmi les aficionados du rallié et la mise en valeur d’une nouvelle sensibilité parmi les soutiens du candidat. Chaque ralliement marque une étape symbolique vers la victoire pour le candidat, ses équipes et ses électeurs.

Mais le poids de ces deux ralliements n’est pas le même. Autant Robert Ménard, qui avait été élu à Béziers avec le soutien du RN, fait une forme de retour logique au bercail. Autant l’arrivée de Guillaume Peltier dans l’écurie Zemmour surprend l’opinion et fait figure de prise de guerre. Peltier était, jusqu’ici, vice-président de LR. Il connaît bien Valérie Pécresse. Zemmour emporte ici un premier succès dans ses appels aux figures de l’ancien RPR. Mais voilà, se renforcer, c’est bien. Affaiblir en même temps l’adversaire, c’est mieux, et c'est bien le cas ici. Le départ de Peltier porte un rude coup à Valérie Pécresse, qui n’a pas besoin de défections actuellement. Depuis le lancement réussi de sa campagne dans la foulée des primaires de la droite, la candidate semble marquer le pas dans les sondages. Sa campagne manque d’air. Son socle électoral s’érode. Elle patine au point de reprendre les propos de Nicolas Sarkozy sur le Kärcher, des propos pourtant devenus l’emblème de l’incapacité de la droite à réaliser ce qu’elle avait dit !

Il y a pire, encore, pour Pécresse : ce sont les raisons du départ de Peltier. Interrogé par Sonia Mabrouk, ce 8 janvier, sur Europe 1 et CNews, le député met le doigt sur une ambiguïté qui sera le boulet de sa campagne si elle ne la lève pas rapidement. À l’antenne d’Europe 1, Peltier a rappelé qu’il avait posé à Valérie Pécresse, le 8 décembre dernier, donc voilà plus d’un mois, la seule question qui vaille : la candidate LR s’engage-t-elle à ne pas rallier Emmanuel Macron en 2022, ce qu’elle avait fait en 2017 ? « Nous sommes le 9 janvier, je n’ai pas eu la réponse, indique-t-il. Je n’ai pas confiance, poursuit Peltier. Je n’ai rien contre Valérie Pécresse humainement, je la connais bien […] j’ai du respect pour elle, on s’entend bien. » Mais il y a un mais. Valérie Pécresse a voté Macron en 2017, rappelle Peltier, et quitté Les Républicains époque Wauquiez en dénonçant une droitisation excessive. Enfin, c’est bien elle qui a retiré à Peltier sa vice-présidence de LR après qu’il a adressé un tweet sur le discours « courageux » de Zemmour.

Valérie Pécresse veut-elle faire gagner la droite ou bien joue-t-elle sans le dire la carte Macron-compatible ? Impossible, pour la présidente de la région Île-de-France, de laisser cette question majeure sans réponse sans risquer de multiplier les ralliements à ses adversaires à droite, Le Pen ou Zemmour.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

93 commentaires

  1. La réponse est dans la question. En cas de duel Marine ou Zemmour face à Macron, elle votera Macron. C’est une évidence

  2. Mme Pécresse, n’y aurait-il pas comme un conflit d’intérêts nauséabond, comme le signal très justement Jean-Marc Frenove. Voilà une casserole de plus pour les LR. Il n’y a rien à faire, c’est dans les gênes de toute cette génération de politiciens.

  3. Pécresse et son Karcher® qui est une marque déposée, va être aussi efficace qu’un cautère sur une jambe de bois. Qu’elle se contente de son mandat de présidente de Région qui lui permet d’em….. Hidalgo la bobo.

  4. Marine Le Pen ? Qu’elle se contente de son élevage de chats, genre bourgeoise en goguette. Valérie Pécresse ? Avec son mari homme d’affaires copain avec Macron l’on se demande ce qu’elle est venue faire dans cette campagne.

  5. Pour le CLIC, le candidat élu devra avoir écrit: « Dès ma prise de fonction début mai, donc bien avant les législatives, ma première mesure de Président sera de donner le pouvoir aux citoyens en lançant un référendum en matière constitutionnelle pour le 25 septembre, sur le fondement de l’article 11. Le texte proposé est une révision détaillée de l’article 89 de la Constitution élargissant aux citoyens l’initiative de sa révision et ne permettant aucune révision sans référendum. »

  6. Beaucoup de Ministres actuels viennent de LR. Au second tour, Pecresse qui est là pour faire perdre la droite se ralliera à Macron. Ce parti trahi sans cesse. Leur retour au pouvoir avec Macron sonnera la fin de notre France,

  7. Elle est là pour diviser la droite et faire gagner Macron. Une grande partie des Ministres actuels viennent des LR. Comment nos compatriotes peuvent t’ils croirent qu’elle ne trahira pas comme Sarkozy lors des élections européennes. Ce parti se raliera à Macron après le premier tour.

  8. V. Pecresse est décidément bien le faux-nez de Macron Un jour pour Macron, toujours pour Macron pourrait-on dire en plagiant la célèbre formule de A.Dumas ou… celle de V. Pecresse il y a peu. Le loup (la louve) est dans la bergerie. Têtes pensantes de L.R. il serait temps de bouger et de quitter le navire (le parti) de la honte. Suivez votre Vice Président et ralliez E. Zemmour !

  9. Plus vite l’actuel LR disparaîtra, mieux cela vaudra. Reconstruire la droite, la candidature Zemmour y travaille activement.

  10. Excellente analyse. Mais Pécresse désormais perd sa chance de figurer au second tour. Car il y a au sein des LR bien d’autres opposants et opportunistes tentés par la défection. Néanmoins elle sera utile en prenant des voix au Macron. Rêvons que ni Pécron ni Macresse ne soient au second tour s’étant affaiblis l’un l’autre. Quant à Taubira si elle finit par se substituer à Hidalgo elle affaiblira Mélenchon . Bonne année !!!

  11. « Ensuite, parce que les trois candidats de droite, Pécresse, Le Pen et Zemmour… »
    Si les LR sont de droite, LREM et ce qui reste du PS le sont alors, eux aussi.
    Quand un parti est entièrement acquis à une politique dictée par l’Europe, l’OMC, l’OTAN et autres organisations supranationales, chercher à le situer à droite ou à gauche ne signifie absolument plus rien. Il n’y a plus que les partis de la soumission et ceux qui pensent que c’est au peuple français de décider de l’avenir du pays.

  12. Pécresse n’est pas une femme de droite. Elle est l’image des LR qui ont tout raté quand ils étaient au pouvoir et de plus on leur doit l’élection de macron. A dégager avec l’eau du bain car l’eau du karcher elle ne s’en servira pas.

  13. C est cousu de fil blanc. Si Macron est au second tour face à ZEMMOUR ou Le Pen, Pécresse appellera à voter Macron et sera premier ministre.
    Rien ne changera et ce sera pire.
    Ce jeu le peuple français le connait.
    C est pourquoi des le 1er tour il faut voter utile.
    La nation est lasse de ce jeu politique qui n arrange que les politicards.

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