Pensions alimentaires non payées : Emmanuel Macron promet un système, des mécanismes…
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M. Macron, voyant que l’opinion se retourne en sa faveur, multiplie ses participations à des réunions du Grand Débat. Jeudi, à Pessac (Gironde) il est intervenu devant une assemblée exclusivement constituée de femmes. Il a dû affronter une dame Gilet jaune qui a insisté pour lui remettre un collier avec un pendentif en forme de gilet jaune (qu'il a fini par prendre, mais qu'il a bien entendu refusé de porter) avant de subir pendant un long moment l’argumentaire de cette personne.
Rien n’est plus significatif du vide profond du Grand Débat que cette scène ridicule. On agite en tous sens des idées. L’Education nationale a connu ce type (soviétique) de fausse démocratie à plusieurs reprises avant l’an 2000. Un secrétaire fait une synthèse, souvent partiale, car elle reflète le point de vue du rédacteur qui ne retient des discussions que ce qu’il veut bien. Ensuite, il y a d’autres réunions pyramidales de synthèse et pour finir, il reste un gloubi-boulga indigeste de propositions passe-partout et de vœux pieux.À chaque fois, les professeurs devaient inventer eux-mêmes les réformes à venir. Et à chaque fois, on n’a rien retenu de ce que les enseignants voulaient (et qui était contraire à ce qu’avait décidé le ministre de l’Education) ; le pouvoir a imposé la réforme qu’il avait concoctée en prétendant que la base était d’accord. Le Grand débat connaîtra sans doute la même issue et débouchera sur un néant abyssal et sur des décisions soi-disant demandées par les Français, mais qui seront en fait décidées par le seul M. Macron.
Plus précisément, Emmanuel Macron a annoncé devant cet auditoire féminin que l’État allait lutter contre les pensions alimentaires non payées. Il a proposé des mécanismes de garantie pour obliger les pères récalcitrants à ouvrir leur portefeuille. Or le précédent gouvernement de M. Hollande a déjà légiféré sur ce problème et l’on ne pourra sans doute pas faire mieux. En effet, les femmes qui ne reçoivent plus de pensions de leurs ex-compagnons s’adressent à l’agence des recouvrements des impayés de pensions alimentaires (ARIPA) créée en 2017 et basée près de Toulouse. Elles reçoivent 115 euros par enfant et l’ARIPA se charge de poursuivre les pères indélicats avec plus de puissance et d’efficacité que ne peut en avoir un particulier.
Ce problème des impayés est crucial : 85 % des familles monoparentales reposent sur la mère, et 34,9 % de ces dernières sont en dessous du seuil de pauvreté contre 14,1 % dans le reste de la population. Les chiffres de pensions non versées ou seulement en partie sont contradictoires : on retrouve souvent un taux de 40 % (par exemple dans un article du Figaro du 23 février dernier, citant l'ARIPA) mais d’autres sources indiquent 12 % non payées et 6 % payées irrégulièrement (Europe 1 2017). Il est élevé en tout cas. Au-delà des pères de mauvaise foi ou égoïstes, qui sont certes nombreux, d’autres ne peuvent pas payer, car ils sont au chômage ou au quasi-chômage (c’est-à-dire obligés de travailler à temps partiel). C’est le cas de 12 % de la population active. Comment donner 230 euros pour vos deux enfants si vous ne touchez que 740 euros par mois ? Et en général le taux d’effort pour un père est de 12 % de ses revenus par enfant. D’où ces situations navrantes où des adolescents n’ont plus aucun contact avec leur père.
Solution du Président ? "Je veux qu'on crée les moyens d'apporter une réponse concrète rapide c'est-à-dire que, pour ceux qui sont seuls et à qui la pension n'est pas payée, on ait un système où l'on puisse recouvrer beaucoup plus rapidement cet argent auprès des mauvais payeurs et qu'on puisse avoir des mécanismes de garanties pour les accompagner".
Un système, des mécanismes... Christine Kelly, responsable d'une association qui aide les familles monoparentales, a réagi à ces belles paroles : "On veut du concret. C'est-à-dire que le mécanisme pour récupérer, garantir les pensions alimentaires, reste encore flou."
Et quand c'est flou...
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