Pensions de réversion : rétropédalage ou enfumage ?

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Les pensions de réversion ne seront donc pas supprimées. C’est le président de la République qui l’a dit, ou plutôt tweeté, mettant ainsi fin à une rumeur qui courait depuis deux semaines. "Aucun bénéficiaire actuel ne verra sa pension de réversion diminuée, ne serait-ce que d'un centime." "Il n’est pas question de supprimer les pensions de réversion pour les futurs retraités, qui bénéficieront des mêmes prestations pour chaque euro cotisé." Une rumeur que son ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait contribué à alimenter en déclarant, le 17 juin, sur RTL : "Tout est sur la table." Dont acte, donc. Et la question posée par le Haut-Commissariat à la réforme des retraites dans un document de travail n’était qu’un truc en l’air, comme ça, histoire de voir ?

De même que celle posée dans la "grande consultation citoyenne" lancée sur Internet, début mai, par le Haut-Commissaire, le bien connu Jean-Paul Delevoye – un homme qui en connaît un rayon dans ce domaine, si l’on se souvient du sort qu’il fit à la pétition contre le mariage homosexuel lorsqu’il présidait le Conseil économique, social et environnemental -, c’est pareil : c’est pour « faire avancer le schmilblick », pour jouer à faire peur aux Français et pour les rassurer ensuite ? La question posée est la suivante : "Quels droits accorder aux conjoints en cas de décès ?" Une question tout à fait neutre, reconnaissons-le. Mais pour « éclairer » les réponses des citoyens, suit un long constat du Haut-Commissariat dont nous citons le début et la fin : "Le système actuel ne tient pas compte de l’évolution des structures familiales et de l’augmentation du taux d’emploi des femmes […] Les structures familiales ont fortement évolué (divorce, PACS, union libre). La pension de réversion a été créée pour les veuves à une époque où le travail était plus limité et les revenus des femmes faibles ou nuls. L’accroissement du taux de participation des femmes au marché du travail peut inviter à repenser le lien de solidarité économique au sein des couples."

Invités à se prononcer sur ce constat dans le cadre de cette "grande consultation citoyenne", 53 % des 1.023 votants (!) sont d’accord sur ce constat. On pourra donc toujours avancer, à un moment donné, que la majorité des Français étaient favorables à l’évolution du système… Néanmoins, les réactions aux "pistes de solution" les plus décapantes proposées par le Haut-Commissaire sont claires : 56 % de ceux qui ont répondu à la consultation sont opposés au plafonnement du bénéfice de la réversion afin de mieux tenir compte des revenus personnels du conjoint survivant, 81 % sont favorables au versement de la réversion sans aucun critère d’âge pour le conjoint survivant.

L'essentiel, quoi qu'il en soit, est que les pensions de réversion ne seront pas supprimées. C’est dit, c’est écrit. On doit s'arracher les cheveux et se griffer au sang chez les intégristes du féminisme ! Rabotées, alors ? Mardi, le Premier ministre déclarait que le gouvernement ne travaillait "en aucune façon" sur des mesures qui viendraient à amoindrir les pensions de réversion. Mais ce jeudi, Christophe Castaner, vautré sur le canapé de LCI, tenait des propos moins affirmatifs, plus ambigus : les pensions de réversion pourraient, pour les futurs retraités, pour certains baisser, pour d’autres augmenter, ceci dans le cadre de la future réforme des retraites.

Tout est donc sur la table, disait Mme Buzyn. Tout ? Rien dessous, pas le moindre loup ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/09/2024 à 8:57.
Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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