Pénuries de médicaments, infections diverses : l’hiver sera chaud !
3 minutes de lecture
La presse a récemment relayé des informations des autorités sanitaires qui alertaient sur le manque probable d'amoxicilline (surtout dans sa forme pédiatrique) et de Doliprane™ au cours de l'hiver à venir. Si on ajoute à cela les infections virales telles que la grippe, le Covid ou les bronchiolites, associées à une recrudescence d'infections bactériennes à streptocoques A, l'hiver devrait être chaud...
On peut se demander pourquoi, depuis quelques semaines, les pharmaciens ont du mal à remplir leurs étagères. L'agence du médicament (ANSM) évoque de fortes tensions d'approvisionnement, sans pour autant en donner la cause. Bien sûr, certains vont évoquer une consommation excessive de cet antibiotique? mais elle n'est pas plus excessive ces dernières semaines qu'il y a un an ou deux et il semble que c’est plutôt un ralentissement de la production et des circuits de distribution, où le profit passe avant l'intérêt du malade, qui est à l'origine de cette relative pénurie.
L'amoxicilline est un antibiotique appartenant à la même classe thérapeutique que les pénicillines. Il est très utilisé car d'un emploi facile et il est actif sur un large spectre de bactéries. La pénurie risque de se faire sentir, surtout dans les formes pédiatriques, sirop ou suspension. Il sera toujours possible, cependant, d'utiliser la forme adulte sous forme de comprimés dispersibles, qu'on pourra couper en deux ou en quatre pour obtenir le dosage voulu pour l'enfant et, en cas de manque réel, on pourra utiliser une autre classe d’antibiotique, par exemple les macrolides.
Pour le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine, comme le relate 20 Minutes du 18 novembre, cette tension d'approvisionnement est liée à la flambée des prix de l'énergie et de certaines matières premières, mais elle est plus marquée en France que dans le reste du monde car, selon lui, la boîte d'amoxicilline n'est pas vendue suffisamment cher en France par rapport à d'autres pays européens.
Une utilisation plus restreinte de l'amoxicilline permettrait peut-être de ne pas se retrouver dans quelques mois en rupture de stock, car cet antibiotique est fréquemment utilisé dans les infections ORL de l'enfant souvent d'origine virale. Il existe pourtant des tests pour déterminer si l'infection est virale ou bactérienne et, donc, si elle impose l’usage ou non d’un antibiotique, mais ces tests ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale et très peu utilisés.
Il est un autre médicament qui va peut-être faire défaut cet hiver : le Doliprane™. Au fil des ans, le Doliprane™ est devenu le remède miracle de bien des familles et son éventuelle absence risque être très mal vécue. Pourtant, ce n’est qu’un banal paracétamol qui existe sous d'autres dénominations commerciales et, si le paracétamol fabriqué en Inde ou en Chine venait à manquer, on pourrait toujours avoir recours à la bonne vieille aspirine ou à l'ibuprofène.
La Direction Générale de la Santé alerte également sur la recrudescence d'infections à streptocoques du groupe A. Cette bactérie est normalement présente dans notre corps, en particulier dans la sphère ORL ou sur la peau, mais reste inoffensive tant que nos défenses sont efficaces. Si elle se multiplie, à l'occasion d'une infection virale, du mauvais état de nos défenses naturelles ou d'une autre fragilité, elle va entraîner une infection. Une infection qui peut rester locale (angine) ou se généraliser pour donner une scarlatine et coloniser d'autres organes avec des séquelles qui peuvent être graves s'il s'agit du myocarde ou du rein. Manque de chance, l'antibiotique le plus utilisé pour lutter contre le streptocoque A est l'amoxicilline, dont nous risquons de manquer ! Heureusement, ce streptocoque est également sensible à d'autres classes d'antibiotiques et, pour cette fois-ci, on devrait pouvoir s'en sortir. Mais jusqu'à quand ?
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
26 commentaires
Bienvenue dans la mondialisation heureuse! Pour avoir obéi à la Sécu et confié la production de la quasi-totalité de nos médicaments à la Chine et l’Inde, surprise : ils vendent leur production au plus offrant. Et comme en France les prix des médicaments sont artificiellement baissés (merci encore Sécu), on se retrouve en pénurie car en queue de liste. Personne n’y aurait pensé!
Je note que curieusement, les médecins expérimentés s’abstiennent de tout commentaire sur ce type de sujet » grand public » ! De même que les vieux officiers s’abstiennent de lâcher leur savoir- s’il en est – sur le sujet de la guerre actuelle ( celle d’Ukraine ; la croisade étant encore en phase de discutions tactique et stratégique)….De la rétention d’informations nait le pouvoir ( sur autrui et autres destinations ..)
Les groupes pharmaceutiques ne sachant plus quoi faire de leur argent ( merci COVID ), ils mettent la production en veilleuse, c’est normal.