[PEOPLE] Renaud veut partir au Canada si le RN gagne en 2027 ? Pourquoi pas !

On ne devrait pas vieillir. Renaud, pas davantage que les autres. À l'époque où il était vivant, le chanteur de gauche, né dans un milieu germanopratin favorisé, était drôle et féroce. Même ses chansons sur Michel Sardou (sur l'air des Ricains) ou contre Jean Cau, désormais injustement passé à l'oubli, étaient chouettes. Contrairement à beaucoup de gens de son camp, Renaud avait de l'humour, du talent et de la culture. Ce n'était pas un ennemi : c'était un adversaire.

Les années ont passé. Renaud a remplacé la rose par le jaune, la drôlerie grinçante par les indignations poussives. Il a mal vieilli. Après un Boucan d'enfer très remarqué au tournant de l'an 2000, il n'a plus fait que boire, fumer et meugler de temps à autre d'une manière très convenue. Et le voilà qui, en pleine tournée au Québec, dit au journal Le Devoir qu'il est inquiet des scores du RN dans les sondages… et qu'en cas de victoire de Marine Le Pen, il n'hésiterait pas à s'installer au Québec et à quitter sa maison des environs de Nantes, où il s'est installé avec sa troisième femme.

 

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Franchement ? Chiche ! Ras le bol, de ces emportements surjoués, qui sont la norme chez les artistes conformistes. Ras le bol de ce mépris des électeurs quand ils ne votent pas bien. Du reste, on aurait pu s'en douter : parmi les chansons nulles de Renaud, il y avait Hexagone, dans les années 80. Une chanson qui détestait déjà la France et les Français, qui étaient forcément des beaufs vulgaires et cons : « La France est un pays de flics, à tous les coins d'rue y'en a 100, pour faire régner l'ordre public, ils assassinent impunément. »

Dès que le vent soufflera, il repartira

Le Canada a un peu d'avance sur nous, en termes de déliquescence woke et de prosternation multiculturelle. Qu'il aille donc au pays de Trudeau, voir s'il lui semble que la misère serait moins pénible sous la neige. Qu'il aille à Montréal, « dans un grand Boeing bleu de mer », comme dans la belle chanson de Robert Charlebois, et qu'il nous foute la paix ! Ce n'est pas Renaud qui vote pour le RN parce que, malgré ses bandanas, son cuir et ses motos, il a toujours été un bourgeois. Il a toujours été Alain de Plessis-Vaudreuil, le communiste bien né qu'il incarnait, avec un bonheur plus vrai que nature, dans l'adaptation télévisée d’Au plaisir de Dieu, de Jean d’Ormesson.

On aurait dû s'en douter. Quand on a besoin de chevroter qu'on est « toujours vivant [...] toujours debout », c'est peut-être qu'on n'en est pas tout à fait sûr, et le public non plus. Desproges, pourtant le grand ami de Renaud, ne supportait pas les « artistes engagés », qui mélangent tout. Il avait terriblement raison.

Au fond, celui qui, ces derniers temps, a le mieux saisi ce qu'était devenu Renaud (une ruine qui donne des leçons), c'est Marsault dans l'excellent Expérience de mort imminente (Magnus). On ne devrait pas vieillir, décidément... ou, du moins, quand on sent que son radotage devient gênant, on devrait avoir l'élémentaire politesse de se mettre en retrait. Renaud, qui se dit par ailleurs « de plus en plus certain » de ses opinions politiques, ne l'a pas compris. On continue de l'entendre, même quand on voit bien qu'il n'a rien compris à l'état du pays.

Bon voyage, Renaud ! Dès que le vent soufflera, il repartira, dès que les vents tourneront, il s'en alleront. Tatatin !

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