Perpignan : des artistes dans la comédie de la « Résistance »

À Perpignan, après l’élection de Louis Aliot à la mairie, la comédie de la Résistance a repris son cours, menée par des artistes bien-pensants. Même si l’on se demande vraiment à quoi ces grands originaux résistent, sinon au suffrage universel et à la démocratie, dès lors qu’ils ne vont pas dans le sens des idées à la crème colportées par les médias officiels.
On se rappelle, en 2014, comment, à Avignon, craignant l’arrivée à la mairie du Front national, le Jean Moulin du théâtre ministériel résistant Olivier Py avait imaginé de transporter le festival dans une autre ville - et l’on ne sait, alors, comment il l’aurait nommé, peut-être le Festival d’Avignon à Londres, ou en exil —, et l’idée ne manquait ni de grotesque ni d’absurdité loufoque. On se rappelle également, à Béziers, après l’élection de Robert Ménard, comment un certain nombre d’artistes à la belle âme avaient déclaré leur refus de se produire dans cette ville tombée entre les mains des nazis, et je me rappelle le directeur démissionnaire rencontré sur le parvis du théâtre municipal et qui m’avait dit, d’un ton plein de grandeur et d’austère abnégation : « Je ne travaille pas avec les fascistes ! » Ce qui ne l’avait pas empêché d’encaisser ses indemnités via les fascistes en question, sans doute pour les reverser à son réseau de Résistance. On se rappelle également, à Montpellier, la ville la plus moderne d’Europe, la comédie de la Résistance qui avait abouti à nommer la rue où siégeait le conseil régional la rue de Vichy, ce qui avait provoqué les foudres du maire de cette célèbre ville thermale, et l’épisode du Centre régional du livre supprimé, dès son arrivée à la tête de la région, par Georges Frêche pour collaboration avec des UMP nazis qui s’étaient alliés avec le FN d’alors.
À Perpignan, tout est allé encore plus vite et, dès le 9 juillet, les trois lauréats du prix Méditerranée annonçaient à grand renfort de clairons qu’ils boycotteraient la remise des prix prévue le 3 octobre dans la ville.
« Le prix Méditerranée nous a honorés, une telle distinction nous a réjouis venant d’une institution fondée par les défenseurs d’une certaine idée de l’espace méditerranéen, et des diversités fondatrices de son identité », écrivent-ils. Mais d’ajouter aussitôt : « Dans la situation politique actuelle à Perpignan, les turbulences que traverse le Centre méditerranéen de littérature, organisateur de ce prix parrainé par la ville, nous amènent à décliner l’invitation. » Et, poursuivant la ritournelle en langue de bois qu’on aurait pu croire sortie tout droit d’un commentaire de FR3 ou France 2, « en ces moments d’incertitude et plus que jamais, l’hospitalité, le vivre ensemble et la bienveillance n’ont pas de prix. […]. Par notre refus, nous souhaitons éveiller les consciences face aux idéologies du rejet et du repli sur soi. »
Que voilà une belle déclaration, pleine de ce courage qui est l’apanage, aujourd’hui, des artistes-perroquets.
Or, et ce n’est pas le moins comique dans l’affaire, il se trouve que ce prix Méditerranée - dont les trois farceurs se disent honorés - est une initiative du Centre méditerranéen de littérature, lui-même créé en 1982 par André Bonet, aujourd’hui précisément adjoint au maire, délégué à la Culture, de Louis Aliot. Et qui vient d’annoncer la réouverture de la Haute école d’art de Perpignan, fermée en 2016.
Ainsi, ces artistes résistants ont refusé l’invitation à recevoir un prix qu’ils avaient accepté d’une institution fondée par un futur adjoint de Louis Aliot, qui rouvre des écoles d’arts : c’est sans doute ce qu’on appelle de la Résistance en zigzag, ou à géométrie variable.
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