Perquisition chez Melenchon : deux poids deux mesures, vraiment ?
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La perquisition chez le sieur Mélenchon a largement été commentée.
Tout a pratiquement été dit mais, dans cette affaire, il faut différencier la forme et le fond. Sur la forme, Mélenchon s'est révélé tel qu'en lui-même, justifiant le pseudo de « Méchancon » qui lui est maintenant attribué sur les réseaux sociaux. Cet admirateur de Castro et Chávez chez qui la police politique œuvre à plein « régime », ce donneur de leçons perpétuel, méprisant et grossier, transforme tout en grand-guignol. Il démontre ce qu'il serait si, pour notre malheur, il accédait au pouvoir suprême.
Sur le fond, cependant, et quoi qu'en disent les commentateurs, sur la Justice et la police, même s'il faut, bien sûr, les défendre par principe, il y a manifestement une dérive de leur utilisation à des fins politiques. Imaginons, un instant, que les mêmes événements se soient déroulés en Hongrie chez le méchant Orbán ou, pire, en Russie, chez Poutine... Il y aurait une campagne médiatique monstrueuse dénonçant la dictature et le retour du totalitarisme !
La célérité sélective de la Justice pour François Fillon et Marine Le Pen, même si justifiable sur le plan juridique, les « ratés » dans l'enquête Benalla et l'absence de poursuite pour le mur des cons sont quand même des indices qui peuvent accréditer la thèse d'une dérive de nos institutions.
Et, à ce stade, je voudrais revenir sur cette perquisition chez la secrétaire de Vigilance Halal, le 9 novembre 2017. Perquisition classique : heure du laitier, quatorze personnes armées et avec gilet pare-balles. Mais porte enfoncée, perquisition musclée avec plaquage au sol et pose de menottes, dégâts matériels divers. Motif invoqué : trafic d'armes alors que Dominic et son époux sont seulement membres d'un club de tir, en toute légalité. D'ailleurs, la fouille de la maison sera très partielle : ce sont les ordinateurs qui sont ciblés. Après saisie des armes légales détenues et des ordinateurs, Dominic subira 12 heures de garde à vue, gérées avec humanité, il faut le dire, par les policiers de Bayonne. L'interrogatoire porta essentiellement sur Vigilance Halal et votre serviteur.
Jusque-là, c'est du classique et Dominic s'y prêta avec bonne volonté, sans insultes aux agents de l’État, et signa un PV d'audition.
Et là commence la séquence, encore en cours, hallucinante sur le plan juridique. Dominic est relâchée sans aucune signification, soit mise hors de cause soit mise en examen nécessitant la présentation devant un juge (il n'y a que ces deux possibilités). Me Pichon, son avocat, va écrire trois courriers au procureur demandant communication du dossier. Sans aucune réponse ! Reste une possibilité juridique : la sommation interpellative du procureur par un huissier, prévue par la loi, permettant d'agir pour obtenir communication du dossier. Les huissiers de Bayonne se défilent et la réglementation en la matière nécessite qu'ils soient missionnés par le président départemental de la chambre des huissiers. Ce que nous faisons. Mais, là encore, la présidente se fait tirer l'oreille alors qu'elle est dûment missionnée par l'avocat. Il serait grave qu'un officier ministériel n'applique pas la loi, ce qui justifierait une action pénale. Nous en sommes là. On ne me fera pas croire que toutes ces péripéties, ce déni de justice n'ont rien à voir avec les activités "dérangeantes" de Dominic Gillet sur le plan politique. Et pour ne pas rallonger le propos, je ne vous parle pas d'autres vices de procédure dans cette affaire.
Il n'y a donc pas deux poids deux mesures, mais trois : quasi-impunité pour certains, application ultra-stricte et efficace de la loi pour les opposants de premier rang qui peuvent se défendre (Fillon, Marine Le Pen, Mélenchon) et déni de justice pour les opposants de l'ombre comme Dominic Gillet. Mais attention, quand le « cave se rebiffe » ...
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