Pétronin : pourquoi tant de haine ?
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Tout a été dit, notamment dans les colonnes de Boulevard Voltaire, mais on ne le dira jamais assez : les conditions de libération de Sophie Pétronin, du moins de ce qu’on en connaît par la presse, et les déclarations de l’otage à son arrivée en France sont une honte et un scandale. Deux cents djihadistes libérés par le Mali pour, au final, entendre la vieille dame nous annoncer qu’elle avait bien dormi et que ses geôliers étaient de gentils garçons ! Le Président n’étant pas complètement fou, on échappera, on l’espère, à la Légion d’honneur pour « l’humanitaire ».
Le bon sens n’ayant pas encore complètement abandonné ce pays, la colère a immédiatement fait irruption, en particulier sur les réseaux sociaux. Colère que Libération commentait ainsi, la semaine dernière : « Quel étrange, et dérangeant, déferlement, de haine… » Comment ? On osait donc mettre en balance la vie de cette « femme frêle, mais encore énergique », avec les quarante-cinq jeunes soldats de France morts au combat, pardon, « décédés », pour reprendre le terme de Libération ! Libé ne le dit pas mais, après tout, ces quarante-cinq militaires ne faisaient que leur métier. Remarquez, la vieille dame aussi : « faire de l’humanitaire » a ses risques du métier, dont celui d’être pris en otage. Oui, mais les militaires acceptent, par leur engagement, l’éventualité du « sacrifice suprême ». Une éventualité prévue par la loi, ce qui n’existe pour aucun autre métier, aucun corps (même pas les policiers et les pompiers), rappelons-le. Une raison, peut-être, alors, pour accorder un minimum de respect aux militaires. Et le honteux et scandaleux épisode Pétronin s’est révélé comme une insulte à nos soldats, à la mission qu’ils accomplissent, là-bas, au péril de leur vie, aux sacrifices consentis au quotidien par leurs familles, dans la plus grande discrétion.
Du reste, l’épisode Pétronin passe mal, très mal, dans les armées. Le général François Lecointre, chef d’état-major des armées, l’a laissé clairement entendre, mercredi, devant la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, en déclarant qu’« on ne peut pas comparer l’ennemi auquel nous sommes aujourd’hui confrontés au Sahel à un groupe armé d’opposition… C’est un ennemi terroriste. » Et d’ajouter : « Il y a des propos qui ont été tenus au moment de la libération de Mme Pétronin qui, me semble-t-il, risquent de fausser l'appréciation qu'on doit avoir de la situation au Mali, de l'engagement des armées françaises. » À travers ces mots pesés et mesurés, le général Lecointre fait évidemment allusion aux propos de Pétronin, interrogée sur ses ravisseurs, au micro de RFI, immédiatement après sa libération : « Appelez-les comme vous voulez. Moi, je dirais que ce sont des groupes d’opposition armée au régime[…] Pourquoi vous les appelez djihadistes, parce qu’ils font le djihad ? Vous savez ce que ça veut dire, en français : “jihad”, c’est “guerre”. »
Alors, oui, on peut parler d’« amertume des militaires », comme titre Le Point, ce vendredi 16 octobre. Il y a de quoi. Un officier supérieur confiait à une amie que les militaires sont désormais confrontés à la même situation que les policiers qui arrêtent les voyous mais les retrouvent rapidement dans la rue. Mais, bien sûr, tout cela n’est que déversoir de haine…
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