Philippe Olivier : « On voit que le système est totalement confisqué »

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« Les maires voudraient bien donner leur signature, mais ils ne veulent pas porter préjudice à leur collectivité », alerte l'eurodéputé RN Philippe Olivier, au micro de Boulevard Voltaire.

 

Marine Le Pen a suspendu ses déplacements de campagne jusqu’à l’obtention de ses 500 parrainages pour concourir à l’élection présidentielle. Comment est vécue la situation en interne ?

Nous sommes combatifs et très préoccupés car s’il manque une signature, nous ne pouvons pas être candidat. Nous sommes sur le terrain, nous téléphonons aux maires. Nos élus, nos cadres et nos militants vont chercher les signatures une à une.

 À l’heure où nous nous parlons, combien vous reste-t-il de signatures à avoir ?

Selon mes informations, 40 signatures. Il en faudrait 10 à 15 par jour, ce n’est pas évident. Il y a des envois qui sont faits, encore faut-il qu’ils soient ensuite validés par le Conseil constitutionnel. Il pourrait y avoir des problèmes de Poste ou de remplissage du formulaire.

Pourquoi, en 2022, un parti comme le Rassemblement national peine-t-il à obtenir 500 signatures, malgré les scores que fait votre parti aux élections ?

Nous sommes dans un système oligarchique qui appartient à une petite caste qui le confisque. Mme Hidalgo, qui représente 2 % des voix, a 1.000 parrainages et nous, qui sommes sortis en tête à l’élection européenne, qui étions au deuxième tour de l’élection présidentielle en 2017 et qui sommes donnés au deuxième tour, nous peinons à avoir 500 signatures. On voit que le système est totalement confisqué ; une confiscation très largement organisée. La perte de temps et d’énergie à la collecte de ces signatures, c'est du temps que nous ne consacrons pas à la campagne électorale.

Quels arguments vous donnent les maires qui refusent les signatures ?

Ce qui revient de manière récurrente, est : « Je ne donne ma signature à personne », comme s’ils s’étaient donné le mot pour faire une sorte de grève des signatures, alors même qu’ils sont désignés par les institutions comme les garants, les arbitres de cette élection présidentielle. Puis lorsqu’on discute avec eux, on voit qu’ils subissent des pressions pour les subventions, des pressions des partis politiques, des notables et des communautés d’agglomération : « Si vous donnez votre signature, vous n’aurez plus de subvention pour votre ville ou votre village. » Les maires voudraient bien donner leur signature, mais ils ne veulent pas porter préjudice à leur collectivité.

Comment expliquez-vous ce changement ? Le Rassemblement national ne connaissait pas de telles difficultés…

Il y a plusieurs raisons. Tout d’abord, nous avons moins d’élus, donc nous devons trouver plus de signatures. Deuxièmement, nous avons beaucoup de concurrents et notamment Zemmour, qui recherchent aussi des signatures. Et, enfin, le système est grippé car à partir du moment où les maires sont menacés, cela crée chez eux un climat de peur et ils décident de ne plus participer à ce devoir civique. Ils font une sorte de grève civique des signatures.

David Lisnard a annoncé donner son parrainage à Jean-Luc Mélenchon, par souci de représentation démocratique. Que pensez-vous de cette initiative ?

Cette initiative l’honore. Il explique à ses collègues maires qu’un parrainage n’est pas un soutien mais une attestation administrative de représentativité, et donc d’un droit à concourir à l’élection présidentielle. Il ne l’a pas fait en tant que président de l’Association des maires de France, qui s'est tenue à l'écart, mais en tant que maire de Cannes. Le système est vraiment oligarchique, car les gens qui dirigent autour de Lisnard l’Association des maires de France ne veulent pas se mouiller. Ils valident ce système de fatwa administrative.

Craignez-vous que Marine Le Pen n’ait pas ses 500 signatures ? Ou bien Éric Zemmour ou Jean-Luc Mélenchon ? Ce scénario est-il possible ?

Oui, ce scénario est possible. Et on vous dira : « Vous n’avez pas rempli les conditions administratives, il vous manque le formulaire vert, bleu ou jaune. » Si ce scénario devait s’avérer, ce serait extrêmement grave pour la démocratie et cela délégitimerait totalement l’élection présidentielle.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

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