Philippine, nouvelle victime de l’étouffoir médiatique

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On prend les mêmes et on recommence. À chaque fois, les mêmes profils. À chaque fois, la même barbarie. Les victimes se suivent et se ressemblent. Françaises, jeunes et innocentes, elles se prénomment Claire, Isabelle, Léa, Mathilde ou, dans le cas présent, Philippine. Impossible de tenir une liste à jour, tant les affaires se multiplient. Leurs bourreaux aussi se confondent. Le dernier (présumé) en date se prénomme Taha.

Le traitement médiatique, lui aussi, est toujours le même. Volontiers incomplet, délibérément flou. Alors que le pedigree du violeur « présumé » de Philippine circulait déjà sur X, la presse de grand chemin s’illustrait dans la rétention d’information qui la caractérise, dès lors que le réel lui donne tort. Comme un seul homme, Libération et Le Monde évoquèrent pudiquement, dans leurs titres, « un homme de 22 ans », comme si l’âge du suspect était plus signifiant que son statut migratoire ou sa nationalité. À ce niveau d’occultation, on peut parler de désinformation.

Il fallut attendre une mise à jour du mercredi 25 septembre à 8 heures pour que Libé consente, la mort dans l’âme, à lâcher à ses lecteurs « davantage de détails sur le parcours du suspect ».

Même longueur à la détente du côté du Monde, qui prit tout son temps pour dévoiler la nationalité marocaine de Taha ainsi que son statut de clandestin sous OQTF. En revanche, le quotidien vespéral fut très prompt à commenter la réaction de Jordan Bardella, suite au meurtre barbare de la jeune fille. « L’extrême droite est rapidement montée au créneau », sembla-t-il regretter.

Le service minimum du service public

Quid de la radio ? L’affaire n’a pas fait l’ouverture du journal de 8 heures, sur France Inter. Il faut croire que les malheurs des Libanais, pris en étau entre la férule du Hezbollah et les bombes de Tsahal, concernent davantage les auditeurs français que le massacre de l’une des leurs… Moins de deux minutes ont, ainsi, été consacrées au calvaire de Philippine, le tout sur un ton détaché et fort euphémisant. « Il est Marocain, il a de lourds antécédents », put-on, ainsi, entendre au sujet de Taha, pourtant condamné pour viol. « Le profil de cet homme a immédiatement fait réagir Jordan Bardella », soupira, ensuite, la journaliste Florence Paracuellos, à deux doigts d’évoquer une infâme récupération de la fachosphère.

Place, ensuite, à la revue de presse du très peu neutre Claude Askolovitch. Comme tous les matins, le journaliste fit le tri entre les bonnes et les mauvaises victimes. Il prit la défense de Yuri, un prisonnier ukrainien en Russie, de Mona, une Libanaise sous les bombes, ou encore des pauvres migrants érythréens, mais se garda bien d’évoquer le destin tragique de Philippine. Pas le moindre mot sur cette affaire qui faisait, au même moment, les gros titres de nombreux médias. Drôle de conception de la revue de presse. Mais vous comprenez, la jeune fille était blanche, chrétienne et française. Tout l’inverse de son meurtrier présumé. On peut donc pleurer en silence, organiser une discrète marche blanche, mais il ne faudrait surtout pas « faire le jeu de… »

La discrétion fut également de rigueur, sur France 2. Après avoir maintenu un embargo strict sur le profil du suspect lors de son JT de 20 heures, mardi soir, la chaîne publique ne cacha aucun détail dans son édition de 8 heures, ce mercredi matin. La journaliste dépêchée devant Paris-Dauphine choisit, néanmoins, un angle étrange pour couvrir l’affaire. Plutôt que d’évoquer la colère légitime du peuple français ou les failles judiciaires qui ont conduit au drame, la jeune femme insista sur le « soulagement » qu’aurait provoqué l’arrestation du violeur marocain. « Le soulagement, car le fait de savoir que ce suspect a été interpellé soulage ces étudiants. Une étudiante me disait qu’une psychose s’était installée au sein de l’université depuis la découverte du corps de leur camarade. »

Certains sont endeuillés, d’autres sont rassurés. Tout est une question de point de vue.

La mauvaise foi de BFM TV

Mention spéciale, enfin, pour BFM TV et son chroniqueur judiciaire Guillaume Farde, dont l’attitude constamment méprisante n’a d’égale que l’inanité des commentaires. « À quel moment la peine n’est pas appliquée ? Il faut être précis un instant ! », s’est-il exclamé en plateau, balayant tout soupçon de faillite de notre administration.

Une peine parfaitement appliquée ? C’est vite dit. Le dénommé Taha O. n’a effectué que les deux tiers des sept petites années de prison dont il avait écopé pour son premier viol. Si cette peine avait été pleinement exécutée, Philippine serait encore vivante. Sans parler de l’OQTF délivrée par notre État impuissant qui, elle aussi, aurait permis d’éviter le pire, si elle avait été sérieusement appliquée.

Mais ces considérations n’intéressent pas le petit milieu journalistique français pour lequel l’immigration reste malgré tout une chance et le laxisme judiciaire un mythe.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

2 commentaires

  1. Comme dirait l’un de mes beaux frères ils ne sont pas tous comme ça ! France 2 évite depuis toujours les sujets compliqués, la victime Française, blanche de confession chrétienne tout est dit, cette communauté religieuse à l’habitude de pardonner les pires atrocités alors…

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