Pierre Chasseray : « J’ai vu des automobilistes qui roulaient comme des fous parce qu’ils voulaient rentrer à 18 h »

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« Pour les automobilistes, rentrer à 18 heures, c'est complexe. » Pierre Chasseray dénonce le manque de tolérance des annonces gouvernementales imposant aux forces de l'ordre de verbaliser les conducteurs qui dépassent l'heure du couvre-feu.

 

Hier, les policiers ont contrôlé les automobilistes porte d’Orléans provoquant des embouteillages. L’objectif était de verbaliser ceux qui ne respecteraient pas le couvre-feu. Ces embouteillages ont « forcé » des gens à violer le couvre-feu. Qu’avez-vous pensé lorsque vous avez vu ces images ?

 

18 heures est une heure extrêmement complexe à tenir pour beaucoup de Français. Lorsqu’on met un horaire qui croise à la fois les fins de week-end et les rentrées du travail, on se retrouve dans des situations compliquées avec des goulots d’étranglement au niveau des péages.

Les contrôles ont ralenti la circulation. Verbaliser pour quelques minutes peut paraître un peu exagéré. Il manquait sans doute un peu de tolérance. Il faut se mettre à la place de celui qui est bloqué dans les bouchons, qui n’avait pas envie de l’être et qui avait prévu d’être à peu près à l’heure. Quelques minutes de plus, alors qu’il est dans une voiture, donc protégé, c’était peut-être un peu exagéré. J’ai l’impression que l’État a voulu faire de la communication. Cette tolérance a été constante jusqu’à présent. Dans cette volonté de faire de la communication, on a été intolérant. J’aurais préféré peut-être qu’on verbalise ceux qui véritablement prennent des risques et pas celui qui est dans sa voiture voulant rentrer à l’heure.

 

 

Cette polémique intervient alors que l’idée même du couvre-feu est remise en question par de nombreuses études. Ce couvre-feu à 18 heures paraît-il réalisable ?

 

Pour ceux qui travaillent, le couvre-feu à 18 heures est synonyme de course lorsqu’on sort du travail. J’ai vu des comportements critiquables et des automobilistes qui roulaient comme des fous parce qu’ils voulaient à tout prix être chez eux à 18 heures. Forcément, ils avaient d’un côté, la volonté de rentrer à l’heure chez eux et de l’autre côté, ils pensaient qu’ils n’allaient pas être verbalisés pour quelques minutes de retard. Et maintenant, ces annonces gouvernementales appellent à l’intolérance et demandent aux forces de l’ordre de verbaliser lorsqu’ils dépassent 18 heures. Je ne suis pas médecin et je ne suis pas là pour me prononcer sur le couvre-feu, mais je m’occupe des automobilistes et je peux dire que 18 heures pour les automobilistes c’est complexe.

Il faut se mettre à la place de ceux qui sont dans leur voiture, protégés et qui rentrent chez eux. Ils sont dans un univers protégé de tout et ne peuvent pas contaminer les autres. Ils vont juste poser leur voiture dans leur garage et rentrer chez eux.

 

 

A-t-on des retours sur les conducteurs en zone rurale ?

 

Les gendarmes font le travail qu’on leur demande de faire. Je n’ai pas envie de critiquer les forces de l’ordre. Si demain, on leur demande de verbaliser à 18h01, ils vont malheureusement devoir verbaliser à 18h01. C’est peut-être le manque de tolérance dans la décision prise qui est critiquable.

On ne laisse que très très peu de place à une petite tolérance. J’ai l’impression qu’il n’y en a absolument pas. Cette histoire de couvre-feu est vraiment très très complexe.

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Pierre Chasseray
Délégué général de 40 millions d'automobilistes

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