Piotr Pavlenski, « artiste » politique : que fait-il encore chez nous, celui-là ?
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C’était en février dernier, dans « le monde d’avant ». Benjamin Griveaux venait d’abandonner ses fonctions de porte-parole du gouvernement pour entreprendre la course à la mairie de Paris. À l’aise, Blaise (c’est son deuxième prénom), il s’était égaré dans le sillage d’une créature qu’il eût mieux valu pour lui qu’il évitât, Alexandra de Taddeo. Crétin au-delà du possible, l’ex-secrétaire d’État adressa à la jeune demoiselle des photos de son intimité épanouie… que le chéri de ladite demoiselle, un dénommé Piotr Pavlenski, s’empressa de mettre en ligne. Et c’est ainsi que Griveaux chut (du verbe choir).
À 29 ans, Mlle de Taddeo est étudiante en droit, ce qui ne l’a pas empêchée de suivre « l’artiste » Piotr Pavlenski, ouvertement tordu, celui-là. « » 35 ans, il est réfugié politique en France, ayant à son actif d’artiste ses menées contre le Kremlin (il s’est cousu la bouche et cloué les roudoudous en protestation contre Poutine) et, chez nous, l’incendie de la porte de la Banque de France à Paris. La publication des vidéos de Benjamin Griveaux est, dit-il aux policiers qui l’interrogent, « une action politique ». Une réponse qui aurait dû lui valoir une expulsion séance tenante !
Les médias ont, bien sûr, dédouané la ravissante étudiante. Double victime, forcément, d’un politique en rut et d’un compagnon manipulateur. Reste qu’elle confiait, récemment, à Libération : « J’ai eu une minute de célébrité, même pas un quart d’heure. Ma vie n’est pas détruite du tout, je suis hyper contente de cette affaire. »
Pavlenski, en revanche, n’est pas content du tout. Il vient de recevoir un courrier de la juge d'instruction Laurence Lazerges qui le met très en colère. C’est elle qui instruit le dossier Griveaux et celui de la bagarre du 31 décembre dans l’appartement du copain, l’avocat Juan Branco, l’autoproclamé « meilleur ennemi du pouvoir ». Tout le monde est défoncé à la vodka, ça dégénère en bagarre sanglante. Pourtant, écrit Le Parisien (29 février), ce soir-là, « c'est heureux – pas de happening artistique. Piotr Pavlenski ne se clouera pas le scrotum sur le parquet. Il n'incendiera pas le living. » Ça finit pourtant mal.
Résumé de l’histoire : « Affaire triplement sensible : elle implique un artiste russe imprévisible, un avocat témoin opposant au chef de l'État, des blessés membres de l'extrême gauche autonome et, à ce titre, suivis par les services de renseignement. Bientôt, au casting, il faut ajouter la vidéo de l'entrejambe de Benjamin Griveaux. Soirée baroque, vraiment. »
L’année 2020 démarre, Pavlenski est toujours là. Le Covid-19 passe et, le 6 juillet, la juge Laurence Lazergues écrit à « l’artiste » mis en examen pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » et « diffusion sans l'accord de la personne d'un enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel », ainsi que « violences aggravées ». Elle demande poliment : « Je vous prie de bien vouloir me justifier du respect de l'obligation de soins psychiatriques à laquelle vous êtes astreint dans le cadre de votre contrôle judiciaire. » Faute de quoi, « tout manquement volontaire aux obligations de son contrôle judiciaire » risque d'entraîner « une mesure de placement en détention provisoire ».
Une mesure banale qui déplaît fort à Pavlenski, lequel hurle à la dictature : « Par cette lettre, la juge d'instruction déclare que par défaut je suis déjà malade mental. » Et de dénoncer une « situation de traitement forcé », qu'il « refuse de remplir en raison de [s]on mauvais caractère (sic) ». Dans un mail reçu par Le Parisien, il se compare aux victimes des régimes totalitaires, celles de l’Allemagne nazie, de l’ex-Union soviétique ou encore de l’Amérique « lorsque les esclaves qui tentaient d'échapper à l'esclavage ont reçu un diagnostic psychiatrique de drapétomanie et ont également été traités avec des orteils hachés ».
Et si, plutôt qu’un suivi psychiatrique à nos frais, on expulsait Piotr Pavlenski ?
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