Plan de relance français : les autorités se sont trompées dans la vision et les priorités
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Le gouvernement français a lancé un plan de relance de 100 milliards d’euros pour redresser durablement l’économie française et créer de nouveaux emplois.
L’économie française est caractérisée par de nombreuses vulnérabilités dont un taux de croissance, en moyenne, inférieur à celui des autres pays européens ; la pandémie est venue aggraver cette situation.
C’est dans ce contexte qu’intervient le plan de relance qui s’articule autour de trois axes touchant à l’écologie, à la compétitivité et à la cohésion. Des mesures y sont ciblées comme la rénovation thermique des bâtiments, l’aide à la décarbonisation de l’industrie, la transformation du secteur agricole, la recherche et l’innovation, le Ségur de la santé, etc.
Ce plan qui s’apparente à un plan d’ajustement structurel n’est pas, de notre point de vue, la bonne réponse face à la crise pour plusieurs raisons.
Premièrement, les mesures ciblées ont plutôt un impact sur le moyen et long terme au regard de leurs délais de mise en œuvre. Or, compte tenu des risques de précarisation de la population française du fait de la pandémie, il faut sans doute à la France un plan de redressement économique et financier à court terme dont les effets immédiats permettent de maintenir l’emploi et les revenus et de booster le moral des acteurs...
Deuxièmement, la mise en œuvre d’un plan requiert une analyse lucide des contraintes internes et externes et des opportunités et menaces de l’environnement. Sur ce point, les dix premiers partenaires économiques de la France font face à des risques prononcés de récession économique en 2020. Ensuite, les préoccupations budgétaires liées à des moins-values réelles de recettes fiscales (66 milliards d’euros escomptés en 2020) et les mesures nouvelles de réorientation des crédits vers des secteurs sociaux consécutives à la gestion de la pandémie créent à coup sûr des effets d'éviction sur les projets en cours d'exécution.
La relance semble aussi difficile en tenant compte des pertes de pouvoir d'achat liées à la recrudescence du chômage, aux mesures de confinement qui ont freiné le rythme de travail notamment chez les acteurs à revenus modestes sans possibilité de télé-travailler. Autant de facteurs qui vont forcément avoir des incidences sur la consommation des ménages. D'après le baromètre CSA/Cofidis, quatre Français sur dix se disent financièrement affaiblis par la situation dans le pays. Enfin, du côté de l’investissement, le sentiment de se projeter dans un avenir incertain du fait de la pandémie justifiera des attitudes évidentes de précaution chez les investisseurs malgré des taux d’intérêt négatifs.
En outre, les politiques de relocalisation systématique d’activités industrielles mal pensées ne sont pas une solution pour des raisons évidentes liées aux problèmes de compétitivité que rencontre l’économie française.
Au regard de ce qui précède, il faudrait sans doute à la France un plan de redressement à court terme axé sur des résultats immédiats.
Dans cette nouvelle stratégie qui semble plus pertinente, il faudrait de nouveaux paradigmes face à une situation économique d’exception : il convient de sortir des logiques classiques tendant à miser sur la création systématique d’emplois par des entreprises mais à repenser profondément les dogmes en termes d’emplois et de mobilité professionnelle. Il conviendrait de dérouler des programmes massifs d’infrastructures publiques, notamment dans la santé, les économies d’énergie et les travaux d’intérêts publics pour donner des revenus et relancer la consommation. Il s’agirait aussi d’œuvrer en faveur de politiques responsables visant à mieux gérer l’existant, mener des réformes d’urgence salutaires pour désinvestir s'il le faut, annuler les postes budgétaires non prioritaires, relire les contrats en cours afin de bien gérer les contentieux mais aussi recapitaliser les entreprises à fort potentiel disposant de perspectives réelles de croissance.
Sur le plan de l’endettement, enfin, la France pourrait demander à ses créanciers la restructuration de sa dette afin de la rendre plus soutenable et disposer de plus de manœuvre budgétaire. Bien entendu, en accord avec ses partenaires européens, elle devrait aussi concomitamment développer un plaidoyer en faveur du déplafonnement temporaire de certains critères du Pacte de stabilité et de croissance.
Évidemment, dans la mise en œuvre du plan, il faudrait rapidement réfléchir à un mécanisme institutionnel efficient capable de contourner les rigidités de l’administration publique.
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