Planquez vos brebis : le loup est bien de retour dans le Lot (et ailleurs) !

loup

Nicolas Gauthier nous a tout dit en septembre dernier sur les atermoiements de la Commission européenne au sujet des loups : après avoir encouragé leur réimplantation et interdit leur abattage, elle a fait (en partie) machine arrière. Ursula von der Leyen aurait eu un éclair de lucidité après avoir pleuré son vieux poney Dolly, tué par un loup !

En ce début de vacances pluvieuses et moroses, c'est d'un de nos plus beaux départements ruraux, le Lot, que nous viennent d'inquiétantes nouvelles du loup. La Dépêche, qui suit le dossier de près, nous apprend que le très officiel « comité départemental Loup et activités d’élevage » qui s'est réuni fin juin sous la présidence du préfet du Lot a « confirmé les craintes des éleveurs : le prédateur est de retour dans le département, et déjà cinq attaques lui sont imputées.»

Le loup dans le Lot, c'est une très vieille histoire. Je ne veux pas parler du monde d'avant le dernier loup de France, officiellement abattu en 1934, non, mais du loup nouveau : en juin 2022, un loup avait déjà attaqué plusieurs troupeaux. Il fut abattu en août 2023. Visiblement, ce n'était pas le seul loup du Lot. En effet, en mai dernier, deux troupeaux de brebis avaient été attaqués « le 15 mai à Loubressac et le 17 mai à Saint-Sozy».

Un faisceau d'indices accablants

Notre comité départemental accumule les preuves de la présence du loup au fil d'expertises minutieuses : 11 exploitations ont été attaquées, avec un bilan de 24 ovins morts et 33 blessés. «Dans cinq cas, les expertises réalisées ont conduit à ne pas écarter la responsabilité du loup, six autres cas étant encore en cours d’expertise.» Mais la preuve a été fournie par une vidéo prise à Sauliac-sur-Célé le 26 juin.

Des moyens de défense encadrés

Tout aussi codifiés que l'enquête, les moyens de défense existent cependant pour les éleveurs. Ils peuvent faire des demandes de financement auprès de la Direction départementale des territoires (DDT) du Lot avant le 31 juillet 2024, par exemple pour l'acquisition de chiens de défense. Mais les éleveurs déjà victimes des prédations du loup peuvent bénéficier de dix kits de clôtures électriques mobiles acquis par l’État et mis à disposition de la chambre d’agriculture.

Pour les tirs de défense, les éleveurs doivent se conformer au cadre fixé par le nouveau Plan National d’Action Loup et Activités d’élevage 2024-2029 : ils ne peuvent être mis en œuvre que « par arrêté préfectoral sur demande des éleveurs ayant subi des attaques pour lesquelles la responsabilité du loup n’est pas écartée, et sous condition préalable que des mesures de protection du troupeau soient mises en place ». Ils doivent en outre être réalisés sous la supervision d’un louvetier ou de l’Office français de la biodiversité (OFB) et dans le respect du plafond national de prélèvement garantissant la conservation de l’espèce. Par ailleurs, ce plan loup a prévu une revalorisation de l’indemnisation des éleveurs victimes.

Pour mesurer l'ampleur des problèmes causés par le loup aux troupeaux, regardez ce témoignage d'un éleveur du Lot. « C'est le loup ou nous ! », nous dit-il.

Le Lot, pas isolé

Mais, en ce début d'été 2024, il n'y a pas que dans le Lot que le loup a de nouveau pointé ses oreilles et ses crocs pointus. Sa présence est fortement suspectée dans le Limousin voisin, en Corrèze, en Creuse et peut-être en Haute-Vienne. Et comme les loups ne connaissent pas les frontières départementales, leur présence est aussi fortement probable en Dordogne. Il se pourrait qu'il arrive aussi rapidement dans le département limitrophe du Lot-et-Garonne. Evidemment, les loups gris sont encore plus présents dans le Sud-Est, comme le montrent les cartes de l'OFB.

Sur les contradictions en termes de biodiversité induites par le soutien institutionnel à la réintroduction du loup, regardez ce témoignage d'un éleveur vosgien.

Ce retour du loup a quelque chose de sainement inquiétant : il nous ramène à nos peurs ataviques, nous relie à notre culture millénaire, et nous rappelle que rien n'est jamais acquis. Par ce retour au réel, en ce jour anniversaire de la naissance de La Fontaine, et lendemain d'élections, et parce que sa réintroduction est aussi devenue un clivage politique, le loup pourrait encore nous inspirer quelques fables.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

29 commentaires

  1. L’auteur de l’article, en dépit de son érudition, nous parle de « ré-introduction » du loup. Or, il est prouvé que le loup italien a franchi la frontière du Mercantour sans l’aide de personne ! Je suis toujours surprise que cette évidence soit contestée quand on sait qu’un loup solitaire peut effectuer des milliers de kilomètres pour se trouver un territoire ! Le loup a régulé les populations de sangliers, alors que ces animaux, en surnombre, causaient des dégâts. Mais les chasseurs y voient des concurrents et s’insurgent : ils craignent de ne plus pouvoir chasser le sanglier… Je milite évidemment pour les mesures de protections pour les bergers. Certaines mesures d’effarouchement ont été abandonnées, dommage, pour laisser la part belle aux armes à feu. Car, contrairement à ce qui est dit, le quota imposé par an pour tuer les loups s’élève à plus de 100 ! L’humain doit réapprendre à respecter la biodiversité.

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