« Plus de fermeté sur l’immigration » ? Le bilan d’Édouard Philippe à Matignon…

Capture d’écran © BFMTV
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Ce début septembre, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2027... sans susciter plus d’émoi médiatique que ça. Il est vrai que son positionnement « ni RN ni LFI » n’a rien de politiquement très sexy.

Pourtant, l’homme ne ménage pas ses efforts ; d’où la publication à venir d’un livre d’entretiens co-signé avec Tugdual Denis, directeur de la rédaction de Valeurs actuelles. Un signe envoyé à l’électorat de droite ? C'est d’autant plus plausible que notre homme exige, désormais, « plus de fermeté, d’efficacité et de contrôle sur l’immigration ». La ficelle est grosse. Aussi grosse qu’une corde, dira-t-on.

Une fermeté très relative

Car en la matière, le maire du Havre n’a pas toujours brillé par sa « fermeté ». Et ne parlons même pas de « contrôle et d’efficacité », il est d’ailleurs le premier à l’admettre. Ainsi, en 2019, il disait à l’occasion d’un débat parlementaire sur le sujet : « Depuis deux ans [passés à Matignon, NDLR], nous menons une politique d’immigration sans coups de menton et sans naïveté. […] Mais nous n’avons pas atteint tous nos objectifs. » Vraiment ?

Le même livrait cette feuille de route : « Nous devons poursuivre nos efforts et faire mieux. » Fort bien. Mais cela ne l’empêche évidemment pas de retomber dans la doxa dominante, puisqu'il dénonce « les fausses solutions comme "l’immigration zéro", dont on sait qu’elle n’a jamais existé dans le passé et qu’on l'imagine encore moins dans un monde ouvert et hyper-connecté ». Le tableau ne serait pas complet sans l’inévitable coup de patte contre la droite de la droite, alors incarnée par Éric Zemmour qui se tâtait pour briguer la magistrature suprême. Philippe tenait pour infamie « l’immigration de remplacement, vocable d’une laideur certaine, qui fait appel aux ressorts les plus détestables du complotisme ». Emballez, c’est pesé !

Les statistiques contre lui ?

Son remède d’alors ? Ne pas « exclure l’idée de quotas ». De l’art de gérer l’afflux migratoire plutôt que d’en tarir la source ; bref, de faire semblant d’accompagner un phénomène qui le dépasse manifestement. Quelle audace ! Au fait, quels sont les résultats de sa politique migratoire ? Les statistiques de l’INSEE sont parlantes et même un Sébastien Delogu saurait les déchiffrer. Pour résumer, l’afflux d’immigrés n’a cessé de croître durant son mandat. 261.000 en 2017, 273.000 en 2018. Néanmoins, le millésime 2019 accuse une légère baisse, avec seulement 272.000 nouveaux arrivants. Notons que cette courbe ne prend pas en compte l’immigration clandestine, par nature délicate à évaluer.

Sauvé par le Covid ?

Quant à 2020, sa dernière année passée à Matignon, Édouard Philippe pourrait s’enorgueillir des fruits de sa politique, notre pays n’ayant ouvert la porte « qu’à » seulement… 218.000 étrangers. Seulement voilà, il s’agissait de l’année du Covid ! Des statistiques par ailleurs confirmées par le très officiel site Vie publique : « En 2020, la France a délivré 712.317 visas, contre 3.534.999 en 2019, soit une baisse de 79,8 %. » Au rang de ces derniers, « la Chine, traditionnellement premier pays d’origine des titulaires de visas, passe à la quatrième place, derrière le Maroc, la Russie et l’Algérie ». On notera que la pandémie n’avait rien pour effrayer les ressortissants du Maghreb…

Bref, plus qu’Édouard Philippe, c’est le Covid qui aura, un temps, contribué à faire baisser la déferlante migratoire. Choisir entre une nouvelle épidémie mondiale et notre nouvel aspirant à l’Élysée ? Opter pour la peste plutôt que le choléra ? L’électeur aura toujours le droit de s’abstenir. On ne lui en voudra pas.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Emmanuel Macron a toujours appliqué la politique européenne migratoire sans se soucier des conséquences pour la France . L’invasion migratoire a provoqué la montée des partis hostiles à l’immigration , certains dirigeants réagissent , en Allemagne contrôlés aux frontières , en France aucune réaction sauf se lamenter sur la montée du RN et stigmatiser les électeurs du RN .

  2. Laisser entrer tout le monde et choisir ensuite est une méthode suicidaire pour notre société . les conséquences sont catastrophiques , coût pour les finances publiques , insécurité , problèmes dans l’éducation , terrorisme islamiste .

  3. Cet homme qui a enfermé les français durant des mois a un culot extraordinaire de se déclarer candidat au poste suprême mais il a raison car les français sont aveugles sourds et sans mémoire.
    Pauvre France malmenée par les tiens qui acceptent sans broncher leur remplacement prochain.

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