[POINT DE VUE] 2025 : Tout pour l’écologie et tans pis pour les gueux !

@Chabe01/Wikimedia commons
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En matière d’écologie, dans notre pays, le principe qui commande toute décision législative ou règlementaire est l’exemplarité ! C’est le complexe du premier de la classe qui ne supporte pas d’être dépassé, devancé. Ainsi, depuis le 1er janvier, les villes de plus de 150.000 habitants doivent mettre en place des « ZFE », ou zones à faibles émissions, dans lesquelles les véhicules considérés comme polluants sont soumis à une interdiction de circulation. Dans certaines grandes agglomérations qui se veulent exemplaires ou qui sont sous la direction ou le « pontificat » d’écologistes proclamés, ce sont seulement les véhicules ayant droit aux vignettes Crit’Air 1 et 2 qui ont droit de cité. Cela revient à empêcher environ 21 % du parc automobile de circuler en ville.

De telles interdictions doivent être appréciées dans leurs conséquences sur le quotidien de la vie des habitants. C’est ainsi que les populations les moins fortunées sont sanctionnées dans leur liberté de déplacement, faute d’avoir les moyens financiers pour changer de véhicule. On a oublié que l’on ne se déplace pas seulement pour le plaisir, mais qu’il est souvent indispensable d’avoir un véhicule pour aller travailler, répondre à un rendez-vous médical, assurer le transport des enfants pour leur scolarité ou leurs loisirs et aussi pour s’approvisionner. Les populations exclues des centres-villes seront limitées à la périphérie, confortant ainsi le rôle de plus en plus dominant des grandes enseignes de distribution au détriment des commerces dits de proximité. C’est aussi une mesure particulièrement pénalisante pour les jeunes pour qui, sauf exception due à la situation parentale, le premier véhicule est forcément ancien, peu cher et ne répond pas à ces nouvelles contraintes. Il est pourtant très souvent l’équipement indispensable pour accéder à un premier emploi. Selon que vous serez Crit’Air 1 ou 2 ou 3 et la suite, vous serez considérés et on saura si vous êtes riches ou pas.

Depuis le 1er janvier, les logements classés « G » pour leurs déperditions énergétiques ne peuvent plus être loués. Là aussi, la sanction tombe sur ceux qui n’ont pas les moyens financiers d’entreprendre des travaux d’isolation souvent très coûteux. Combien de retraités voient leur niveau de vie conforté par l’apport d’un loyer, résultat d’un investissement immobilier fait au prix d’économies tout au long de la vie active et dans le but d’« assurer les vieux jours » ! Non seulement ils vont perdre le revenu, mais ils devront continuer d’assumer les charges, impôt foncier, assurance et quelquefois une taxe d’habitation ! Certains profiteront de l’aubaine pour acheter ces biens à des prix dérisoires, le point final étant, à terme, l’interdiction de vendre. Et on manque de logements disponibles... Les propriétaires qui ont des biens classés « F » subiront, ensuite, le même sort. Ici aussi, seuls les gens ayant des moyens financiers pour répondre à ce délire écologique pourront faire face. L’écologie est une politique qui favorise les riches, exclut les « gueux » alors que les écologistes se disent gens de « gauche » !

Personnellement, cette législation et ce qui en découle me révoltent pour leurs conséquences sur les populations qui ont le plus de besoins et le moins de moyens, mais surtout parce que notre pays, qui représente environ 1 % de la population de la planète, est à l’origine de 0,9 % de la production de CO2 [gaz carbonique, NDLR].

Le but est de diviser par deux ce résultat. Chacun peut imaginer l’impact que nous aurons sur le climat de la planète. Un maximum de contraintes pour un minimum de résultats.

Et pour être exemplaire, pour justifier les charges et contraintes qui font mal aux plus modestes, on nous annonce des catastrophes climatiques pour dans 50 ou 100 ans, alors que l’on ne peut garantir le temps qu’il fera dans une semaine. Pour toutes ces décisions, il faudrait peut-être laisser du temps au temps !

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Jean-Louis Esperce
Avocat honoraire. Ancien Bâtonnier.

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Je suis d’accord avec tout ce que vous écrivez mais votre conclusion n’est pas à la hauteur de votre argumentaire. Prévoir le climat futur ou reconstituer celui du passé n’a rien à voir avec faire des prévisions météorologiques. On peut connaître le climat d’il y a 10 000 ans sans pour autant dire quel temps il faisait tel jour à tel endroit de la planète. On peut dire que dans le prochain siècle les hivers seront plus froids que les étés en Europe sans pour autant savoir quel temps il fera le 15 septembre 2050 à Limoges. Au plaisir de vous lire à nouveau.

  2. les bobos et le climat, on en voit tous les WE dans nos campagnes, ce sont les mêmes qui étaient à la Bastille il y a quelques jours, des emmerdeurs qui pourrissent tout ce qu’ils croisent parce qu’ils sont soit disant supérieurs ils viennent de Paris, il serait temps de changer de capitale, les USA ont Washington et non New-York, l’Australie a Canberra et non Sidney, l’Afrique du Sud a Prétoria et non Le Cap, etc etc, on en a marre de ces bobos qui veulent dicter leurs lois dans tout le pays.

  3. L’écologie politique est une pathologie mentale. D’un côté, les khmers verts dénoncent la bétonisation et idolâtrent les constructions en bois, d’un autre côté, ces mêmes hurluberlus souhaitent réensauvager les forêts et faire cesser la gestion sylvicole. On ne peut plus trouver contradictoire , mais nous ne sommes plus à ça près dans le monde merveilleux de la décroissance.

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