[POINT DE VUE] Boites de nuit : autre temps, autres mœurs…

@CC BY_SA 4.0
@CC BY_SA 4.0

Après le meurtre au couteau de Kilian à la sortie d'une discothèque (l'auteur présumé serait un Algérien de 24 ans), à côté des déplorations d’usage, c’est l’occasion d’évoquer l’évolution des lieux de plaisir nocturnes, surtout pour ceux qui ne les fréquentent plus depuis longtemps.

Au temps des boomers, on pouvait s’y rendre tranquillement, les pouces sous les bretelles, après évaluation liminaire par des « portiers » qui, comme dans les casinos, n’avaient nul besoin d’être culturistes, ou même par des « portières ». Car y pénétrer avec des « sneakers » était rigoureusement inenvisageable. Et très exceptionnellement, quelques coups pouvaient s’échanger à l’extérieur entre gens qui n’avaient pas la même conception de la « drague ».

Avec l’arrivée des substances illicites, les formalités d’entrée se firent un peu plus rudes, avec des fouilles sommaires qui eurent toutefois peu d’effet sur leur pénétration. On vit alors devant les toilettes - généralement composées de trois fois plus d’urinoirs que de cabines -, s’allonger des files d’attente qui avaient peu à voir avoir ce que les enseignants de médecine appelaient jadis la « vidange des émonctoires pelviens » ; mais beaucoup plus avec le reniflage de ce qui fit la fortune de Pablo Escobar. Parallèlement, la boisson la plus vendue devint l’eau minérale, car ces substances accélèrent le métabolisme, font transpirer et donnent grand soif.

Des bagarres trop souvent mortelles

Les discothèques les plus récentes ont intégré cette évolution en prévoyant des toilettes dotées de cabines beaucoup plus nombreuses, souvent équipées pour les besoins que l’on devine, de tablettes noires. En marbre pour les plus chics, en Formica® pour les plus modestes. On s’adapte ainsi aux consommateurs en recherche de discrétion ; mais pour les pilules, c’est à la vue de tous. Et le succès de ces dernières s’explique bien simplement : dans ces lieux, un comprimé de MDMA (ectasy) ou autre drogue « entactogène » (qui facilite le contact) est nettement moins cher qu’une vodka pour un ressenti plus « ludique », d’un meilleur rapport qualité/prix, pourrait-on dire. Le choix est vite fait.

Et si l’alcool a tendance à assoupir, les psychostimulants contribuent hélas comme leur nom l’indique, à facilement se prendre pour un champion de MMA porteur d’une cape d’invincibilité. Associés à une baisse du sur-moi et de la tolérance à la frustration, ainsi qu’au port d’arme, c’est peut-être l’explication de ces bagarres trop souvent mortelles pour des motifs qui n’auraient jadis entraîné que des blessures mineures.

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois