[Point de vue] Ce « sujet de vigilance » pour le ministre de la Culture
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Le 21 juin, c'est la fête de la Musique. Cette initiative de l'immortel Jack Lang, sous le premier septennat de Mitterrand, s'inscrivait dans une dynamique « festive », particulièrement bien disséquée par Philippe Muray. Au lieu du solstice et de ses bûchers, au lieu des feux de la Saint-Jean qui lui avaient succédé sans heurts, les Français auraient désormais, dans leurs rues, au cours de la nuit la plus longue de l'année, des concerts de pop-rock duplicables à l'infini, des concerts de rap, toutes enceintes hurlantes, des performances et des prestations, des happenings festifs et colorés. La volonté de démocratiser la musique avait guidé l'instauration de ce que Lang lui-même appelait une « fête politique ». Le divertissement n'est jamais innocent : il prend, depuis 1982, son sens pascalien, c'est-à-dire l'éloignement, par l'étourdissement frivole, des vraies questions métaphysiques - et, ici, de la réflexion politique. Patrick Buisson, dans Décadanse, cite cette phrase de Poniatowski sous Giscard, parlant des effets de la dépénalisation de la pornographie sur les classes populaires : « Pendant qu'ils se b.., ils nous foutent la paix. » Pendant qu'ils écoutent de la daube, c'est pareil. Et c'est tous les ans.
À l'occasion, donc, de cette fête laïque d'obligation, qui réalise sans le dire la déconstruction du calendrier chrétien, Rima Abdul-Malak, le ministre de la Culture, était l'invitée de LCI. Le journaliste lui a parlé d'un sujet brûlant : le prix des places de concert. L'inflation, encore une fois : c'est un mal nécessaire pour mettre l'économie russe à genoux, on le sait. Par ricochet, parmi d'autres biens de première nécessité, le prix des billets a augmenté dans les salles de concert et les festivals. Rima Abdul-Malak n'est pas du genre à laisser ce genre de drames se produire sans réagir. Alors voilà : parce que « c'est un sujet de vigilance au ministère, [sa] priorité, c'est d'aider les jeunes à aller dans les festivals ».
️ Prix des concerts & festivals : "C'est un sujet de vigilance au ministère. Ma priorité, c'est d'aider les jeunes à aller dans les festivals", estime @RimaAbdulMalak, ministre de la Culture
#LesMatinsLCI - @DamienFleurot #FeteDeLaMusique pic.twitter.com/aT0RpKxOFd
— LCI (@LCI) June 21, 2023
Au moins, c'est clair. La priorité du ministère de la Culture, avec des passes culture qui ne servent qu'à acheter des mangas, avec des enfants qui ne lisent pas (et qui, de plus en plus souvent, ne savent pas lire), avec la submersion de la sous-culture américaine, avec la fascination pour les codes de la délinquance, avec le déclin de la francophonie, désormais réduite à la propagande gauchiste de France 24, ce qui anime Rima Abdul-Malak, c'est... d'aider les jeunes à aller dans les festivals. Ils en rapporteront des acouphènes et des MST, mais en rapporteront-ils autre chose ? Pas sûr. Des « expériences », des « souvenirs » ? OK, mais est-ce bien cela, le rôle de la culture française ? Pouchkine écrivit ses premiers poèmes en français. Les traités diplomatiques étaient signés en français jusqu'au traité de Versailles. Le monde civilisé tout entier copia Versailles. Désormais, les garçons de France, dont le courage faisait trembler le monde, rêvent d'être footballeur, trafiquant, activiste écolo ou youtubeur, et les damoiselles de France, devant la beauté desquelles toute l'Europe rougissait, prostituée (pardon, « influenceuse ») à Dubaï ou dinde célibataire surdiplômée en sciences molles.
Pendant ce temps, le bateau coule, à un rythme constant, légèrement accéléré par le changement de population. Évidemment que les années 50 et 60 ne reviendront pas et que la nostalgie esthétique, comme le désespoir en politique selon Maurras, est une sottise absolue. Ne devenons pas les Viollet-le-Duc de la France d'avant. Pourtant, il suffit d'écouter certains reportages de l'INA auprès des enfants d'avant le désastre (1972 : Les enfants parlent de leurs lectures) ou de voir à quels livres, à quelle musique, s'intéressaient les jeunes de l'époque (1965 : Vivre rive droite ou rive gauche ?) pour ressentir une profonde, une incurable tristesse. Pendant qu'ils écoutent de la daube, ils nous foutent la paix. Moins de livres, moins de réflexion, moins de discussions, moins de musées, moins de culture en somme, mais des places à pas cher pour des générations de crétins. J'imagine qu'il faut dire merci.
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30 commentaires
Fort bien vu. Je vois la réaction des gauchisants, des écolos et autres ultras « Quel phallocrate ! Quel ringard ! » . Et cependant, pour les esprits sains et ouverts, force est de constater que le vécu d’un grand nombre de français se calque sur cette vision de notre société ? Tout ce qui était considéré comme « valeur » est déconsidéré au profit de la futilité, du gadget, de la dégénérescence de l’être humain. Chaque jour nous apporte son lot de situations ubuesques considérées par le pouvoir comme « normales « car s’inscrivant dans une idéologie justifiée (cf E.Borne). Ils marchent sur la tête sans en être conscients et qui plus est se prennent au sérieux. La débilitée classée au rang des valeurs dignes de promotions.
Ce ministre de la dé-culture veut donc faciliter l’accès des jeunes aux concerts et aux festivals : à tous les concerts, mais ceux des rapeurs vomissant la France et appelant à l’éventration des femmes blanches enceintes ? Et pourquoi seulement les jeunes ? Encore et toujours de la discrimination. Demandez donc à ceux qui embauchaient habituellement des jeunes pour la saison touristique : non seulement ils ne se bousculent pas au portillon mais l’on n’en trouve plus. A croire que cette jeunesse n’a plus besoin d’occuper des emplois d’été pour financer leurs études ou se payer quelques vacances ou loisirs. Dans le site patrimonial dont je m’occupe, où nous privilégions jusqu’à présent l’emploi d’étudiants pour les 2 mois d’été, nous embaucherons pour cet été des pré-retraités, voire des retraités. Et nous ne sommes pas les seuls. Cherchez l’erreur ….
Soljenytsine disait qu’on assujetti mieux un peuple avec la pornographie qu’avec les miradors..
Idem pour le bruit discordant et assourdissant qu’on ose appeler « musique »
Ce tintamarre est à l’image de notre époque et comme la peinture et la littérature dans le style agressif on ne fait pas mieux. C’est ce que nous laisserons en héritage ..bien loin de Mozart et de Fragonard Tout un symbole..
Tristesse .
Inciter la jeunesse à courrir les festivals, écouter ce qui ne s’apparente pas toujours à de la musique, manger n’importe quoi, dormir n’importe où, absorber je ne sais quelles substances, voici donc une des priorités de la ministre. Lamentable. Je note quand même que Mme Abdul-Malak, généralement très mal attifée, est en net progrès. C’est toujours ça.
Pour que la fête de la musique soit vraiment une fête populaire et celle de la vraie musique, oui pour encourager tout amateur à jouer de la musique dans la rue ce soir-là, MAIS sans sono ! La sono donne artificiellement un pouvoir; celui d’écraser les autres sous leurs décibels.
Les vrais amateurs en jouant sans sono respecteraient les passants et les autres musiciens, pour le bien de tous et pour la qualité des sons.
Mais il est vrai que les notions de respect d’autrui sont bien désuètes aujourd’hui…
La sous culture d’une population permet sa manipulation
L’agitation, souvent cette prétendue musique n’est rien d’autre empêche toute réflexion intellectuelle, encore moins spirituelle. Je me souviens que, jeune étudiante, j’avais fui les débordements de la Sorbonne pour me réfugier chez moi et lire la Bible. Cette magifique expérience a guidé ma vie…
si triste et si vrai
Il paraît que les français épargnent beaucoup en ce moment, ne serait-ce pas pour préparer leur émigration vers des pays où les dirigeants politiques sont plus compétents ?
Je ne suis pas certaine qu’il y ait beaucoup de pays ou les dirigeants politiques soient plus compétents, la Hongrie ? peut être car elle protège le peuple des « bêtises » venues des US à fin de destruction de notre société occidentale, pour les autres l’immoralité est de mise en même temps que l’inculture.
Hélas, trois fois hélas ! Mais à qui la faute? À Nous parents et grands-parents ! À ceux qui ont laissé et laissé faire tous ces politiques par un mauvais vote, qui baissent les bras par manque de courage ou plus certainement parce qu’ils se sentent impuissants ou ne veulent pas passer pour des rétrogrades, mais surtout, sont devenus des moutons, crédules et prêts à tous les compromis. Attendons les prochaines élections pour un démenti !!!
La décadence de la France avance bien avec le concours de tous les politicards du gouvernement, leur chef en tête. Pourrons-nous revenir en arrière, lever la tête, affronter la bêtise et surtout le woke et consort ? Oui, je le pense par notre attachement à nos terroirs, notre culture forte et la volonté des français de vivre dans un pays qui brillera à nouveau grâce à l’action de chacun.
Comme on aimerait vous croire ! Malheureusement, comme l’ écrivait Jean d’Ormesson: « jamais le monde n’a été aussi bas, aussi veule, aussi médiocre. Il ne croit plus en rien, si ce n’est à l’argent ». C’était en 20215, avant l’accession au pouvoir du destructeur de notre Histoire, élu et…réélu. Inutile de commenter davantage.
Plus dur sera la chute plus belle sera la victoire contre ce nihilisme. Les populations occidentales finiront pas se rebeller si elles ne veulent pas tomber dans l’asservissement totale. Au lieu de penser à d’Ormesson, je préfère penser à René Goscinny et Albert Uderzo et leur petit village de gaulois réfractaires.
Oh oui , triste : moi, à 6 ans (en 1957), c’était la » petite musique de nuit » de Mozart qui me mettait en transes; et les feuilletons policiers radiophoniques du samedi soir, si bien racontés… ( et puis aussi Gloria Lasso , et les pièces de Labiche..)
Les pièces de Eugène Labiche, Georges Feydeau, Alfred Hennequin, Courteline, Scribe, leurs pièces jouées au théâtre de Molière, et ailleurs, dans les années 50/60, que du bonheur. Bonheur perdu.
Oui : et Feydeau : Bonheur perdu ! ( il y a d’ailleurs une des » romance sans parole » de Felix Mendelssohn qui porte ce titre..)
Grand merci donc…
Quel gâchis!
Le ministère de la culture et celui de l’éducation, cheminent main dans la main, pour conduire les jeunes générations vers l’ignorance et la médiocrité…
Tout à fait de votre avis …c’est plus facile de manipuler les ignorants et les imbeciles .
ce gouffre s’est déja ouvert depuis 40 années ( ignorance et médiocrité) : association de la télé pour tous les foyers et du collège pour tous sans redoublement..