[Point de vue] « Choc des savoirs » de Gabriel Attal : lard ou cochon ?

Gabriel Attal

Quand Gabriel Attal évoque un « choc des savoirs », qu'il crée une mission « exigence des savoirs », qu'il insiste sur la nécessité de faire acquérir aux élèves les « savoirs fondamentaux », on pourrait se dire qu'il a enfin décidé – ce qui devrait être une évidence – de remettre « le savoir au centre du système éducatif ». Mais, à supposer que ses propos soient sincères et dénués de quelque arrière-pensée politique, il devrait donner quelques signes tangibles de sa détermination.

Limite des pédagogies innovantes

Et, pour commencer, remettre en cause la loi Jospin de 1989 qui, dans son annexe, place « l'élève au centre du système éducatif », expression qui en résume tout l'esprit. Ce n'est un secret pour personne que cette loi d'orientation sur l'éducation, avec laquelle les lois postérieures n'ont jamais rompu, a subi l'influence profonde des « pédagogies innovantes » et du « pédagogisme », bien en cour rue de Grenelle, qui ont largement contribué à conduire l'enseignement dans la situation où il se trouve actuellement.

Gabriel Attal devrait également supprimer instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation (INSPE), héritiers des IUFM, ces « instituts universitaires de formation des maîtres » que la même loi avait créés pour remplacer les écoles normales formant les instituteurs et les centres pédagogiques régionaux (CPR) formant les professeurs des lycées et collèges. La philosophie de ces instituts est, en effet, empreinte des principes du pédagogisme qu'on veut inculquer à tous les enseignants.

Certes, Emmanuel Macron lui-même, fidèlement suivi par son ministre, a déclaré vouloir « réinventer nos bonnes vieilles écoles normales », n'hésitant pas à se référer aux « hussards de la République », comme s'il suffisait de changer les mots pour changer le système et rompre avec l'idéologie dominante. Dans son discours, comme dans celui de Gabriel Attal, il est difficile de dissocier la pure communication de la volonté politique, mais force est de constater, par expérience, qu'ils ont tendance à substituer les paroles aux actes.

Remettre le savoir au centre

Emmanuel Macron prétend vouloir éviter les cursus universitaires « disproportionnés » et « permettre à nos jeunes bacheliers et bachelières qui veulent aller vers ce beau métier d'être formés aux savoirs fondamentaux nécessaires au métier d'enseignant dès l'après-bac ». Encore faudrait-il que les lycéens qui se destinent à l'enseignement fussent déjà sélectionnés sur leur maîtrise des savoirs et que la formation qu'ils recevraient ensuite ne se contentât pas de leur faire faire des stages pour pallier le manque de professeurs. Car rien ne fera jamais qu'on puisse enseigner correctement une discipline qu'on ne domine pas soi-même.

Si l'on veut véritablement remédier à la crise de l'enseignement, si l'on veut attirer vers le métier de professeur les meilleurs des étudiants, il faut remettre résolument le savoir au centre du système éducatif : dans l'instruction des élèves, il va de soi, mais aussi dans la formation des professeurs. Quand on sait que l'UNSA-Éducation, proche de la gauche et héritière de la FEN (Fédération de l'Éducation nationale), qui soutint en 1975 la réforme Haby du collège unique, déclare, dans un communiqué du 6 octobre, que « L’École de tous, l’École pour tous, n’est pas l’École des savoirs », on se dit que Gabriel Attal a encore beaucoup de travail à faire, s'il veut être crédible.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Tous ces beaux parleurs du gouvernement sont aujourd’hui à la place qu’ils occupent grâce à quelle genre d’enseignement reçu?… Les vieilles méthodes rétrogrades?…L’école d’autrefois?…OUI!

  2. Que l’on commence déjà à remettre dans le circuit de l’enseignement tous ces inutiles « détachés » qui font flores au Ministère de l’Education Nationale. Ainsi serait réglé en partie le manque de profs et d’instits.et il constateraient de visu le bien fondé de leur réforme !!! Et puis que l’on revienne aux bonnes vieilles méthodes ( qui n’ont plus rien à prouver) qui , elles, sont mises en application dans les écoles privées ou les ministres et autres députés inscrivent leur progéniture CAR eux ils connaissent l’état de décomposition de l’E.N.

  3. Que Mr ATTAL m’explique la raison pour laquelle au moins une classe de 3ième du Collège Jules Vernes de Bourges compte 9 élèves étrangers « allophones » ne parlant ni ne comprenant le français. Je ne comprends pas ce qu’ils font là à nos frais. Est-ce pour mieux éduquer les élèves français ?

  4. Attal que dire un opportuniste , un arriviste qui ne pense qu’à vivre au grand jour son homosexualité en toute lumière que son patron apprécie et soutien fortement ( voir le nombre d’homo et lesb . A ce gouvernement et cette assemblée) parole, paroles rien que des mots sans résonance

  5. Si Gabriel Attal veut être « vraiment » crédible, il lui suffit de révoquer tous les pédagogistes de la rue de Grenelle qui font de l’éducation nationale un état dans l’état, aidés en cela par les syndicats gauchistes d’enseignants, dont les adhérents ont, justement, été formés par ces pédagogues.

  6. L’équation nous semble pourtant simple à résoudre : revenir à ce qui a fait les succès de l’Education Nationale. Des lettrés, des ingénieurs, des techniciens, des soignants qui ont produit les consommés les plus sophistiqués exploités à ce jour. Tout commence par la sélection. Horreur ! Un mot à écarter du vocabulaire. Et cependant, les classes scientifiques étaient d’un niveau nettement supérieur aux classes techniques. Personne ne s’en offusquait. Bien au contraire, les élèves du technique reconnaissaient leurs insuffisances ce qui ne privait pas certains de monter chez les scientifiques, et réciproquement. Une approche bien plus constructive que de vouloir tout mettre dans le même panier. Ce n’est qu’un aspect de ce qui se faisait de bien. Il serait possible d’en écrire des pages.

  7. ne décourageons pas tout de suite ces intentions louables dans leur principe. Mettons les à l’épreuve du concret.

  8. Il n’est pas plus crédible que son chef : enfumage et mensonges , un incapable comme ce gouvernement en compte beaucoup .

  9. Les hussards noirs ont formé et instruits des petits Français travailleurs et patriotes qui sont allés la fleur au fusil se faire tuer dans les tranchées. Depuis que De Gaulle a confié l’Instruction Publique aux Communistes à la fin de la 2 nde Guerre Mondiale nous constatons combien l’idéologie gauchiste a formé plusieurs générations à un égalitarisme abêtissant. De Gaulle ne voulait pas donner aux Communistes liés à l’URSS le ministère de la Guerre, il leur a concédé celui de l’Education. Gravissime erreur que nous payons toujours et qui obère le présent et l’avenir de la France.

  10. DU lard ou du cochon ? Avec ses guguss, je crains à chaque fois le pire. Si tout est bon dans le cochon, je crains quand même ce qu’il de plus pestilentiel.

  11. Attal c’est le ministre qui a supprimé une communication de son propre ministère parcequ’ elle présentait trop d’enfants blancs. En France….

  12. Nous sommes nombreux, monsieur Kerlouan, à partager vos craintes. Depuis trop d’années, nous sommes inondés de promesses: jamais tenues.

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