[POINT DE VUE] Chute d’Assad en Syrie : qui sont ces « rebelles » ?
![SYRIE Capture d'écran CNN](https://media.bvoltaire.fr/file/Bvoltaire/2024/12/IL20241208162540-syrie-929x522.png)
L’actualité occidentale a éclipsé cette nouvelle objectivement terrible : le régime de Bachar el-Assad, en Syrie, vient de tomber. Dans les rues de Damas, les colonnes de ceux que l’on appelle pudiquement « les rebelles » paradent tandis que les statues des Assad sont déboulonnées et que le palais du dictateur déchu est livré au pillage, comme on pouvait le voir ce dimanche soir, sur TF1. Il y a beaucoup de leçons à tirer de cette offensive. Des leçons pour la région comme pour nous-mêmes.
La Russie, qui avait dégarni le front levantin pour se recentrer sur l’Ukraine, n’a pas pu aider son vieil allié. Bachar el-Assad s’est enfui, emportant certainement avec lui la douce Asma et leurs enfants. Ce n’était pas un démocrate, ce n’était pas un philanthrope, c’était même un dictateur impitoyable, en cela digne héritier de son père Hafez, dont le nom de famille originel n’était pas el-Assad (« le lion ») mais « al-Hawch » (« la bête sauvage »). Nomen omen, disaient les Romains, le nom est un présage, et la famille Assad - le clan Assad, pour les journalistes - avait mérité le sien.
Pourtant, la Syrie était l’un des derniers États à peu près stables de la région, malgré les attaques internes et les invasions étrangères (comme celle de la Turquie, fin 2019). Ce précaire équilibre s’est rompu en une semaine, sous la pression d’un rezzou massif et agressif, avec des victoires dont les vidéos ont été abondamment relayées sur X et Telegram. Dans les rues de Palmyre, on brandissait à nouveau le drapeau noir frappé de la chahada, tandis que des soldats barbus, l’index vers le ciel, remerciaient Allah pour la victoire. Ces « rebelles » avaient tout de même furieusement l’air de ressembler à des islamistes, et pour cause : leur principale composante est le Hayat Tahrir al-Sham (organisation de libération du Levant, en arabe), HTS en forme courte, qui fut à l’origine, sous le nom de Front al-Nosra, une branche d’al-Qaïda en Syrie. Vous savez, al-Nosra qui faisait « du bon boulot », comme disait alors Laurent Fabius.
Le chef de cette bande vient d’être désigné comme président de la Syrie. C’est un islamiste « radical pragmatique », selon l’AFP, qui manie les pincettes comme personne, un brave garçon qui a fait cinq ans de prison en Irak avant de fonder al-Nosra, préférant al-Qaïda à Daech. À l’instar de tous les djihadistes, Ahmed al-Chareh a jadis adopté un nom de guerre composé, selon la tradition, du prénom de son fils aîné et de sa région d’origine, en entrant dans la clandestinité : Abou Mohammed al-Jolani. C'est sous ce nom qu'il est désormais chef d'État. Al-Jolani signifie « originaire du Golan », car Israël a chassé sa famille de la région. Là aussi, nomen omen : ce week-end, Israël se réjouit de la chute de Bachar et annonce immédiatement que les accords du Golan, signés en 1967, sont rompus. L’État hébreu va pouvoir relancer des opérations de prédation sur le territoire syrien, tandis que le nouveau président syrien est prêt à se battre jusqu'à la mort pour le plateau du Golan.
Et la France ? Elle sourit. Elle est contente. Dans cet éternel recommencement, Emmanuel Macron salue, sur X, la chute du dictateur syrien. Croit-il que cela ira mieux avec al-Jolani ? On en reparle dans quelques mois.
L’État de barbarie est tombé. Enfin.
Je rends hommage au peuple syrien, à son courage, à sa patience. Dans ce moment d’incertitude, je forme pour lui des vœux de paix, de liberté et d’unité.
La France restera engagée pour la sécurité de tous au Moyen-Orient.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 8, 2024
Que les idéalistes regardent donc ce que sont devenus l’Irak après Saddam ou la Libye après Kadhafi. La leçon pour nous est assez inquiétante : un régime peut tomber en huit jours, quand une colonne de fanatiques ne rencontre qu’une population hébétée, une armée démissionnaire et des pouvoirs publics opportunistes. Du côté du Quai d’Orsay, on n’a pas encore envoyé Jean-Noël Barrot à Damas. La situation est tellement atroce qu’on n’a surtout pas besoin de lui.
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131 commentaires
Se rappeler l’article de Dominique JAMET sur les dictateurs, personnages ambigus disait-il: ceux-ci peuvent apporter au pays la stabilité et la continuité qui lui manque, dans la mesure où ce règne trouve sa limite dans le temps…
On peut être sûr d’une seule chose ; ce n’est pas une démocratie qui va s’installer à Damas.
Sous influence du Qatar, sponsor du nouvel homme fort, et la complicité de la Turquie qui a autorisé le renversement du régime, le pays ne déterminera pas son avenir.
Il risque fort d’être dépecé, mais sans part pour les Kurdes, qui seront la principale cible de la Turquie.
Tout cela commence bien mal.
La turquie et le qatar sont main dans la main avec les frères musulmans.
Pour faire bref, la Syrie passe d’une dictature à une autre. Le « printemps arabe » n’est pas la saison du renouveau…
J’ai l’impression que les Syriens ont échangé la peste contre le choléra. Etre « sauvés » par une horde de sauvages islamistes – pillards, en plus – ne me paraît pas de bonne augure: le peuple syrien sort d’un régime nord-coréen pour un régime afghan!
ils avaient la dictature !! maintenant ils auront la dictature et la charia..
Bonne analyse.
C’est le moment où jamais de fermer nos frontières .Laissons- les se battre sur leur territoire s’ils doivent le faire. S’ils le font chez nous ,on aura l’avantage , la joie de ramasser les pots cassés et de prendre des coups des deux côtés .Nous n’en avons pas assez, allons chercher ceux des autres pour faire bonne mesure.
A votre avis . Quels syriens vont -ils repartir ?
-300.000 syriens travaillent aux émirats arabes unis, ils sont en sécurité, un visa de 3 ans reconductible sous réserve d’avoir un contrat de travail.
Pas de possibilité d’obtenir la binationalité,ni de statut de réfugiers ; pas d’allocation sociales .Juste le logement et un billet par an pour repartir visiter la famille à Damas payé par l’employeur , le regroupement familial restreint .
En Europe plus d’un million de syriens , ayant le statut de réfugiés, certain ou leurs enfants auront la binationalité. Vivants en toute sécurité .
Des allocations sociales même en ne travaillant pas . La possibilité du regroupement familial.
De repartir en vacances a Damas .D’un autre côté 3 millions de syriens en turquie et au liban , vivant sans allocations, et de petits boulots en concurrence
, avec la population locale .
Ces gouvernement ne rêvent que de les virer en Syrie.
A votre avis qui va remigrer en syrie ??
Ici on connait ceux qui ont renversé Bachar el-Assad alors le voir comme un dictateur, on comprend tout.
Notre Président : « L’État de barbarie est tombé. Enfin. Je rends hommage au peuple syrien, à son courage, à sa patience. Dans ce moment d’incertitude, je forme pour lui des vœux de paix, de liberté et d’unité. ». L’histoire repasse les plats. Cela me rappelle l’Iran……..
Du rire aux larmes à venir. Certains veulent oublier la capacité de mensonge d’autres.
Daesh est revenu en pire. Les pauvres Syriens, et ceux qui manifestaient leur joie à Paris, vont pas tarder à comprendre. C’est copier /coller de l’Afganistan.
Exactement ce que je pense, voyons ce qu’il en sera dans un an…..
Avant de passer à l’acte, Anzorov, le tueur de Samuel Paty était en contact rapproché avec Hayat Tahrir al-Sham, ces rebelles islamistes qui ont pris le contrôle de Damas en Syrie.
C’est surprenant a la vitesse ou le régime syrien est tombé…. au moment ou tout le monde sait que la guerre en Ukraine est a un tournant, surtout depuis l’arrivée de Trump, les possibilités d’un accord de paix sont possible courant 2025, et ça en ennuie plus d’un dans les différents états profonds occidentaux.
la chute de Assad va permettre finalement de faire ce qui était prévu en 2010, le passage des gazoducs du Qatar a travers la Syrie pour fournir l’Europe… pour enlever des ressources a la Russie et au lieu d’être dépendant d’un pays Européen nous le serons d’un pays qui finance les frères musulmans et leurs cinquième colonnes qui sont bien installés chez nous…. on va finalement financer notre disparition a terme.
Pas faux , les frères musulmans sont interdits en Autriche et en Russie…..ils sont prévoyants
Il n’y a pas beaucoup de démocraties au Moyen Orient et Assad n’était pas le pire des chefs d’état ! Les syriens vont s’en tendre compte rapidement avec ces islamistes …….