[Point de vue] Constitutionnalisation de l’IVG. Surprise : Larcher est contre

Gérard_Larcher,_Président_du_Sénat_français,_Président_de_séance

On a parfois de bonnes surprises, comme ça. La journée se passe sans fantaisie, on a de menus tracas ; la radio vous confirme que ça n'ira pas mieux ; le train est en retard ou le feu rouge dure trois plombes... et puis là, comme ça, un moment de grâce. Le mot « grâce » n'est pas de ceux que l'on associerait spontanément au président du Sénat, c'est sûr, mais vous allez comprendre.

Gérard Larcher était, ce 23 janvier, l'invité de la matinale de France Info. On lui a évidemment demandé son opinion sur l'inscription de l'avortement dans la Constitution, puisque la commission des lois de l'Assemblée nationale a donné son feu vert.

Bref. Gérard Larcher a dit deux choses : d'abord, il a rappelé que la liberté de faire disparaître son enfant à naître n'était pas menacée. C'est, en effet, plutôt le contraire, puisque avec 230.000 avortements cette année, et 8 millions depuis 1975, c'est plutôt une pratique dont le succès ne se dément pas. L'exact contraire, au passage, de ce que défendait Simone Veil, pour qui l'avortement devait rester une exception. C'est le fameux effet cliquet.

Un catalogue de droits sociaux et sociétaux

Ensuite, en bon connaisseur du droit constitutionnel, il a dit ce que la Constitution n'était pas : « un catalogue de droits sociaux et sociétaux ». C'est, comme pour son premier argument, du simple bon sens. La Constitution est une base qui doit demeurer solide. Elle ne doit pas être idéologique - enfin, le moins possible. Elle ne doit pas graver dans le marbre des acquis sociétaux, comme on dit. Elle est au-dessus de ça, théoriquement. Il est étonnant (mais pas tant que ça) que la coterie de conseillers brillants qui préparent les grandes réformes de la Macronie ne l'ait pas compris.

Belle surprise, oui, que celle des propos du président du Sénat. La médiocrité louis-philipparde, ethos habituel du locataire du Luxembourg, ne laissait pourtant pas espérer grand-chose. Gérard Larcher a toujours été du côté du manche. Ses défenseurs diront que c'est la rondeur du Sénat, que de minimis non curat praetor et qu'il faut donc rester au-dessus des débats enflammés pour le bien de l'institution. Ce serait la tradition, quoi. On pouvait surtout se dire qu'il correspondait parfaitement à ce qui est attendu de lui, en tant qu'inamovible et gargantuesque patron de la chambre haute.

Cette fois, que nenni, Gérard, qu'on pensait indifférent, a secoué tous ses mentons dans un (raisonnable) non possumus. Le Sénat est, depuis Rome, le lieu de la pérennité et de la dignité. Ça ne fait pas de mal de s'en souvenir de temps à autre.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

51 commentaires

  1. Entre « être contre » et « voter contre », il y a un espace que nos amis LR ne franchissent pas souvent…

  2. Notre polichinelle de Président se plaint que les français ne font pas assez d’enfants et des irresponsables veulent que l’IVG soit inscrit dans notre constitution.Vraiment dans ce pays on marche sur la tête. Pour une fois Monsieur Larcher à eu une réaction lucide

  3. Il me semble que la fiabilité ne soit pas une qualité chez ce gargantuesque , il peut encore changer de position en étant bien travaillé en cela MLP peut être un support de choix , elle qui est favorable à la constitutionnalité , elle est rentrée dans le système et çà c’est dangereux .

  4. Contre l’IVG dans la constitution ? vous avez entièrement raison M. Larcher , ce sanctuaire de la République devrait être réservée exclusivement aux fondamentaux des droits de la citoyenneté . En l’espèce d’une part ce droit à l’avortement n’est nullement remis en cause (on l’aurait fait depuis 1975) , et le plus inadmissible est qu’une fois de plus on se réfère à la pensée woke d’Outre Atlantique, qu’une idée farfelue vienne de ces libres penseurs et voilà que la woke-sphère nationale s’enflamme . L’ exécutif aurait tout intérêt de s’atteler à une politique de la natalité au lieu de se plier aux exigences mortifères de ces minorités .

    • Un droit n’est pas une obligation…pensez à ces milliers de femmes qui durant des siècles sont mortes, toutes celles qui furent condamnées à la prison pour s’être faites avorter, pensez à toutes ces « faiseuses d’anges » qui ont pris des risques en aidant des femmes en détresse leur évitant peut être ainsi la mort…C’est ca qui était monstrueux! Faudrait-il revenir à ce temps là et prendre le risque de voir l’IVG redevenir un délit? L’IVG doit figurer dans la constitution mais uniquement en temps que DROIT constitutionnel.
      L’application de ce droit devant se référer aux textes du législateur sur les conditions légales d’avoir recours à l’IVG… Ce droit constitutionnel, indélébile nous protègera de régime totalitaire ou de quiconque pourrait du jour au lendemain l’interdire et le punir…

  5. Ce serait bien d’entendre un peu plus de témoignages de femmes regrettant leur IVG, tout comme celles qui ont fait des fausses couches. On entend tout de même assez sur France inter des femmes regrettant d’être mères. Par contre sur la constitution, est-il inscrit à l’intérieur le droit à la grossesse et à la maternité ?

  6. Je suis étonnée de la prise de conscience actuelle. On manque d’enfant et le fossoyeur à la tête de l’état veut une loi ivg.
    Droit au meurtre pour moi. Je rappelle qu’en 1999 déjà dans mon entourage des jeunes femmes ne voulaient pas d’enfant l’avenir leur faisant peur. Que de temps pour voir ce désastre.

  7. Il serait bon de rappeler que :
    – la constitution ne doit comporter que des sujets régaliens et non sociétaux.
    – les modifications de constitution ne se font qu’après un référendum auprès de TOUTE la population.
    … et non, comme disait Coluche, par des « milieux autorisés qui s’autorisent à penser dans leur milieu autorisé ».

    • La justice fait partie des 3 pouvoirs régaliens. Ainsi inscrire l’IVG est justice en ne condamnant pas la femme du simple fait d’y avoir recours… l’application et modalités sont ensuite du ressort du législateur. Les conditions peuvent être vues sur l’angle sociétal (religieux?) médical,

      • Non, l’IVG n’est pas justice à partir du moment où le médical devra s’y résoudre même s »il n’est pas d’accord. Comme pour le redoublement au collège, le médecin doit avoir le dernier mot pour ne pas céder aux « IVG de confort » (surtout quand le pays souffre d’infertilité)

  8. Tout à fait d’accord avec Gégé ! La Constitution ne doit pas être un fourre tout. En ce qui concerne l’IVG, rien ne la menace en France. J’ai simplement du mal à comprendre comment avec les moyens de contraception dont on dispose aujourd’hui, autant de femmes y ait encore recours.

  9. « Le Sénat est, depuis Rome, le lieu de la pérennité et de la dignité. Ça ne fait pas de mal de s’en souvenir de temps à autre. »

    C’est un gag ?

  10. Haaaa ! Décidément l’IVG c’est vach…..nt important, ça fait 40 ans qu’on nous bassine avec ça et ça n’avance pas d’un pouce. La preuve est que ceci est remis sur le tas pour occuper et détourner l’esprit des gens sur la réalité des sujets auquel il faudrait vraiment se pencher. Pathétique

  11. Pourquoi surprise ? Il est dans son rôle, les actes artificiels, et les déviances quelles qu’elles soient n’ont rien à faire dans la loi ! Les lois sont établies pour harmoniser la vie en société dans ce qu’elle a de naturel, et non concernant les relations intimes qui ne devraient jamais figurer de quelque manière que ce soit. Le simple fait de ne pas en parler, me semble-t-il est déjà preuve d’une certaine ouverture d’esprit.

  12. Que ce gouvernement, que Machiavel, s’applique déjà à faire respecter ce qui est inscrit dans la constitution et, tout particulièrement, la sécurité des biens et des personnes. Cette sécurité qui est en pleine décadence. De plus, n’a t’on pas aboli la peine de mort en France ? Alors, l’IVG dont on recule de plus en plus la date pour l’infliger à des foetus viables (ce qui n’a plus rien à voir avec la loi créée par Madame Weil !), n’est elle pas en contradiction avec l’abolition de la peine de mort. Et que devient donc le serment d’Hippocrate dans tout ça ? Va t’on encore l’adapter aux désirs voeux des féministes d’extrêmes gauche, ces féministes qui ne semblent pas choquées par les viols, les meurtres barbares proférés par le Hamas, l’envahissement des Afghans mâles au détriment des femmes qui sont, elle, persécutées, etc.

      • Justement pensons au viol…à ces femmes qui se retrouvent enceintes malgré elles, à ces femmes qui au cours des siècles et des siècles ont subi le droit de cuissage du supérieur, l’inceste père oncle, frère, le mari insatiable…Si tout ca aujourd’hui se dénonce et est devenu un délit voir un crime ca continue toujours plus ou moins… L’IVG de Simone Weil est une avancée humaine, pour la justice et le respect du statut de femme. On comprend bien après 40 ans de combat que ce droit est encore mis en danger. Seule la constitution peut l’inscrire « dans la pierre » pour ce droit oui, mais pas sans règles. Celles ci ne sont pas du ressort de la constitution mais du législateur.

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