[Point de vue ] Contre-offensive russe : Kiev sonne l’alarme

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Depuis le début du conflit et du fait de sa dépendance totale à l’aide occidentale, Volodymyr Zelensky se livre en continu à un périlleux numéro d’équilibriste. D’un côté, annoncer des victoires certaines à venir et une armée russe en déroute afin de s’assurer le maintien de l’aide internationale et, de l’autre, évoquer des difficultés et une armée russe menaçante afin de justifier les demandes d’accroissement de cette aide.

La presse occidentale n’est pas en reste et navigue, elle aussi, au milieu de ces contradictions, tirant des bords triomphalistes puis alarmistes au gré des déclarations des dirigeants de Kiev et de leurs soutiens de l’OTAN. Bien difficile, alors, pour le lecteur, surtout français, de s’y retrouver et de comprendre quoi que ce soit à l’évolution du conflit.

La semaine dernière, alors que l’hebdomadaire Marianne s’interrogeait pour savoir si l’Ukraine avait la « meilleure armée du monde » et que le général Yakovleff critiquait « l’aspect rigide et moutonnier de l’armée russe », une tout autre musique se faisait entendre dans la presse anglo-saxonne. La mélodie assez disgracieuse des sirènes d’alarme provenait notamment du magazine anglais The Economist qui ouvrait ses colonnes, le 15 décembre dernier, à Volodymyr Zelensky ainsi qu’au commandant des forces armées ukrainiennes, Valeri Zaloujny. Le ton se voulait grave : « La Russie masse des hommes et des armes pour une nouvelle offensive. Dès janvier, mais plus probablement au printemps, elle pourrait lancer une grande attaque depuis le Donbass à l'est, depuis le sud ou encore depuis la Biélorussie. » L’armée russe pourrait même tenter une nouvelle fois de prendre Kiev. Le général Zaloujny s'inquiétait : « Les Russes préparent environ 200.000 nouveaux soldats. » The Economist en tirait la conclusion attendue : « L'approvisionnement en armes doit augmenter, et vite. »

Dans cette perspective, on comprend beaucoup mieux les déclarations, en novembre dernier, du général Mark Milley, le chef d’état-major de l’armée américaine, qui incitait Kiev à « saisir le moment » pour négocier car la victoire de l’armée ukrainienne lui paraissait tout simplement hors de portée. On peut supposer que Milley avait en tête, à ce moment-là, la montée en puissance de l’armée russe et la perspective d’une offensive majeure à venir, préparée par la destruction régulière et méthodique des infrastructures civiles et militaires ukrainiennes.

Il semble bien, en effet, que l’état-major russe, sous la conduite du général Sourovikine, ait appris de ses erreurs et fait le choix, cette fois-ci, de reprendre les choses dans l’ordre en commençant par des bombardements massifs, comme les Occidentaux l’avaient fait en Serbie ou en Irak. Stratégie théorisée par les Américains sous le nom de « choc et effroi » (en anglais shock and awe) qui vise à paralyser l’adversaire et anéantir sa volonté de combattre.

Concernant les opérations terrestres, certains analystes militaires observent que les Russes ont désormais parfaitement compris où se situait le talon d’Achille de leur adversaire, le fameux « centre de gravité » clausewitzien à partir duquel tout le dispositif militaire ukrainien est susceptible de s’effondrer. Dans une série d’articles parus en novembre dernier sur le site américain 19FortyFive, spécialisé dans les questions de défense, l’ancien lieutenant-colonel Daniel L. Davis insistait sur le fait que la plus grande menace pour la capacité de l'Ukraine à faire la guerre reposait sur le risque d’interruption de ses voies d'approvisionnement depuis ses frontières occidentales, et particulièrement la Pologne. Sans ces corridors, il constatait qu'« il serait presque impossible pour Kiev de soutenir des opérations de guerre pendant plus de quelques semaines ».

On comprend alors l’inquiétude qu’inspire le regain d’activité militaire en Biélorussie. La perspective d’une attaque russe à partir du sud-est du pays pourrait en effet compromettre l’approvisionnement en armes des Occidentaux. On notera que Vladimir Poutine s’est déplacé lui-même à Minsk, le 19 décembre, pour rencontrer le président biélorusse Alexandre Loukachenko qui avait déjà annoncé, le 10 octobre dernier, la création d'un groupement militaire avec la Russie.

Les signes de la tempête à venir s’accumulent. Ni Washington ni Kiev n’ont suivi les conseils du général Milley de négocier tant qu’il en était encore temps. S’il fallait alors faire un pronostic concernant cette probable contre-offensive, que ce soient les Ukrainiens ou les Russes qui l’emportent, dans tous les cas, c’est l’Europe qui perd.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 21/12/2022 à 9:10.
Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

44 commentaires

  1. Les Russes ne sont pas des enfants de choeur et la victoire finale de Zelensky est douteuse. Il ferait bien de négocier tant qu’il en est encore temps. Il lui faut abandonner la Crimée, mais pas sûr que cela suffise. Sinon, il n’y a qu’une solution : la généralisation de la guerre et la troisième guerre mondiale. C’est au Printemps que cela va se décider et c’est Biden qui choisira (bien, j’espère …). On a un peu le scénario de la Coupe du Monde : montrer des trésors de réactivité et perdre finalement la partie. Même les insultes, de mise dans ce genre de cas, sont aussi de la partie.

  2. Légitime défense des populations du Dombass sur le point d’être écrasées en février dernier dans un affrontement remontant à 2014, « l’opération Spéciale » russe semble sur le point d’atteindre son objectif. On observe , en effet, sur la ligne de front d’importants travaux de fortification d’une future frontière, derrière laquelle l’armée russe sera inexpugnable, obligeant à des négociations. Si Kiev avait tenu parole sur l’autonomie du Dombass, promise en son temps, elle aurait évité à la fois une guerre dévastatrice et l’amputation de son territoire. Il y a beaucoup à dire sur le jeu des faucons occidentaux qui ont entraîné l’Ukraine dans ce malheur.

  3. nos généraux des plateaux TV sont à l’image des professeurs covidiens des années passées, de grands orateurs à côté de la plaque. « L’armée russe en déroute » disaient-ils, « ils manquent d’armes, ils sont mal dirigés » (on se marre quand on voit nos pauvres policiers et gendarmes avec les cadres qu’ils ont) et là ils ne savent plus quoi faire ou dire. La plupart de nos généraux n’ont jamais vu un champ de bataille, sans cela ils ne parleraient pas de crimes de guerre, eh oui quand il y a la guerre il y a des gens qui perdent la vie. En se retirant l’armée russe a obligé l’armée ukrainienne à prendre des voies laissées intactes pour circuler, et de fait elle sait ou se trouvent les convois et centres d’approvisionnement, c’est le B-A, BA de toute « retraite » pour qui sait lire un peu la stratégie, mais ça il faut aussi le travailler tout ne s’apprend pas que dans la cour de Guer-Coetquidan.

  4. Les Russes utilisent la même stratégie que l’OTAN en Serbie et pilonnent l’armée ukrainienne, les conséquence sont les mêmes un grand nombre de tués et de blessés chez les ukrnien. Les Occidentaux américains en tête au lieu de faire cesser cette boucherie continuent à souffler sur les braises, livrent des armes et mentent sur les déboires de l’armée ukrainienne, c’est à vomir. L’Europe est avec ce conflit vient de nous montrer son efficacité voir sa nuisance.

  5. Je crois que les Américains commencent à regretter d’avoir trop laisser faire ce jusqu’auboutiste de Zielinski. Celà fait 3 fois (au moins) que des négociations de paix pouvaient être tenues (Poutine était d’accord) mais ce clown a toujours refusé. il aura le mérite d’alimenter l’opposition aux américains via le BRICS qui s’étoffe et représente maintenant en nombre beaucoup plus d’humains que le G7. Le dollar y perd aussi son monopole. Qu’attend-on pour le neutraliser ?

    • Comme bien souvent, les Américains avaient monté la Révolution de Kiev et comme bien souvent ils ont fait un mauvais casting pour recruter le nouveau chef d’état . Mais dans ce cas particulier ils ont de plus interdit à l’Allemagne et à la France de faire valoir les accords de Minsk dont ces deux pays étaient les garants . Dans le brouhaha de la guerre il fût plus commode de grenader le gazoduc russe qui leur déplaisait profondément .

  6. Les russes vont écraser l’armée ukreno-otanesque par leur puissance en matériel et en hommes. Zelensky est un bouffon qui encaisse les milliards octroyés par l’Europe et les USA pour un pays qui va être désagrégé. Les polonais guignent déjà l’ouest de l’Ukraine.

  7. L UE est une catastrophe un scandale un satellite des États-Unis De Gaulle avait eu raison de quitter ce machin qui pousse à la guerre pour enrichir le complexe militaro industriel américain et les trafiquants ukrainiens !

  8. Napoléon ou Hitler se sont cassés les dents contre les russes …et ces stratèges militaires «  jouaient » dans une autre catégorie que ce Biden ou macron , ces présidents de ducasse comme on dit chez nous

  9. « impossible pour Kiev de soutenir des opérations de guerre pendant plus de quelques semaines » ? sans doute. Mais si on relit l’histoire de l’Ukraine, notamment entre 1919 et 1950 on voit qu’elle est capable de soutenir une guerilla de partisans durant des années et avec succès (à partir de 44 elle avait même battu des régiments SS…puis soviets). Entre-temps le reclus de Sotchi aura dégagé, volontairement ou pas. Non il n’est pas trop tard pour amener les Ukrainiens à la négociation de paix. On a deux mois, pas plus, car rien ne dit que la Pologne (très bien préparée à cette éventualité) ne voudra pas peser sur la Biélorussie si celle -ci décide d’aider à nouveau la Russie. Mais tout est encore possible car 1) les républicains ont pris la Chambre aux USA et elle tient les finances 2) Les Biden père et fils sont dans de sales draps.

  10. Les français, déformés par leur idéologie paresseuse d’inspiration macronienne, négligent les analyses nécessaires. Les russes sont parfaitement conscients qu’ils sont sous le regard attentif des satellites U.S. Il serait innocent de leur part de ne pas en tenir compte et de ne pas adapter leur stratégie à cette surveillance. Ils ne sont pas idiots. Qui plus est, ils ont l’expérience de la dernière grande guerre dont ils sont sortis les grands vainqueurs. La France s’est contentée d’être la béquille des U.S.

  11. Vlad devrait se manier un peu plus et leur tomber dessus sans délais.
    il faut que les occidentaux engagent leurs hommes sur le terrain pour qu’il y ait des pertes lourdes coté américain, français, casque à pointe, polonais, etc.
    la guerre doit être totale et gagnée par les russes , sans cela nous n’avons pas finis d’être emmerdé.

      • Moi, j’approuve Georges Goodman . Q’on en finisse une bonne fois pour toutes avec cet OTAN de malheur, et que Vladimir nous aide à nous débarrasser des sarrazins par la même occasion. On verra alors où se situent les frontières du grand continent européen jusqu’à l’Oural, pour y voir plus clair en attendant les chinois…Si les polonais et français ont pris le parti de Zelenski le guignol de comédie, tant pis pour eux ; ils auront le temps de méditer sur leurs errements et biais cognitifs après.

      • Parce que vous croyez qu’aujourd’hui la France va bien? Non elle est gangrénée par une oligarchie mondialisée qui veut sa perte et a porté à sa tête des marionnettes qui font bien le job. Ce système doit éclater et bien que patriote convaincu, vu que nous sommes incapables de nous réformer seul, alors une aide extérieure est malheureusement la bienvenue. Vive la France.

    • Mais les anglais ont déjà avoué se battre en ukraine, nul doute que français et us en font autant… le tonnerre va bientôt s’abattre sur l’Ukraine…
      Que le clown zelansky est une bonne grippe et sz machination sera à terre…
      Peut-être alors l’Europe se relèvera t’elle ?

  12. Non seulement l’UE a perdu mais en plus ses habitants crèvent de froid et de faim, elle est belle la start up nation de Macron, j’ai l’ipression de revenir dans mon enfance durant la guerre de 40 avec les tickets de rationnement, j’aurai même re taté des ausweis avec le Covid, la vie est belle!

    • Au propre et au figuré, Macron est hors sol. Au fait, comment s’est-il rendu sur le porte-avion ? À pied, à la nage ? Il ne semble pas avoir re-refait le coup de l’hélitreuillage.

  13. La Russie finira par l’emporter, le temps joue pour elle, et on ne peut que souhaiter pour les Ukrainiens que ce soit le plus rapidement possible; il y a déjà bien assez de morts et de destructions. Si les Occidentaux souhaitaient réellement la fin du conflit et ne poursuivaient pas d’autres buts, ils cesseraient de fournir des armes au régime de Zelensky et le contraindraient à négocier. Tout le reste ne fait que retarder la fin, prolonger les souffrances, au détriment des belligérants, des Européens mais en revanche au bénéfice des Etats-Unis.

  14. M. Lassez évoque de la part de la Russie « des bombardements massifs, comme les Occidentaux l’avaient fait en Serbie ou en Irak …  » Totalement faux. Les bombardements russes n’ont rien à voir avec ceux des occidentaux précédemment cités, sinon vous auriez, M Lassez, des centaines de milliers de morts au bas mot en Ukraine !

    • Vous auriez dû bien lire l’article avant de le commenter. M.Lassez dit « en commençant par des bombardements massifs ». La Russie ne fait que commencer…Cette guerre a déjà fait des deux côtés des centaines de milliers de morts surtout militaires. Mais si vous voulez un peu mieux comprendre le sujet je vous suggère d’aller passe 1 semaine de vacances de Noël dans un immeuble sans eau ni chauffage avec quelques nuits dans la cave et vous comprendrez (qui sait) le plan russe. Un holodomor par le froid . Il fait déjà -20 dans l’est. En attedant que Macron vous donne une illustration de l’absence de jus. Rutène se souche, solidaire des Ruthènes

      • Un « holodomor par le froid », cela fait huit longues années que les habitants du Donbass le subisse, voyez-vous. Et ce ne sont pas les Russes qui en sont responsables mais vos amis. Ce qui explique probablement votre silence sur le sujet.

      • Un « holodomor par le froid », cela fait huit longues années que les habitants du Donbass le subissent, voyez-vous. Et ce ne sont pas les Russes qui en sont responsables mais vos amis. Ce qui explique probablement votre silence sur le sujet.

  15. Après le soutien à l’Ukraine, des voix s’élèvent de plus en plus pour affirmér que la Russie ne peut pas perdre, La réserve en hommes de la Russie semble inépuisable.. il y a toujours une masse de canons russes inépuisable
    Ce sera peut-être la paix bientôt, mais dès le départ de Poutine, la guerre reprendra . A moins que le nouveau dirigeant russe soit plus ouvert que Poutine. Sinon, on est dans le contexte « Alsace-Lorraine » où la guerre entré la France et l’Allemagne a eu lieu en 1870 puis en 1914., par revanche.

    • Et encore en 39/45 ! On voit même que les Allemands continue à oiuer l’anti France alors que nos c. de dirigeants n’ont à la bouche que le  »couple franco-allemand »

      • Tout à fait exact les allemands ne changeront jamais !!! Ils polluent avec leurs centrales à charbon, et on leur vend de l’électricité nous en France, ils achètent leurs avions à Biden , etc.. il n’y a que ce pauvre Macron pour venter le couple franco allemand !!! Il donne des milliards à l’Ukraine et pour cause !! les anciens copains de 39/45 !!!

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