[Point de vue] Crise énergétique : la course à l’abîme de l’Union européenne

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C’est un étrange phénomène qui s’est répété tout au long de l’Histoire sans qu’il ait été possible d’en comprendre véritablement les causes. Au début des années 1980, l’historienne américaine Barbara W. Tuchman lui avait consacré un livre intitulé The March of Folly. De la chute de l’antique cité de Troie à la guerre du Vietnam, elle s’interrogeait sur les raisons de la déraison qui conduit des gouvernements à mener des politiques contraires à leurs intérêts. Non pas à se tromper, ce qui n’aurait rien de très original ni de très intriguant, mais à persister consciemment dans des politiques dont les effets sont clairement contre-productifs voire désastreux. Une sorte de course folle vers l’abîme que rien ne pourrait arrêter, surtout pas ceux qui l’ont déclenchée.

La guerre économique engagée par l’Union européenne contre la Russie semble bien relever de cette catégorie. Depuis le mois de mars, il n’a pas fallu attendre très longtemps pour comprendre qu'il n'était pas aussi évident d'atteindre l’effet recherché. Certes, l'économie russe n'est pas au mieux mais on se souvient de l'édito de François Langlet sur RTL, le 30 août dernier : « La Russie n'a jamais gagné autant d'argent avec ses exportations de pétrole et de gaz. » Dans le même temps, l’Europe a subi un effet boomerang sur son économie déjà fragilisée par la pandémie. Les perspectives ont été, dès le départ, des plus alarmistes : inflation, récession, pénuries et craintes de déstabilisation politique.

Inutile de revenir sur les prophéties de Bruno Le Maire, notre Nostradamus du Quai de Bercy, qui, à l’époque, annonçait que les dix plaies d’Égypte allaient s’abattre sur la Russie. Il restera dans l’Histoire comme le symbole d’une Europe arrogante et bornée. Car la « folie » des dirigeants de l’Union européenne tient au fait que, non seulement ils ne changent pas de stratégie, mais ils revendiquent le fait de l’accélérer et de l’amplifier. Comme si les passagers d’une voiture qui fonce droit dans un mur se félicitaient de voir le conducteur appuyer sur l’accélérateur. Étrange phénomène.

Le 6 décembre dernier, le think tank The Shift Project rendait publique une étude consacrée à la problématique de l’approvisionnement en gaz, étude relayée par Le Monde. Les conclusions sont des plus pessimistes. Pour compenser l’abandon du gaz russe, les Européens ont été contraints de se tourner vers les pays exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL), ce qui a généré une explosion des tarifs sur le marché mondial. Les conséquences sont connues : augmentation des factures, risques de coupures d’électricité du fait d’une production en partie dépendante des centrales à gaz, menaces de délocalisations.

Or, le plus inquiétant ne tient pas au seul problème du coût mais surtout à la question de la disponibilité de cette offre alternative : « En cas d’arrêt durable des livraisons russes à l’Union européenne, la demande mondiale de GNL risque de subir des déficits d’approvisionnement endémiques et sévères », note l’étude. N’imaginons pas qu’il s’agit d’une difficulté temporaire. 40 % des besoins en gaz de l’Union européenne en 2025 reposent, à ce jour, sur « des sources d’approvisionnement non identifiées ». Traduction : ils pourraient ne pas être pourvus. Car nous ne sommes pas les seuls demandeurs sur le marché. L’Asie est, avec l’Europe, le plus gros importateur mondial de gaz naturel et la demande chinoise ne cesse de croître. Le think tank s’inquiète alors du « spectre d’une guerre économique » pour les approvisionnements en raison de la croissance attendue des besoins asiatiques.

Autre difficulté : quand bien même l’approvisionnement en GNL suivrait, se poserait alors le problème d’un nombre suffisant d’infrastructures de regazéification et d’une capacité de transport et d’acheminement satisfaisante. « Des pans entiers de l’industrie européenne » sont menacés, indique l’étude. Gardons cependant le meilleur pour la fin : le développement du recours au GNL va aggraver les émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne.

Concernant le pétrole, les perspectives ne semblent guère plus réjouissantes. Le think tank doute, en effet, de la capacité de l’Union européenne « à mettre en œuvre de manière rigoureuse le boycott annoncé du pétrole russe ». Il est donc clair que l’Union européenne ne dispose pas d’alternatives crédibles au gaz et aux hydrocarbures russes susceptibles de couvrir la totalité de ses besoins. En attendant, la présidente de la Commission européenne présentait, le 7 décembre dernier, un neuvième paquet de sanctions contre la Russie. Une obstination qui relève bien de cette « marche de la folie » décrite par Barbara W. Tuchman et, surtout, qui annonce le crash planifié des économies européennes.

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Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

56 commentaires

  1. Même les Allemands l’on virée tellement elle est nulle et agripée au pouvoir et ses subsides énormes.
    Elle est tellement avide et soumise aux ordres des Américains qu’elle finira par démolir l’Union Européenne!.
    Les Polonais et les Allemands sont tous tournés vers les us et Macron est leur domestique.

    • Comme je l’ai déjà dit, elle traine tellement de casseroles derrière elle, qu’elle peut ouvrir une quincaillerie et les Allemands ont tout fait pour s’en débarrasser. J’espère que le ménage qui commence à se faire au parlement européen pour corruption va s’accélérer. Ça fera de la place.

  2. Il est urgent … que dis-je … vital de « dégager » au karcher démocratique cette vermine qui encrasse l’Europe des nations depuis trop longtemps … les coucous présents au sein de la Com Européenne doivent dégager et continuer à faire leur magouille mais à titre individuel sans que cela fracasse la souveraineté des pays qui doivent reprendre leurs décisions de politique industrielles et sociales en faveur des peuples contre la mondialisation et tous ces « européistes » venimeux …
    Le cas de l’énergie nucléaire devrait être le point de départ de la prise de conscience de toutes les nations qui constituent l’Union européenne … Les « écolo-bobo-et-le-reste » téléguidés par des groupuscules allemands doivent être éradiqués au plus vite ! … vonderlayen doit être « débranchée » et dégagée par les « euro-députés » … Ca c’est dans un système « démocratique » respectueux de la souveraineté ! … Donc ce ne sera pas cette solution « démocratique » qu’il y aura ! …
    Regardez attentivement l’HISTOIRE de tous les peuples par rapport à la faim et le froid qui les « guident » …
    Stop ou encore ? …

    • Ce serait un juste retour des choses… sans pfizer lui a t’il offert un vaccin pour l’immuniser contre la justice internationale, mais nous voyons bien que les effets secondaires entraînent cette vandermachin dans une folie destructrice et tous ces adorateurs (macron le premier) avec elle…
      Et nous … nous subissons…

  3. Et ça continuera comme ça tant que nous laisserons mener par des dirigeants qui se co-optent eux-mêmes, ou bien se font élire « démocratiquement » alors qu’ils ont le contrôle des résultats sortis des urnes entre leur collecte et leur diffusion officielle. Il est clair que les intérêts personnels de ces gens là sont très loin des nôtres… mais qu’ils priment sur tout.

  4. C’est complètement fou et ce, depuis le début. Je n’arrive pas à comprendre que l’on persiste à s’auto-saborder à ce point. Comment ces dirigeants peuvent-ils être aussi bornés ? sont-ils si éloignés de la réalité, ont-ils complètement perdu le moindre bon sens ? sont-ils si déconnectés de la réalité ? en plus, ils n’ont aucune légitimité, ils faudraient les mettre dehors sans plus attendre.

  5. Et bien entendu, les populations européennes ne sont jamais conviées à donner leurs avis, leurs desiderata; non, elles ne peuvent que subir cette folie destructrice engendrée par ces chers dirigeants vendus aux yankees. La révolte semble approcher de plus en plus vite et vivement qu’elle arrive que le nettoyage commence par le haut.

  6. Que dirait le Général de Gaulle en voyant ce que sont devenus ses efforts de prévisions énergétiques pour la France

  7. Ce n’est pas un scoop. Depuis sa création, les dirigeants européens n’ont de cesse de vouloir détruire les pays qui composent cette Europe, que ce soit par leur politique économique ou par leur politique migratoire. Ils vont y parvenir avec l’aide des Russes, mais aussi des Américains qui se frottent les mains.

  8. Et pendant ce temps, notre Mozart de la finance et de la politique distribue des preservatifs…. Cherchez pas, on est chez les fous, bouffis d’orgueil et au ego disproportionné, tout ses politicards nous entraînent vers une mort certaine.

  9. Sidérant ;
    A se demander tout de même si ce crash planifié des économies européennes ne fait il pas parti du plan du nouvel ordre mondial ;
    L ‘ordre après le chaos …

  10. On a visiblement une dictature pétrolière qui a corrompu les dirigeants de l’union européenne, donc il ne faut pas s’étonner si il y a une pénurie d’énergie avec un prix du baril qui crève le plafond.
    C’est vous qui payez pour le yacht de quelques corrompus.

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