[POINT DE VUE] Décivilisation : la mode révélatrice des plages sans enfants

plage

BFM TV commence à sentir poindre l'été. C'est le moment de lancer des sujets légers. Tout comme les couvertures sur les « réseaux francs-maçons » pour Le Point ou L'Express en septembre, les reportages « sur les plages » sont le marronnier estival des chaînes d'info en continu. On part à la rencontre des retraités de la Côte d'Azur dès le mois de mai, on rencontre les plagistes qui attendent les juillettistes en juin et puis, à partir du mois de juillet, on commence à parler des bouchons sur l'A6 et des parasols qui se déplient. C'est le (seul) côté Jean-Pierre Pernaut de la chaîne de Marc-Olivier Fogiel. Cette année, toutefois, il y a un petit changement.

On apprend ainsi qu'à Fréjus, par exemple, mais aussi dans de nombreux endroits et même dans certains hôtels, une curieuse mode commence à rencontrer de plus en plus d’adeptes : le « sans enfants ». Sur la plage dont il est question, en effet, seuls les adultes et les adolescents de douze ans et plus ont accès à tout l'espace. Les petits sont confinés dans un espace à part. Ils sont littéralement interdits. Certains s'en félicitent et, d'après un gérant d'hôtel, le réclament. D'autres trouvent cela assez peu sympathique : sans surprise, ce sont des parents d'enfants en bas âge. Curieux phénomène, qui possède au moins deux causes.

La première, la plus évidente, c'est que les enfants (sauf ceux des lecteurs de BV, bien sûr !) sont devenus des monstres. Quiconque les a vus à la sortie de l'école ne pourra qu'en convenir. Laids, gros, difformes, sales, mal élevés, ils ont au fond des yeux un vide sidéral conjugué à une improbable insolence. Leur curiosité ? Euthanasiée par les réseaux sociaux. Leur innocence ? Violée par la pornographie. Leur fraîcheur et leur naïveté ? Fanées toutes deux par l'exposition, via des parents démissionnaires, sur des écrans omniprésents, à des films qui valorisent le vol, le mensonge et le meurtre. Quand ils parlent, c'est dans un sabir qui mélange des mots d'anglais et d'arabe, avec la diction des quartiers (pardon, des « quartchiers »). Et ils parlent fort, bien entendu, que ce soit dans la rue ou sur la plage, en s'interpellant par des prénoms qui ont très peu à voir avec ceux du calendrier. On ne mesure probablement pas encore dans quelle mesure ce peuple de Killienzo, de Mohamed, de Fatoumata et de Jadélyane, saturés de nourriture transformée, de dopamine et de TikTok, va contribuer à l'essor de l'idiocratie, en France, dans les vingt ans qui viennent. Alors, forcément, si les gens ont envie de profiter des congés payés, on comprend qu'ils souhaitent échapper aux enfants des autres.

La seconde raison, un peu moins évidente mais combien plus tragique, c'est justement que, des enfants, les gens n'en veulent plus autour d'eux parce qu'ils n'en veulent plus chez eux tout court. Le taux de renouvellement des générations, préservé dans les statistiques par une importante main-d’œuvre immigrée, est en réalité un vrai problème. De la génération des trentenaires d'aujourd'hui, il ne restera pas grand-chose : ils sont angoissés pour le climat, ligaturés ou sous pilule, soucieux de tout brûler et de ne rien laisser derrière eux, pas même des descendants. Parmi leurs aînés, beaucoup s'expatrient en famille, pour des raisons de scolarité, de carrière ou tout simplement de survie, loin d'un pays peuplé de gens qui ne les aiment pas. Par conséquent, les plages sans enfants vont peut-être devenir une habitude. Les rivages de Fréjus prennent simplement un peu d'avance.

Le pire, dans cette affaire, c'est justement le fait que les reportages télévisés sur les « grandes vacances » soient des sujets récurrents. Cela nous offre un cruel, un terrible point de comparaison. Le déclin est minutieusement démontré. Aux reportages d'autrefois sur la nationale 7, avec têtes blondes rigolardes, parents modestes et valises en cuir dans le coffre de la 204, ont succédé, après divers rebondissements, les « jeunes » en claquettes-chaussettes qui pillent la promenade des Anglais, les enfants insupportables et les adultes qui ne veulent plus d'enfants, ni dans leur famille ni sur leur plage. C'est peut-être ça, qu'on appelle la décivilisation.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 29/05/2024 à 11:02.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

34 commentaires

  1. c’est étonnant! car, à entendre les parents leurs enfants sont sur doués. Ils ne savent ni lire ni écrire en rentrant en 6ème mais ‘est la faute des profs car: « si vous voyez ce qu’il sait faire avec son portable! »
    un génie je vous dis.
    donc la France profonde est méprisable et jalouse qui ne veut pas côtoyer des génies! Quel dommage !

  2. père de 4 enfants et grand-père de 10, je ne peux que m’inscrire en faux pour ce texte. Les enfants sont à l’image de leurs parents mais hélas également de l’évolution de notre société permissive et largement inconséquente, plus préoccupée de son petit bien être consumériste que de l’éducation de ses enfants.

  3. Comment voulez-vous que les gens normaux supportent les enfants non éduqués de leurs voisins, ils sont insupportables. Mais au fait sommes nous dirigés par un président qui sait ce qu’est avoir des enfants, qui sait ce qu’est l’éducation des enfants, combien c’est difficile d’éduquer des enfants quand l’organisation de la société est faite pour que l’enfant dirige les adultes ?

  4. Les Français font moins d’enfants ! Les « autres » se chargent d’en faire , ça rapporte …

  5. Je propose la Légion d’Honneur pour ce préfet de l’Hérault qui a osé affirmer que la solution pour les enfants qui font des bêtises c’est : « deux claques et au lit » !

  6. Je crois que c’est surtout que les adultes n’en veulent plus autour d’eux car ils sont trop pénibles ….

    • madame, on me présente tout les jours des enfants à garder qui sont  » soit disant pénibles » qui n’écoutent soit disant rien, qui n’en font  » soit disant » qu’à leur tête…. et curieusement lorsque ces mêmes enfants sont sous ma garde, je vois tout à fait autre chose : pourtant je ne crie pas, je ne punis pas ou rarement, je n’humilie pas non plus, en revanche j’écoute, j’explique, je répète inlassablement, je partage leurs jeux, et on rit énormément ! Par ailleurs les limites sont immédiatement clairement définies, et jamais je n’ai à le répéter ! Alors je vais vous dire, le salaire est modeste, mais le retour sur investissement est hyper gratifiant !

  7. Quand un enfant de huit ans bouscule une personne âgée et répond dans la rue à ma remarque invoquant la politesse «  je m’en bats les couilles » cela ne me donne pas envie de rire. .mais ça continue à amuser quelques passants qui jugent ce petit «  très éveillé pour son âge » . Abreuvés de Freud et de Dolto, les mains liés par l’abolition de la fessée, on a que ce qu’on mérite et on finit par détester et refuser l’envie d’élever un enfant dans cette société.

    • Avec mon esprit d’à propos le  » j’men bats les couilles » comme vous dites, doit s’assortir d’un  » chiche, je vais te donner un coup de main » et si l’on est adulte et resposable on n’hésites pas à joindre le geste à la parole !

  8. Cette chronique ne dit pas ce que deviendra la fréquentation des plages dans quelques années avec les enfants de ces enfants ! Il existe des plages non-fumeurs, des plages privées pour ceux qui en ont les moyens, alors des plages zen pourquoi pas ? Les résidences avec piscine deviennent également en périodes estivales infernales, fleurissent sur l’eau dauphins, cygnes, bouées de plus en plus gros, rendant l’accès impossible, sans oublier les cris, les cavalcades et à cela s’ajoute les Airbnb ! Alors , oui, hélas on peut comprendre que certains épuisés par leur travail, ou ayant élevé leurs enfants dans le respect des autres, puissent souhaiter des moments de quiétude tout en accordant bien évidemment le droit de jouer aux enfants. Lors d’un voyage au Japon, en passant devant une cour d’école, j’ai été stupéfaite de voir ces enfants jouer sans cri ni dispute et pour autant ils s’amusaient beaucoup

  9. On les appelle les CHIC-OUF Chic les enfants arrivent, OUf les enfants repartent! Les parents ne leur donnent plsu de limites, les adultes n’ont plus aucune place ni aucune conversation.. Ils saturent l’environnement de decibels. C’est insupportable. Ce n’est pas pareil dans d’autres pays. En AUstralie, on ne sait même pas que les enfants sont dans la cour de récré, car ils ne crient pas, même quand il y a une alerte requin sur la plage, ils s’affairent seulement à sortir les plus jeunes de l’eau. ALors pourquoi les petits français? Ce n’est pas génétique.

  10. Cet état de fait résulte du manque d’éducation des enfants d’aujourd’hui, les parents ont oublié qu’un enfant ça s’éduque, que la politesse cela s’apprend, que le respect des autres est primordial dans une société civilisée.

    • Les parents n’ont pas oublié ce qu’ils n’ont jamais appris, ce que leurs parents ne leur ont jamais appris. Voyez l’écologisme. Laissez une forêt domaniale belle et cultivée redevenir une « forêt primaire ». Nouveaux insectes, nouvelles plantes c’est fabuleux la nature. Puis reviennent les plantes d’origine, les ronces , les lianes, les arbres tordus et c’est impénétrable. Il faut alors tout nettoyer en coupant tout à la racine et éliminant tout ce qui inutile et replanter de bonnes espèces

    • et ils ont aussi oublié que les enfants ne doivent pas être  » leur potes » le receptable de leur problèmes d’adultes, et des humeurs qui en découlent ! il y a des discussions téléphoniques que l’on ne doit pas mener devant des enfants – tout comme il y a des émissions tv qui ne concernent absolument pas les enfants etc…
      Je vois tout les jours des enfants qui mangent seule à table…sans pouvoir échanger avec leur parents sur leur journée, sur ce qu’ils ont vécus – j’en vois aussi qu’on colle sous la douche et débrouille toi ( t’es grand (e)) à 3 ans et tu m’appelles quand t’as fini ! j’en vois tant qui sont entouré de jouets, de tablettes, d’écrans, mais qui sont seuls…. aucune interaction positive, autre que  » dépêches toi »  » on va être en retard », et ce à tout propos ! Alors oui, ils crient dans les cours d’école, et heureusement, c’est le seul moyen qu’ils ont pour décharger tout ce qu’ils ne formulent pas !

  11. Il serait temps de s’interroger sur tous ces conseils d’illuminés qui ont sapé l’autorité chez les parents et les adultes en général. La fessée: interdite. La punition: traumatisante… j’en passe. Certes, il faut expliquer à l’enfant, être juste, mais la sévérité doit rester. En détruisant la famille, rempart millénaire à l’éducation des enfants, on a détruit la société. Ce n’est pas en gardant aux commandes de l’état ceux qui ont contribué à ce naufrage que l’on pourra inverser la vapeur.

  12. Comment peut on exiger cela , et de grâce ne mettez pas tous ces enfants dans le même panier , quoi de plus beaux que des petits jouant dans le sable ou courant après des vagues . Ceux que les enfants dérangent n’ont qu’à s’éxiler sur des iles désertes mais quand ils seront vieux et malades qu’ils ne comptent pas sur les enfants des autres pour les soigner et les accompagner parce qu’ils oublient que ce sont ces petits qui seront un jour médecin , infirmier , auxiliaire de vie etc…..

    • En effet, ces égoïstes , se retrouveront seuls ( on ne meurt jamais ensemble), ils connaîtront une grande solitude et se retrouveront dans des EHPAD, peut-être certains subiront une maltraitance mais personne ne sera là pour les défendre
      Ils auront récolté ce qu’ils ont semé !

    • J’aimerai avoir votre optimisme, mais je crains que peu de ces enfants dont vous parlez, qui évidemment jouent et c’est bien normal, ne restent plus tard dans ce pays gangrené de sauvageons, je ne vois pas l’avenir si rose que vous et j’aimerais me tromper mais malheureusement j’habite une résidence avec piscine et au fil des années je vois les changements avec le laxisme des parents soi disant bien élevés ! Je ne vois pas non plus la relation avec l’accompagnement de la vieillesse, tout dépend des individus et dans cette société devenue indifférente aux autres, l’avenir me semble bien compromis.

  13. Au Club Méditerranée, qui n’a plus aucun rapport avec l’époque Trigano et des Bronzés, fleurissent les piscines « zen », interdites aux enfants.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois