[POINT DE VUE] Démocratie : tambouille, magouille et tripatouille

cocotte minute

Si Sully, le ministre d’Henri IV, était parmi nous, ce n’est pas « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France » qu’il dirait, mais tripatouillage et grenouillage sont celles de la démocratie en marche.

Tout l’effort de la caste politique actuelle - sorte de droite gauche molle centriste, résurgence de la droite orléaniste, mâtinée de bien-pensance -, incapable de relever notre pays à la dérive, consiste, au nom de la démocratie et des valeurs républicaines, à rejeter la démocratie et l’esprit de la Ve République. Au lieu d’écouter le peuple (le dèmos de la démocratie) et la volonté qu’il exprime pour résoudre les vrais problèmes de ce pays - tout le monde les connaît sauf ceux qui ont des yeux pour ne pas voir -, il s’agit de faire comme si le seul danger était une arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Cela fait un moment que ça dure, mais en dépit des peurs et des mises en garde, une nombre croissant d’électeurs votent pour elle jusqu’à constituer un bloc de 11 millions de voix et le premier parti de l’Assemblée, mais rien n’y fait et la caste s’acharne à se maintenir contre le vote populaire.

Oublié, le référendum !

Ainsi le référendum, pilier de la Ve République, est aux oubliettes depuis que les Français ont voté contre le traité européen et que Sarkozy a fait voter par le Parlement le contraire de ce qu’ils avaient répondu. Mais à force de nier le peuple, c’est bien dans l’impasse où nous sommes que Macron a conduit le pays. Les dernières élections en sont l’aboutissement le plus absurde. À vouloir installer une pseudo-démocratie qui rejette la démocratie et, donc, le vote populaire, il a rendu ce pays ingouvernable.

Aujourd’hui, au bout de deux mois bientôt, le voilà incapable de trouver un Premier ministre en état de gouverner durablement. Après avoir, au nom du sempiternel barrage contre l’extrême droite, fait s’allier les derniers centristes qui le soutenaient, la droite molle des Larcher, Pécresse ou Bertrand aux grosses pantoufles et le bric-à-brac d’un front LFI populaire fait de carpes socialistes, de lapins écologistes, de bourricots communistes et de pintades islamo-gauchistes, Macron se retrouve face au mur de ses contradictions, congédiant ses faux alliés d’hier, lesquels, furieux, le menacent, oubliant que leur patchwork n’a ni cohérence ni majorité.

Une inventivité sans limites

Que de tambouilles et de tripatouilles pour empêcher, en France, la démocratie de vivre et de fonctionner ! On reste pantois devant tant d’inventions, de tractations, de tartufferies, de contorsions, de circonvolutions destinées à ne pas respecter la volonté du peuple, dans une République dont son créateur disait qu’elle est faite pour le peuple et par le peuple. Mais de tout cela, ce Président n’en a cure. Pourvu qu’il se maintienne, et sa finance européiste avec lui, l’État peut continuer de tomber en ruine.

Et du matin au soir, dans une cacophonie de perroquets médiatiques, avec ses gaullistes qui n’en sont plus, ses socialistes bobo, ses communistes croupions, ses écolo-gauchistes dingos, ses centristes paralysés, le système en place poursuit son travail de sape de notre pays. Il invente les tambouilles gouvernementales les plus abjectes ; au moment où l’on aurait besoin d’un gouvernement fort et déterminé, il perpétue des momies de politicards et leur langue de bois.

Mais, sous ce chaos, il y a la violence qui monte d’un pays qui n’en peut plus. De Gaulle, le fondateur, avait démissionné dans l’honneur. Macron, son lointain successeur, sorte de Romuluscule de fin d’empire, pourrait bien devoir démissionner dans la honte et le ridicule.

Jean-Pierre Pélaez
Jean-Pierre Pélaez
Auteur dramatique

Vos commentaires

37 commentaires

  1. On croyait avoir vécu le pire avec la fin lamentable de la quatrième république. Macron aura réussi à faire encore mieux…

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