[Point de vue] Devenir minoritaire sur sa propre terre : on en parle, André Chassaigne ?

Capture d'écran LCP
Capture d'écran LCP

Ça chauffe, en Nouvelle-Calédonie. Officiellement, il s’agit de protester contre le « dégel électoral », déjà évoqué en ces colonnes, grâce (ou à cause duquel) les nouveaux résidents français de ce joyau français de l’océan Pacifique – à ce titre convoité par les Chinois et les Américains – auraient désormais le droit de voter.

À ce titre, on peut comprendre l’émoi des indépendantistes locaux, craignant d’être submergés par leurs compatriotes de la métropole. Seulement voilà, et ce, comme toujours, la situation est autrement plus complexe, tel que nous le dit Olivier de Lagarde dans sa revue de presse d’Europe 1, ce matin. Citant un magistrat local, interrogé par Le Figaro, ce talentueux revuiste rappelle : « Les émeutiers comprennent une grande majorité de jeunes dont beaucoup de mineurs. Toute une génération de Kanaks déracinés et déchirés entre le monde coutumier avec lequel ils sont en rupture et le monde moderne auquel ils ne sont pas intégrés. Ce sont des gros consommateurs d’alcool et de cannabis. [...] Le noyau dur est constitué d’une trentaine de multirécidivistes et de deux cents activistes qui ont entrainé dans leur sillage leurs frères et leurs amis. C’est de l’opportunisme et non de l’indépendantisme, avec un niveau de violence jamais vu. »

La colonisation française au banc des accusés ?

Comme quoi, pis que les ravages réels ou supposés de la colonisation française, il y a encore ceux de la colonisation des esprits ; américaine, celle-là, à base de culture de gangs, d’ultra-violence et de drogue.

Mardi, à l’Assemblée nationale, le député communiste André Chassaigne, tentant manifestement de faire entendre la voix de la raison, contribuait en fait à brouiller encore un peu plus les cartes : « Ne vous inscrivez pas dans un processus de colonisation qui consiste à mettre en minorité un peuple sur sa propre terre. » Voilà qui est bigrement intéressant ; et ce, à plus d’un titre.

Sans gloser à perte de vue sur l’éventuel bien-fondé de l’entreprise coloniale française et faire siens les propos du très républicain et laïque Jules Ferry (« Il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures »), il est parfaitement licite de se demander si le fait d’avoir remplacé un chef coutumier kanak par un préfet radical-socialiste et franc-maçon était forcément signe de « progrès humain ». Mais ce qui est fait est fait et, indubitablement, la présence française en Nouvelle-Calédonie a certainement dû présenter quelques « effets positifs ».

Quand le communiste Chassaigne dérape…

En revanche, l’actuelle immigration de masse déferlant sur ce qui demeure de pré carré français est une tout autre histoire. Car là, « d’effets positifs » on ne voit guère. Au moins, dans la France du lointain, la métropole envoyait des ingénieurs et des bâtisseurs, des prêtres et des médecins ; ce qui n’est pas tout à fait le cas de ces immigrés nous submergeant depuis des décennies.

Ces détails sémantiques paraissent avoir échappé à André Chassaigne, communiste à l’ancienne et pas tout à fait le pire du troupeau des députés de gauche. Car oui, son appel peut tout aussi bien s’appliquer aujourd’hui à ces Français, de plus en plus nombreux, majorité silencieuse s’il en est, qui commencent à se sentir « minoritaires » en leur propre pays. Et eux n’ont même pas l’espoir de retourner un jour en leur nation d’origine, renouant ainsi avec leurs us et coutumes. Ce sont des prisonniers de l’intérieur, pris en tenaille, à la fois par le haut et le bas.

Et les Français de souche, dans tout ça ?

En haut de la pyramide sociale, ils sont tenus pour des « beaufs ». En bas de cette dernière, pour des empêcheurs de dealer en rond. Dans ces deux cas de figure, on les considère comme des « racistes ». Soit une tenaille mortifère : d’un côté, l’écriture inclusive des beaux quartiers ; de l’autre, le parler « wesh » d’autres quartiers dont ils ont été peu à peu chassés.

Lorsque l’on voit les sondages des prochaines élections européennes, avec un Léon Deffontaines, candidat communiste, promis à des résultats oscillant entre 2 % et 3 % des intentions de vote, le brave André Chassaigne serait sûrement mieux inspiré de réfléchir avant de parler de ces Français qui, depuis belle lurette, ne l’écoutent plus.

Car il est loin, ce temps où Georges Marchais pestait contre l’immigration, légale comme clandestine. Pauvre André Chassaigne, devenu une sorte d’Hibernatus décongelé en pleine Assemblée nationale...

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

33 commentaires

  1. On reconnaît aux Kanaks un droit qui n’est pas valable pour les Français :celui d’être
    chez eux.

    • Grâce à Michel Rocard, on a surtout donné à une minorité agissante kanak tout pouvoir sur la majorité des calédoniens, interdite de droit de vote. C’est beau la démocratie selon la gauche! Et long terme ça devient explosif, ce qui n’étonnera que les naïfs.

  2. Que les Kanaks ne se fassent pas d’illusions. Si la France devait quitter Nouméa, la nature ayant horreur du vide, elle serait rapidement remplacée par des pays beaucoup moins soucieux des droits de l’homme et uniquement intéressés par les ressources de l’île et sa position stratégique dans le Pacifique. Ils n’auraient pas fini de pleurer. Regarder aujourd’hui à quelle « sauce sont mangés les Maliens » après le remplacement de la France par la Russie… Regardez ce que sont devenus l’Afrique du Sud ou le Zimbaboué après que les « blancs » ont été chassés.

  3. Si les Kanaks, minoritaires veulent préserver « leur terre » en excluant le vote des Français installés en Nouvelle Calédonie, alors nous métropolitains interdisons le vote de tous les ressortissants des territoire ultra-marins !! C’est farfelu mais c’est pourtant ce que préconise un des derniers tyrannosaures communistes sorti tout droit du musée des horreurs, monsieur Chassaigne.

  4. Ils veulent donner le droit de vote aux étrangers en France et le laisser uniquement au kanaks en Calédonie. Deux poids et deux mesures.
    De plus, se dire communiste c est accepter et donc justifier les 100 millions de morts. Ce parti aurait du être interdit comme le nazisme l est. Mais bien sûr le privilège rouge change tout. Toujours deux poids et deux mesures pour évaluer les crimes.
    Sur le principe on doit donner raison aux kanaks sur ce point.

  5. A propos de communisme, franchement, j’ai honte qu’il y ait un parti communiste en France. Dans sa jeunesse, il était allié avec ses frères d’extrême gauche, fasciste et nazi. Il représente la pire dictature qu’il y ait dans le monde depuis le 20° siècle jusqu’aujourd’hui. C’est le parti qui a le plus de sang sur les mains.

  6. Les communistes ont toujours trahi les Français, sinon aux ordres des bouchons staliniens. Rien à en attendre.

  7. J’étais en N.Calédonie en 79- 80 et j’y ai fait le tour de l’île, rencontrant les « soignants » dans les Dispensaires nombreux tenus par de Médecins Militaires.Ces Officiers avaient tous le même discours (la même formation) pour expliquer que le « Peuple Kanak » se suicidait collectivement en ne procréant plus . N’est-ce pas plutôt notre situation actuelle en France ?

  8. A.D.G, momentanément absent aurait pu nous renseigner sur l’état d’esprit du caillou.Mais, un seul conseil aux émeutiers, craignez la colère des caldoches de brousse s’ils descendent sur Nouméa, ils ont le pick up rapide et des armes bien entretenues.

    • Il en ira des caldoches comme des paysans afrikaners en Afrique du sud : éliminés nuitamment les uns après les autres ! En outre, c’est justement autour de Noumea qu’il y a le plus de dégâts : ce sont l’équivalent de nos « mineurs isolés », en rupture avec leurs aînés, qui sèment la zone. En face d’eux, il y a des minorités asiatiques présentes de longue date en Calédonie. Mais il y a surtout la forte minorité wallisienne (immigration économique), qui déteste les kanaks : Polynésiens contre Mélanésiens ! Le violence ne va pas s’éteindre comme ça…

  9. J’avais bien aimé « Le dernier des Mohicans ». Je suis ému par « le dernier des communistes ». La gauche pousse à régulariser tous les nouveaux migrants en métropole mais refuse d’appliquer le même processus en Kanakie. Touchent de naïveté !

    • Exactement et je m’attend a une guerre civile et ethnique dans les prochaines années. Clin d’œil d’un Alsaco du sundgau.

    • J’ai eu la chance et l’occasion de pouvoir traîner dans le Pacifique. Il y a 3 catégories d’îles: les américaines, là où le dieu dollar a tout marchandisé, tu paies pour tout. Puis il y a les indépendantes, là vous pouvez toucher de près la vraie pauvreté et la misère. On n’y fait que passer car on est pas loin de Zola. En 3 eme catégorie nous avons lés marquises et les Tuamotu, les danseuses de la république. Pas riches mais grâce à l’argent de métropole, agréables à vivre, population sereine et accueillante. À Tahiti une population plus vénale, pas tous , heureusement. Une jeunesse inculte et travaillée par des indépendantistes. Je n’ai pas d’opinion sur la nouvelle Caledonie mais je ne crois pas que la vie y soit insupportable à cause des métropolitains. Les français sont loin d’être les pires occupants de cette partie du monde.

  10. Hé oui les aborigènes Celtes vont devenir minoritaires sur leur Terre. Qui va nous défendre ? Le PCF ?

  11. Mr Chassaigne n’a rien compris de la situation actuelle. A Nouméa il y a un Hôpital non ? Les kanaks vont se faire soigner dans leurs grottes ? Hé bien nous, Français de souche, nous ne sommes pas prioritaires dans nos Hôpitaux et cliniques, et en plus ce n’est pas gratuit y compris chez les médecins et pharmaciens. Il va bien falloir que tout ceci s’arrête. S’il n’est pas content Mr Chassaigne, qu’il parte là-bas ou à Gaza pour soutenir les palestiniens.

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