[Point de vue] Discours de politique générale de M. Barnier : flot d’eau tiède

Capture d'écran
Capture d'écran

Il y a une semaine, nous posions, dans ces mêmes colonnes, la question : « Que sera le discours de politique générale de Michel Barnier ? » Et, selon notre spectromètre d'analyse politique nationiste (tout par la nation et tout pour la nation), nous indiquions : « Voici ce que les Français attendent » à propos de trois questions fondamentales : démocratie, immigration, prospérité économique. Questions dont la solution supposait, toujours, de rendre à la nation sa liberté de décider pour elle-même par elle-même. Les Français veulent décider, et eux seuls, de leur destin. Or, en regard de ce que la nation attendait, voici les non-réponses de Michel Barnier devant la représentation nationale :

Rétablir la démocratie

Pour rétablir la démocratie, les Français attendent deux référendums : le premier sur l'UE, et particulièrement pour abroger les dispositions illégitimes introduites par le traité antidémocratique de Lisbonne, et le second pour inclure dans la Constitution une véritable proportionnelle ainsi que le référendum d’initiative citoyenne, sur tous les sujets, y compris pour modifier la Constitution ou abroger une loi (comme en Suisse et en d’autres pays).

Sur le premier point, M. Barnier n'a pas répondu. Au contraire, il a affirmé simplement : « Prenons soin de l'Europe, elle est nécessaire. » Simpliste. Et antirépublicain, car il ignore ce droit de l'homme de 1789, la souveraineté de la nation : il ne veut pas rendre leur pouvoir aux Français.

Et sur le second point, le Premier ministre est on ne peut plus évasif lorsqu'il déclare qu'il « engagera une réflexion (sic) sur la proportionnelle ». Autrement dit : rien de ce qui rendrait leur pouvoir aux Français.

En finir avec l'immigration

Pour en finir avec l’immigration : il faut un référendum afin que la France inscrive dans sa Constitution qu'elle retire à Bruxelles toute gestion des phénomènes migratoires et reprend sa souveraineté sur l'immigration. Et améliorer, ainsi, la sécurité publique. Or, Michel Barnier est, là aussi, on ne peut plus évasif. Ou, plutôt, il s'en remet encore à Bruxelles et à son Pacte européen sur les frontières (14 mai 2024). Autrement dit, le contrôle aux frontières nationales n'est pas en vue. Mais il dit vouloir une meilleure intégration (ce qui n'est pas l'assimilation) en assurant aux immigrants titre de séjour, emploi, logement... Le Premier ministre est donc en recul par rapport à sa propre position en 2021 où il proposait un mièvre référendum pour (simplement) suspendre l'immigration ; ce que vient de faire l'Allemagne.

Retrouver la prospérité économique

Pour retrouver la prospérité économique qui, seule, peut rétablir le plein-emploi et le pouvoir d’achat, il faut un référendum pour supprimer les effets dévastateurs, sur notre économie, de la mondialisation (OMC, traité de Marrakech) afin de permettre notre réindustrialisation, l'augmentation du PIB, le rééquilibrage de la balance commerciale, la réduction de la dette et, ainsi, l'abaissement des prélèvements obligatoires. Car la question n’est plus de réduire encore les dépenses de l’État ni d’alourdir les prélèvements, mais d’augmenter l’assiette imposable par le retour à la prospérité : contenir la concurrence chinoise et alléger les charges. Or, Michel Barnier n'a rien dit sur ce sujet capital : il reste bruxello-mondialiste. Il avait pourtant la possibilité, dans son couplet écologiste (où il affirme son orientation pro-nucléaire), de proposer la mise en place d'une taxe carbone sur les transports de marchandises de longue distance.

En avant pour une deuxième manche

Ce gouvernement ne tombera pas, cette fois-ci. Mais la deuxième manche (discussion sur le budget qui débute le 9 octobre) pourrait lui être fatale. Les Français ne pouvant revoter avant août-septembre 2025, cela ouvrira une crise politique paroxystique, sans précédent, menant cette fois-ci au départ prématuré de Macron, car on ne voit pas qu'il puisse nommer un autre Premier ministre tout aussi minoritaire. Et ainsi de suite à chaque motion de censure.

Michel Barnier a, une fois encore, enfreint la Déclaration des droits (article 3) et la Constitution dont il tient ses éphémères pouvoirs. Il a ainsi mis Emmanuel Macron en première ligne, face au soulèvement ou à la porte de sortie de l'Histoire. Il ne va pas dans le mur : il a déjà été coulé dans le béton de ce mur. Il est le mur... Mais un mur inefficace. Un mur sans fondations philosophiques, qui tombera à la première poussée de la nation désespérée et en colère.

Reste l'homme Barnier. Il a paru (déjà) fatigué, bredouillant son discours (lu) souvent en fin d'exercice. Et n'oublions pas son passé : il s'est opposé à la ligne Séguin qui, en 1992, défendait la Constitution française contre le projet de l'affaiblir pour permettre Maastricht. Chirac avait recommandé l'abstention lors du Congrès de 1992 et seuls quatre RPR, dont Barnier, avaient voté la révision constitutionnelle. Retourné à la vie civile, il devint vice-président du groupe Mérieux Alliance (holding d'un ensemble de sociétés dans le domaine de la biologie), chargé des relations avec les grands organismes de santé internationaux, les instances économiques et financières, les acteurs du développement mondial... Lorsqu'en 2005, le peuple souverain rejeta largement l'utopie dangereuse de la Constitution européenne, Barnier (devenu commissaire bruxellois) se disait inquiet car « nous risquons de ne plus avoir cette Constitution [qui] tentait de régler des problèmes […] Si cette Constitution n'existe pas, il faudra la réinventer d'une manière ou d'une autre. » Barroso (homme de paille de la finance internationale) et la présidence allemande de l'Union européenne chargent, dès 2005, une équipe d'« experts » de trouver le biais pour imposer aux peuples les changements souhaités par la finance. Ce sera le groupe officieux « Amato », dont Barnier fut membre. Le résultat sera la forfaiture « traité de Lisbonne » dont Barnier affirmera que ce n'est qu'un « accord technique nécessaire ».

Henri Temple
Henri Temple
Henri Temple est universitaire, juriste, théoricien de la Nation (auteur de :  Essai sur le concept de ‘’Nationisme’’, Sphairôs, 2024)

Vos commentaires

36 commentaires

  1. Il y a un élément dans vos analyses que vous refusez visiblement de prendre en compte, c’est le non-départ de Macron. Il ne quittera ses fonctions sous aucun prétexte. Il l’a dit:  » je resterai jusqu’au dernier jour de mon mandat « . alors cessez de tirer des plans sur la comète, on va y avoir droit dussé-t’il nommer 35 premiers ministres? Rien, constitutionnellement ne l’y oblige.

  2. Barnier c’était dès le départ le candidat de l’UE , dont le but n’est pas la France, sont but c’était de sauver le soldat Macron , entre européistes ont se soutient, depuis 10 jours il joue de sa bonhommie, pour endormir le gogos.
    Comme dit si bien Pascal Praud «  je vous le dis rien ne changera « 
    Les premières mesures pour faire payer l’incompétence des hommes et femmes qui nous gouvernent, la suppression de la revalorisation des retraites au 1 janvier, pour l’instant il endort mais que personne ne soit dupe tout le peuple paiera la hausse des taxes et des impôts ceux du haut comme ceux du bas !!
    Nous paierons l’inutilité d’une classe politique exponentielle
    M Barnier si vous voulez des économies supprimez le sénat réduisez les députés de moitiés supprimez le conseil départemental, réduisez de moitié les fonctionnaires d’état ( haut fonctionnaires énarque dont si l’utilité était prouvée nous le saurions depuis longtemps) en commençant par supprimer 20 ministères inutiles , supprimée le conseil économique et social, l’arcom et j’en passe la liste est longue .

  3. Taxer les plus riches; à commencer par les députés, les sénateurs et les hauts fonctionnaires de l’administration.

  4. Barnier ne servira à une seule chose à maintenir Macron au pouvoir, rien d’anormal puisqu’il était le candidat rêvé par l’UE entre Européistes ont s’entend bien .
    Rien à attendre de lui sauf faire payer la gabegie des politiques aux retraités et autres employés par des augmentations camouflées .
    Un manque de courage évident incapable qu’il ait de réduire de moitié la classe politique inutile responsable de la faillite du pays avec les hauts fonctionnaires , comme dit Pascal Praud «  rien ne changera « sauf évidemment la démission de Macron !!

  5. Pour continuer.
    Je serai plus modéré dans l’analyse du comportement de Barnier…
    Je lui donne sa chance pour montrer qu’il a enfin compris l’erreur de cette UE totalitaire…
    Je crois aussi qu’il doit naviguer à vue pour éviter les écueils qu’il a face à lui…
    Exemple, même s’il n’a pas vraiment pris ostensiblement le parti de Retailleau, j’espère qu’il le soutient pour faire évoluer certaines dispositions…
    Pour remarque, Retailleau par son comportement va booster les LR, possible que le parti ne soit pas encore mort ! Il pourrait alors prendre sur le RN et le centre mou…

  6. Economie, un sujet qui me tient à cœur aussi…
    Le fatras des dispositions économiques, des accords, etc., pourrit notre économie…

    La solution que je prône, la méthode danoise qui allie la suppression des charges sur le travail en garantissant une forte couverture sociale (les Danois ne sont pas naïfs comme nous sur le sujet).
    Lors de la décennie 1970, le Danemark qui avait une balance commerciale perpétuellement dans le rouge depuis 1949 (première balance connue après guerre), a depuis 1986 une balance continuellement dans le vert. Certes le Danemark a la chance de posséder des gisements gazeux sur ses côtes… mais ça n’explique pas tout !
    La France n’est pas le Danemark, 12 fois plus grosse. Elle pourrait viser dans une première étape la suppression des charges transférées sur la consommation -TVA élevée- pour les métiers de production de richesses… Il pourrait même être procédé par secteurs étroits, les effets pour ces secteurs serait un moyen de convaincre plus généralement.
    Tout ce qui est service serait pris en compte plus tard…
    Un avantage, le système serait plus difficile à remettre en cause qu’une baisse de charges comme on l’entend traditionnellement.
    Elle rétablirait sa compétitivité, lutterait contre aussi bien le dumping fiscal (même au sein de l’UE : l’Islande) que social.

  7. Bonjour Henri, je me permets de Henri, nous nous sommes rencontrés il y a pas mal de temps et nous avions sympathisé.
    Bien lu ton article.
    J’avoue que je serais plus modeste…
    Déjà un référendum pour affirmer la suprématie du droit national sur le droit européen.
    D’ailleurs nos députés et sénateurs pourraient le lancer même s’il exige 10% du corps électoral, les français sont mûrs pour cela.
    La proportionnelle comme elle est pratiquée dans bien des pays, on en a déjà les effets délétères, l’idéologie a complètement pourri la précédente législative, je vais même plus loin, je suis pour des élections législative uninominale à un tour. La France n’est pas pour un système semblable.
    Si proportionnelle, je suis pour un système de désignation départemental calqué sur les élections communales en ajoutant une composante préférentielle pour évité les listes encroutant les vielles gloires (même si je suis à classer parmi).
    Je continue sur un autre thème…

    • il est évident qu’il n’allait pas renier son passé de « commissaire européen » avant toute chose !
      vivement une censure et au plus vite avant que lui aussi n’aggrave la descente aux enfers de notre pays

  8. Au moins les choses sont claires. La parole du peuple ne sert à rien, tout est fait au contraire contre lui. Mesdames et messieurs les électeurs, puissiez vous comprendre avant dix mois que si vous voulez enfin être entendus, vous ne devez plus accorder une seule voix aux menteurs qui vous méprisent.

  9. C’est bien le problème de tous ces politiques, le passé. Avec un peu de mémoire, ou de curiosité, il est facile de deviner la position qu’ils prendront. Barnier n’échappe pas à la règle, europeiste, centriste, chiraquien et haut fonctionnaire pour couronner le tout. Le choix de macron n’a pas été innocent, mais au contraire bien réfléchi.

  10. Je n’ignore pas que c’est une minuscule satisfaction, un petit plaisir à l’aune de la gravité de la situation, mais j’ai aimé la distribution de baffes, à Attal et à Panot, en particulier.

  11. Permettez-nous de ne pas être sur la même longueur d’onde. M. Barnier, avec un exposé provocateur, n’allait-il pas braquer son auditoire voire les français, des français toujours insatisfaits quel que soit le contenu ? N’allait-il pas offrir l’opportunité d’un défaut de confiance, voire de censure d’entrée de jeu ? Il a choisi la méthode « suppositoire » qui nous semble la mieux adaptée en ces circonstances. Ce qui relève de l’art de la diplomatie. Pour le reste , qui vivra verra. A propos d’un appel à référendum. Là aussi, inutile de rentrer dans le mur . Macron détient la clé. Sans son accord pas de référendum. Le provoquer serait contreproductif. Il est nécessaire de l’aborder « en douceur ». Quant au contenu de ce référendum, un seul référendum qui se résumerait en une seule phrase : « les lois et textes français sont prépondérants sur les textes européens. Leur application prime sur celle des textes européens. »

    • C’est vrai mais dans une optique de stratégie politicienne : ce dont nous crevons ! Il faut donc aller à la racine du mal, à Bruxelles, et retrouver notre liberté de choisir notre destin à la seule aune de notre liberté et de notre intérêt national. Ce qui n’exclut pas des partenariats librement consentis avec nos voisins.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois