[Point de vue] Dix raisons pour lesquelles il faut conserver la chasse. Précieusement.
7 minutes de lecture
1 – Tradition, quand tu nous tiens
Eh oui, c’est une des plus anciennes traditions françaises. Elle se confond avec le mode de vie occidental depuis les âges les plus reculés, de l’Empire romain au Moyen Âge, de la Renaissance à aujourd’hui. Elle n’a pas tué que le gibier. Le roi Carloman II est mort à 17 ans lors d’une partie de chasse, en 884. Les vies de nos rois et celle du premier d’entre eux, le roi Louis XIV, sont ponctuées de chasses passionnées dans les giboyeuses forêts françaises. Mais la chasse n’est pas seulement aristocratique, elle est aussi révolutionnaire. Les Français, et pas seulement les ruraux, ont acquis le droit de chasse au moment de la Révolution. C’était une réclamation forte, un symbole. On ne balaie pas d’un revers de main l’histoire de la chasse en France, chasse à courre (où seuls les chiens chassent), chasse au faucon, chasse à tir… La chasse, c’est la France.
2 – Et l’art, c’est important, l’art...
Faut-il nous couper de notre art et de ses racines ? La chasse a profondément imprégné notre patrimoine artistique. Les tapisseries, les armes de chasse gravées, extraordinaires, les tableaux, les musiques composées pour la chasse, les vêtements, les sculptures, les bronzes : les œuvres d’art françaises célébrant la chasse sont innombrables. Citons-en une seule, La Chasse au sanglier d’Eugène Delacroix. Foncez sur Google, au Louvre, au Musée de la chasse à Paris, vous en trouverez beaucoup d'autres. Que faut-il faire de ces trésors ? Les détruire ? Les cacher ? Les vendre ? Les oublier ? Quelle tristesse !
3 – La France des campagnes a ses loisirs
Le Français urbanisé oublieux (ou non, d’ailleurs) de ses racines pratique le squash en salle, grimpe sur de fausses parois, court. Le rural part à la chasse. C’est son sport à lui. Il bat les bois, accompagné d’un chien sale et mouillé, un fusil sur le dos. Il hume l’air humide et froid (car la chasse se pratique le plus souvent l’hiver), tire un perdreau ou lève son fusil pour contempler le spectacle de la nature. Ou encore, posté au pied d’un chêne, il attend que le rabatteur ait réveillé un sanglier ou un chevreuil. Il revient le soir piqué d’air vif, rouge, bredouille et fourbu, plein d’images de cette campagne que certains citadins méconnaissent, délaissent et qui, au fond, n’a jamais cessé de leur faire peur. Faut-il interdire à l’habitant des campagnes ce moment unique ?
4 – Le renard ou le perdreau
Le campagnard sait bien que le renard et le perdreau n’ont pas coutume d’aller par les bois bras dessus bras dessous. Certains citadins anti-chasse l’ont oublié. Le chasseur est nécessaire, indispensable même, pour réguler la nature. S’ils tirent les renards de temps à autre, c’est parce que ledit renard ne fait pas de détail et mange tout : perdreaux, faisans, lapins… L'animal ne respecte aucune consigne et chasse sans la moindre vergogne tout ce qui bouge. Il faut donc choisir entre les bois giboyeux et la fourrure rousse du goupil. Soit l’un, soit l’autre.
5 – Nos écologistes ont-ils vu le loup ?
Ont-ils vu ses dégâts, ces moutons égorgés par dizaines ? Le loup, c’est la solution, l’espoir ultime de l’écologiste anti-chasse. Il en est convaincu : le loup empêchera la croissance exponentielle du gros gibier, chevreuils et sangliers. Mais avant de courir derrière le gibier, notre ami loup s’offrira quelques dizaines ou centaines de moutons, voire de bovins. Entre l’élevage et le loup, il faut là aussi choisir. Les écologistes ont choisi le loup. Le promeneur effrayé par les chasseurs sera-t-il tout à fait rassuré par la présence des loups qui les auront remplacés dans les mêmes bois ? Tout est affaire de communication, mais le loup y est insensible...
6 – Ne pas jouer avec les peurs
Le promeneur a raison, toutefois, de considérer que la chasse est un sport dangereux. Malgré les formations, les efforts et le soin de tous, des accidents surviennent. Sud-Ouest raconte la grande peur de parents venus accompagner leurs enfants au stade effrayés par des chasseurs qui battaient un buisson à la poursuite d’un sanglier… La peur ne se raisonne pas et les anti-chasse savent « jouer avec les peurs » comme personne. Mais les drames existent. Même si le nombre d’accidents et d’incidents de chasse baisse, cette activité a fait huit morts lors de la dernière saison 2021-2022 (contre plus de 30, voilà vingt ans), dont deux non-chasseurs. Autant d'histoires épouvantables que nos anti soulignent et racontent à tout va. D’autres sports font pourtant bien davantage de victimes : les sports de montagne, aquatiques ou mécaniques, par exemple, sont très mortifères. Ce rapport de Santé publique France, organisme d’État dont on ne saurait douter, en donne le détail pour les années 2017 et 2018 (Décès traumatiques en pratique sportive en France métropolitaine en 2017 et 2018, page 13). Les armes, c'est dangereux, très dangereux même. Mais, curieusement, les nombreuses armes présentes dans nos banlieues inquiètent peu nos écologistes. Va savoir pourquoi... Elles ne sont pourtant pas destinées aux sangliers.
7 – Et la Sécurité routière ?
Ah, le charme du chevreuil broutant, l’air dégagé, quelque brindille dans un buisson ! Qui résiste à pareil tableau ? Mais voilà, personne ne rêve d’approcher le même animal à pleine vitesse sur la route. Quant au sanglier, il peut échanger sa vie contre la vôtre sans rien exiger de plus. Combien d’accidents de la route provoqués, en France, par nos grands animaux ? Combien de dégâts ? Combien de morts ? Dieu sait pourquoi, ces chiffres restent inaccessibles et mystérieux. C’est la lourde rançon de la multiplication de ces hôtes de nos forêts, rarissimes voilà trente ans, en pleine explosion aujourd’hui en France. Combien les chasseurs ont-ils sauvé de vies en tirant quelques-uns de ces obstacles solides ? Certains anti-chasse doivent peut-être aux chasseurs un voyage sans encombres et n’en auront jamais la moindre reconnaissance. Ingratitude.
8 – Les agriculteurs préfèrent les chasseurs aux sangliers
Si le chevreuil reste sympathique pour tous, le sanglier provoque dans les cultures de nos agriculteurs des dégâts qu’il faut avoir constaté de ses yeux. Évidemment, c'est plus rare à Paris, du côté de Bastille et de Nation. Le paysan, lui, n’a pas de pitié pour ces animaux qui attaquent en bande leur maïs, leurs prairies, leurs vignes et autres cultures, laissant le terrain presque aussi saccagé qu’après le passage d’une manifestation d’Extinction Rebellion. Ils décrochent le téléphone, appellent les chasseurs, réclament une battue et chiffrent les dégâts : les chasseurs cotisent notamment pour cela, ce sont eux qui paieront. Pas les écologistes. Le chasseur, qui paie les dégâts des sangliers, évite d’aller à la ruine. Il tire donc volontiers, à la demande des agriculteurs, le cochon qui ravage leurs champs. Mais il évite de trop tirer s’il veut chasser l’année suivante. La nature est bien faite. Une population de sangliers double chaque année, une population de chevreuil augmente de 30 %. Faites le calcul, ça va vite. Ça lui laisse un peu de marge.
9 – La ville a-t-elle le droit de réguler les mœurs des campagnes ?
L’ancien Premier ministre Édouard Philippe l’a appris à ses dépens avec les manifestations des gilets jaunes. Il n’est pas bon d’exaspérer la province. Car, oui, une partie des Français vit là même l'hiver et, contrairement aux sangliers, ces Français votent. Les chasseurs ruraux qui forment encore le gros des troupes s’étonnent que certains animaux parviennent à survivre dans des appartements citadins surchauffés, supportant encore de tirer leurs joggers par la laisse. Ils sont surpris que les mêmes citadins, parfois anti-chasse par amour des bêtes, imposent à leurs animaux des taux de pollution et de bruit auxquels eux-mêmes ne résisteraient pas. Le chasseur des campagnes plaint de tout cœur son concitoyen citadin anti-chasse qu’il croise l’été. Parfois, cet anti-chasse des villes gare sa grosse voiture au coin du bois et salit ses baskets neuves en hurlant des slogans, la voix faible, les lunettes de travers et le teint hâve. Le chasseur des campagnes a tendance à le prendre en pitié, ce qui montre qu’il a tout de même du cœur.
10 – Chacun ses rites
Le chasseur des campagnes goûte peu la traditionnelle manifestation dominicale qui mène à pied de Bastille à République pour défendre, chaque semaine, de nouveaux droits obscurs, si nombreux qu’ils lui échappent un peu. Lui ne casse rien sur les Champs-Élysées et ne réclame aucun droit neuf. Il aimerait simplement conserver ceux dont il profite depuis quelques siècles. Lui ne défile pas à Bastille car, le dimanche, il est à la messe. Ou à la chasse. Et parfois même aux deux ! C’est une autre France, une France qui marche en bottes dans les forêts mais ne glisse pas : pas de ski, pas de patin à roulettes, pas de trottinette ni de skate. C’est dur à admettre pour nos anti-chasse, mais ils sont aussi, un peu, la France.
54 commentaires
Rassurez vous chers antis chasse, votre jour de gloire viendra. Vous finirez par avoir gain de cause, c’est dans la logique des choses.
Mais vous n’arriverez pas à effacer les souvenirs, ni la littérature, et « la gloire de mon père » restera éternelle, au propre comme au figuré.
Jamais je n’oublierais les retours de chasse de mon père et de mes oncles, l’odeur d’un civet de lièvre, le goût de sauvagine des grives et autres tourdres rôtis au four, des perdreaux, faisans, lapins …
Une tradition culinaire finira par disparaître, une culture avec, celle de nos terroirs paysans et populaires.
Et franchement, franchement, je vous plains de ne pas avoir connu ça, et tout ce qui allait avec.
.
vous avez oublié de parler de la myxomatose…
Dans la culture chrétienne, les saints « chasseurs » sont ceux… qui ont quitté la chasse, activité futile de nos jours où l’homme exorcise sa brutalité native sur des animaux… d’élevage.
D’autres, plus fidèles à la tradition d’émerveillement devant l’oeuvre du Créateur ont troqué fusil contre appareil photo et carnets : ils mettent leur énergie à la contemplation et reviennent à la maison et dans la société nourris de beauté.
Ces derniers ne risquent ni d’en venir à tuer le chien errant qui les dérange ou le chat sauvage qui soi-disant mange les oiseaux que l’homme a fait disparaître, pour se défouler, comme si la chasse était une addiction, ni de faire disparaître tant d’espèces d’oiseaux à l’état sauvage, avec l’appauvrissement génétique consécutif, ni de faire baisser drastiquement les populations de renards (pour voir flamber dans les mêmes zones les tiques porteuses de Lyme).
Je suis pour ma part pour une professionnalisation de la chasse (uniquement si danger pour la route ou les agriculteurs qui se prennent en main (ex : un poulailler, cela se battit sérieusement !)), avec vente du gibier abattu dans les boucheries de la zone de chasse + pourcentage pour les villes, et interdiction avec punition très sévère à la clef de l’élevage de gibier pour tir au pigeon !
Voici l’article type susceptible de déchaîner les passions, et mon ire en particulier. La France a-t-elle besoin d’un cheptel de chasseurs équivalent à tout le reste de l’Europe ? Et comment est prise en compte la souffrance animale dans cet article ? Et les 8000 tonnes de plomb déversés chaque année par la chasse ? Ah je croyais que le plomb était toxique, pas celui des chasseurs visiblement, tiens donc ! Et le claquement des coups de fusil, il fait aussi partie de la « Culture » ? L’argument des sangliers qui dévastent les cultures est une escroquerie intellectuelle : les sangliers en surnombre sont produits pas agrainage, par les chasseurs et les agriculteurs eux-mêmes, pas par reproduction naturelle de l’espèce. Bref, cette apologie de la chasse « traditionnelle » par nos « grands régulateurs de la Nature » est malvenue. Que penser de ces héros de la Nature qui attendent le passage des oiseaux migrateurs en plein effort pour les flinguer comme dans un jeu vidéo ? Et la vénerie sous terre, un sport de héros ?
je n aurais pas mieux dit ; les attaques contre la chasse sont les mèmes que celles faites contre toute activité traditionnel et française et très souvent les mèmes qui se sentent » en insécurité » lorsqu ils se promènent a la campagne évitent soigneusement de parler de la vraie insécurité , celle des villes…par ailleurs les éoliennes voulues par les pseudos écolos massacrent des milliers d oiseaux sans que cela ne semble les troubler
Deux remarques cependant:
-le chasseur amoureux de la nature, et respectueux de son équilibre est trop souvent entouré de tartarins qui tirent sur tout ce qui bouge!
-quiconque a vu arriver dans les rues de Senlis ( c’est un exemple ) un animal exténué poursuivi par une meute hurlante ne peut qu’abhorrer la chasse à courre, vestige d’une barbarie d’un autre temps.
Eh oui ! malheureusement ; pure cruauté envers ces pauvres bêtes.
Je ne suis pas anti chasse et pourtant natif de la banlieue . Elle fait partie du patrimoine immatériel de la France , et je pense que dans le contexte actuel si certains militants anti chasses sont sincères d’autres sont dans la démarche obstinée de destruction de nos traditions.
J’ai beaucoup aimé des livres qui traitaient de la chasse comme celui de Pierre Monot ; « le guetteur d’ombre » , l’histoire d’un chasseur en quête permanente d’un cerf qu’il traque et dont il perçoit la présence sans jamais pouvoir le rencontrer ; Le livre d’Henri Vincenot, » la billebaude » raconte sa Bourgogne natale et les partie de chasses telle qu’elles se pratiquaient encore avant guerre .
La chasse n’est pas un sport, c’est une culture. Elle est tout comme la pêche, l’expression de ce qui un temps fut la ruralité, profondément ancrée dans notre âme.
Le rapport entre la nature et le chasseur, ou le pêcheur, est très fort, le lien étroit, on devient une partie de cette nature, elle est en nous, elle coule dans nos veines, libre et sauvage. C’est certainement ce que nombre des ces nouveaux sportifs, pour qui la nature n’est qu’un terrain de jeux, un bac à sable, ne comprendrons jamais, et ils ne se doutent d’ailleurs même pas de cette relation privilégié.
Pour un chasseur, un pêcheur, un glaneur, il faut que la nature soit vivante, donc, sa préservation est essentielle.
On peut parfaitement faire du canoë sur une rivière sans vie, patauger en combinaison dans un torrent de montagne sans poissons, faire du vtt dans une forêt morte, de l’accrobranche dans un arbre ou il n’y a plus d’oiseaux, etc.
Pas chasser, ni pêcher.
Tiens, voici le message que la nature m’a transmit un petit matin de pêche en haute-montagne…
« Sois libre, comme je le suis »
la chasse se comprend quand il est impératif de se nourrir .aujourd’hui on entend les chasseurs parler de loisir
quel loisir : celui de tuer conclusion : ces gens la aiment tuer
la science a expliqué cette tare cela s’appel un psychopathe
quand a faire la comparaison avec les fauves c’est ridicule eux il doivent manger
et parler de régulation de la nature et aussi ridicule la nature sais trés bien se reguler d’elle meme c’est l’homme qui vient mettre la merde dans la nature donc tous les argument de ce psychopathe sont caducs
je ne suis pas un bobo de la ville mais un fervent campagnard qui profite de la nature mais sans fusil
Totalement d’accord : uniquement pour se nourrir, pas pour tuer gratuitement.
Ce matin j’ai trouvé une poule morte dans mon poulailler : la tête dévorée, probablement par une fouine (j’habite une maison isolée dans la campagne). Voilà la réalité de la nature : des prédateurs mangent leurs proies. De même régulièrement des sangliers labourent mon terrain, dévorent mes raisins et bien d’autres choses. Il y a quelques temps j’observais un épervier essayant d’attraper une tourterelle en plein vol. Joli spectacle. La proie putative a perdu quelques plumes mais a pu se réfugier dans un arbre, échappant pour cette fois à l’appétit du rapace.
En cette période j’entends aussi des coups de fusil de chasseurs qui arpentent les vignes, les champs, les jachères, profitant de cette même nature qui n’a pas de scrupule à tuer, comme je l’ai montré plus haut.
Alors effectivement il faut conserver la chasse et les chasseurs, en dépit des raisonnements hors sol des citadins qui ne connaissent ni la réalité implacable d’une nature sans pitié ni les fondements, les plaisirs, l’utilité de la chasse et des chasseurs.
Très bel article… mais les anti chasses ne savent pas lire et suivent le troupeau des marchands de sens interdits !
Et les médias s’en mêlent en brandissant des sondages abscons.
Que les citadins comptent leurs rats, ça les occupera !
Il faut laisser tranquille les chasseurs qui sont de vrais et dignes écologistes…
Bien sûr. EELV ( je n’écris même pas les écolos ) est surtout implanté dans les métropoles ou grandes villes. Ils racontent que le lobbie des chasseurs est influent auprès du gouvernement etc Ils oublient que la plupart des gens ne veulent pas de leurs solutions. Il existe de vrais écologistes en dehors des idéologues d’EELV qui n’a le monopole que de leurs propres idées. Les cavaliers, golfeurs, skieurs etc vont-ils être aussi soumis à des tests d’alcoolémie ?