[Point de vue] Du coup, pour Attal, l’homosexualité est un objet politique

attal

Georges Michel a recensé pour vous le discours de politique générale du nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, face à la représentation nationale. Il a tout dit. Quelques punchlines qui hésitent entre le manager qui n’aime pas les « cassos » (« désmicardiser la France ») et le conseiller principal d’éducation (« Tu casses, tu répares »). Moitié start-up nation, moitié salle des profs, un bon résumé de la Macronie. A priori, pas de quoi fouetter un chat.

Là où on est un peu plus surpris, c’est quand le Premier ministre met en avant sa vie privée pour souligner le caractère symbolique de son parcours. « Être Français en 2024, a-t-il affirmé, c'est pouvoir être Premier ministre en assumant ouvertement son homosexualité. » Curieux. On avait fini par intégrer, au fil des siècles et singulièrement en France, le fait que la vie privée des hommes et femmes publics était, comme son nom l’indique, du domaine privé.

On ne peut pas dire, par ailleurs, que la France, historiquement, ait été le pays le plus rétrograde du monde en matière de mœurs. On n’imagine pas Monsieur, frère du roi, dire « être Français, en 1670, c’est pouvoir être le frère de Louis XIV en assumant ouvertement son homosexualité ». Malgré les moqueries, ici ou là, sur l’effémination de tel ou tel, sur le caractère viril de telle ou telle, sur le « goût italien » aussi appelé « petit défaut », la France de l’Ancien Régime s’est plutôt désintéressée du sujet. Quant au comptage des minorités, il faut reconnaître que c'est plutôt une spécialité des régimes de gauche.

L'homosexualité, un sujet ?

Cela appelle une deuxième considération : si c'est un sujet, serait-ce à dire que Gabriel Attal a été nommé précisément parce qu’il était homosexuel ? Serait-ce à dire qu’il y aurait, en politique, une coterie homosexuelle qui imposerait ses figures les plus médiatiques à des postes représentatifs ? Ce serait probablement du complotisme. Contentons-nous de constater que c’est un « sujet » quand ça arrange les politiques, c’est-à-dire quand ils n’ont rien d’autre à avancer devant les députés que des arguments people. Rappelons, aussi, que c’est précisément sous ce prisme – celui du lobbying et de la vie personnelle - que nos confrères africains (et, plus généralement, du « Sud global ») voient la nomination du Premier ministre. Hâtons-nous de préciser qu’ils n’en pensent pas que du bien, eux.

Cette deuxième considération en appelle une troisième : la vie privée est-elle un argument politique ? Gabriel Attal embraye sur les dix ans de l’opposition au mariage pour tous : comme si s’opposer à cette loi, adoptée à grand renfort de gaz lacrymogène, d’arrestations arbitraires et de pétitions jetées à la poubelle, était de l’homophobie caractérisée. Bref, il mélange tout. Mais lui, il a le droit.

Corréler une fonction sur la scène politique à l’appartenance à une minorité, c’est ce que font les Américains. Ça s’appelle de l’affirmative action, ou plutôt, ici « en France, en 2024 », de la discrimination positive. Chez eux, ça donne l’éviction de la présidente de Harvard pour plagiat. Chez nous, ça donne un Premier ministre, roi de la com’ aux fidélités variables, dont le seul argument, après des années passées à réclamer l’égalité des droits, est de se stigmatiser tout seul.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

41 commentaires

  1. C’est peut être la première étape vers la constitutionalisation du droit d’être homosexuel pour être président de la république. Qui sait?

  2. Monsieur le premier ministre assumez seul votre homosexualité mais ne nous demandez pas d’y souscrire ! Ce qui est légal n’est pas pour autant moral . Puisque vous savez si bien nommer les maux de la société , ce sont bien vos résultats politiques qui nous intéresserons .

  3. Son homosexualité on s’en moque ce n’est pas ce qui nous intéresse pas plus que les belles paroles qu’il diffuse sur les bottes de paille et devant les parlements, ce qu’on souhaite c’est que les menteurs se taisent, il faut des actes pour aider ceux qui travaillent et non pas payer un RSA supérieur au revenu de nos agriculteurs par rapport à ceux qui sont allergiques au travail. L’efficacité se juge sur les actes et non sur les paroles.

  4. Voilà une bonne manière de séduire tout un monde très ouvert aux « progrès » dit « scociéaux », quand on n’a aucune idée de comment sortir des crises sur les vrais sujets. Le premier ministre était jusque là plutôt discret ( au moins en paroles) sur son état de vie, le voilà, après s’être vanté d’être jeune, fier d’être homosexuel en tant que premier ministre… bientôt une autre annonce dans le domaine? Je vous laisse imaginer!
    PAUVRE FRANCE…

  5. Quand un membre du gouvernement , comme Attal ou Oudea Castera, en vient à justifier sa nomination en faisant appel à sa vie privée, c’est qu’il n’est pas sûr que sa nomination soit légitime ! Et nous non plus !

  6. Les plus jeunes d’entre nous connaîtront sans doute le jour où on saluera le courage de faire son « coming out » pour un hétérosexuel…

  7. L’homosexualité doit être inscrite dans la Constitution… L’heterosexualite pourrait néanmoins continuer à être tolérée.

  8. Il lui fallait donner des gages au LGBTQI+++++ et le reste !! Cela fait partie de ces minorités qui parfois nous pourrissent la vie.

  9. D’abord il y a déjà eu des premiers ministres homosexuels (on le savait ils ne le disaient pas) ensuite on s’en fout et c’est vulgaire pour un jeune si bien mis de parler de sa vie privée …

  10. On s’est déjà fait virer du Mali et du Niger. Celà va continuer. La seule consolation, c’est que l’histoire a prové que : Après Henri III et ses mignons, on a eu Henri IV, le Vert-Galant (venu d’une autre dynastie).

  11. Le lobby LGBT oriente les politiques extérieures et intérieures de la France. Souvenez-vous de Clément Beaune invectivant les premiers ministres de la Pologne et de Hongrie. Le même Beaune souhaitant qu’un stade en Allemagne soit paré des couleurs du drapeau homosexuel. EN outre, dans la dernière loi bioéthique a été voté la PMA pour les lesbiennes. Les homosexuels devraient se déclarer comme tel lorsqu’ils occupent des positions politiques.

    • La nature est ainsi , pourquoi les discréminer?, ils n’y peuvent rien!! par contre en faire un drapeau qui atterrit à la reconnaissance de la PMA pour les lesbiennes remboursée par la Sécu j’ai un peu de mal, les gay prides bon j’avoue que c’est plutôt très triste. On aurait pû éviter le mariage pour tous vu qu’on avait le pacs et au moins appeler celà qu’union , bon merci à Hollande et à Taubira !! Par contre que nous ayons entre le gouvernement précédent et l’actuel un pourcentage trop élevé de personnes de ce penchant à 100% ou à 50%, je ne pense pas que cela rajoute de l’équilibre à la façon de gérer qui est déjà vraiment inexistante depuis 12 ans !!

  12. Je me demande si Attal n’aurait pas dû rester à l’Éducation nationale. Franchement, en tant que PM, il ne casse rien. Quel besoin a-t-il d’étaler ce qui devrait rester dans la sphère de l’intimité ? Est-ce un encouragement à l’homosexualité décomplexée ? Très décevant ce début de mandat.

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