[Point de vue] Dupond jugé, Moretti ministre : tout va bien en République !

À partir du 6 novembre prochain, Éric Dupond-Moretti sera jugé devant la Cour de justice de la République, prévenu d’avoir commis l’infraction de prise illégale d’intérêts. Pour faire simple, il aurait usé de sa fonction de ministre pour régler ses comptes avec quelques magistrats qu’il avait rencontrés lors de sa carrière d’avocat. C’est décidé : pendant la durée de son procès, il restera en poste, demeurera ministre de la Justice et garde des Sceaux.
Le symptôme d'une République malade
Selon l’AFP, dans l’entourage gouvernemental, on explique cette décision en ces termes : « La présence du garde des Sceaux à l’audience ne saurait être assimilée à un empêchement qui justifierait un décret d’intérim. » Il faut la lire et la relire, cette phrase, tant elle est abandonnée par le bon sens. Il faut s’en imprégner vraiment car, au fond, elle est le symptôme d’une République malade. Ce n’est pas seulement la République de Macron qui agonise, mais bien la République elle-même. Car, enfin, de quoi s’agit-il vraiment ? D’un point de vue strictement juridique, M. Dupond-Moretti, rappelons-le inlassablement, demeure innocent. Or, cette innocence toute légale lui confère le droit de rester à la tête de son ministère pendant la durée de son procès. On pourrait arrêter l’analyse ici et balayer d’un revers de main tout le reste. Mais la réalité est bien plus complexe. La maladie de la République n’est pas imaginaire et la population tartuffe semble ne plus s’en préoccuper. Elle paraît préférer, laisser à d’autres, le soin de décider pour elle.
Tous ces autres qui décident pour la République
Mais, chez ces autres, c’est, je l’affirme, la prise illégale d’intérêts permanente. Ces autres, ce sont ces procureurs de la République qui, sur ordre, choisissent les affaires qui doivent être prioritaires et, alors, pour des motifs politiques, renvoient tel ou tel groupe devant les tribunaux correctionnels. Ces autres, encore, ce sont ces ministres et ces préfets qui décident d’autorité, illégalement, sans jamais être inquiétés, d’interdire de façon générale et absolue certaines manifestations, rencontres, colloques ou, pire, certaines pensées. Chez ces autres, c’est là également que dans des sphères imprenables, des décisions de justice, en toutes matières, sont rendues contra legem et que les juges qui les ont rendues dorment, encore, apaisés, tranquillisés, car ils ne seront jamais inquiétés. On rencontre, parmi ces autres, certains journalistes qui prennent plaisir à se comporter comme des délateurs d’un temps si proche. Personne ne se souvient-il que, chez ces autres, il y a quelques années, le chef de l’État, entouré de sa garde rapprochée, avait scandé, devant un parterre d’arrivistes encostardés, « Qu’ils viennent me chercher » ? C’est, enfin, ces autres qui ordonnent de ne surtout rien faire quand une population entière, imprégnée d’une idéologie morbide, choisit de faire sécession, d’imposer sa violence quotidienne et ses tristes valeurs.
Dupond-Moretti aurait tort de se gêner
Dupond-Moretti se moque de la Cour de justice de la République car, comme l’écrit Mathieu Bock-Côté, le ministre se réclame de « l’extrême centre », ce qui lui permet « d’exercer un monopole sur la démocratie mais aussi sur la raison et sur le droit ». Mais a-t-il vraiment tort de se comporter ainsi, puisqu’il ne risque rien ? Du reste, ce procès n’est peut-être pas vraiment juridique, mais l’œuvre d’une nouvelle manipulation politique ou d’une tentative de règlements de comptes personnels. Qui plus est, si le ministre est relaxé, il pourra exercer alors son activité favorite, « l’invective devant la lumière des caméras ». Il expliquera, comme ses pairs, muni de ces mêmes formules pompeuses, que « le temps de la justice n’est pas celui du politique » ou encore que « chacun a droit au respect de la présomption d’innocence », etc. L’extrême centre ne veut pas nécessairement défendre la démocratie mais seulement la République, car elle lui permet, en toutes circonstances, d’imposer de façon totalitaire sa raison et ses décisions.
Alors, demain, ça recommencera sans doute. On s’offusquera à nouveau sur les réseaux sociaux, comme le font les adversaires politiques du moment. Mais peut-être que la réalité est tout autre, qu’il n’existe tout simplement plus de dignité et de courage dans l’action politique, et même de ceux dont on pourrait encore attendre quelque chose. Alors, pour reprendre la pensée de Sacha Guitry, nous admettrons sans doute un jour que « l’avènement de la République ne va pas forcément de pair avec la grandeur de la France ».
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49 commentaires
Excellent article et la morale; Sous couvert de la République nous avons un Etat autitaire constellé de mafieux.
Jugé par Danièle Obono elle même accusée pour apologie du terrorisme !!! Mais qui donc nomme les juges de la CJR ???
C’est l’éternel 2 poids 2 mesures de ce gouvernement de pantins
C’est comme dans la chanson de Paul Miraski : » Tout va très bien madame la Marquise » effectivement pour tous ces politiciens, députés, sénateurs, ministres et autres grand-commis de l’Etat tout va bien, très bien même, ce sont eux qui légifèrent des lois et qui sont là pour nous faire obéir, bon gré, mal gré, eux sont au-dessus de ces lois.
Et ce sont ces gens qui se permettent de faire la leçon à la Pologne et à Orban pour leur justice soit disant sous influence, le bal des faux culs est à l’oeuvre.
Le système judiciaire est pourri mais protégé par ses propres pairs avec la complicité des politiques et des médias.
Quant je pense qu’un ministre à été démissionné dans un pays du Nord de l’Europe pour simple fait d’avoir utilisé la carte de paiements de son ministère pour achat personnel alors ce ministre reste en poste après une mise en examens et qu’on ne vienne pas nous dire qu’une mise en examen serait anodine. Bel exemple d’un gouvernement illégitime.
Jouer les donneurs de leçons à la terre entière constitue l’activité favorite de nos dirigeants corrompus jusqu’au trognon. On imagine l’effet désastreux que cela génère dans les chancelleries. Notre pays a perdu, et pour longtemps, toute crédibilité.
Ces « gens-là » n’ont aucun sens de l’honneur, ni de la dignité ! Ce président tout comme ses ministres sont inaptes à gouverner la France !
« La République Exemplaire » c’est lui !
C’est Dupond-Moretti !
À lui seul, il est le condensé de ce qu’est LREM-Renaissance.
Comparé à Dupond-Moretti, le omar et le Champagne c’est de la roupie de sansonnet.
Qu’il n’y ait plus ni dignité ni courage dans la vie politique, ça c’est certain . C’est sans doute pour cela que la popularité française est devenue amorphe et ne semble plus réagir à quoi que ce soit . Elle sait qu’elle n’a rien à attendre d’un gouvernement qui tous les jours , se fiche ouvertement du peuple français .
Mais Macron a été réélu et donc pourquoi s’offusquer? C’est le choix du prince. Pourquoi se gênerait-il quand les moutons, soumis et trouillards, vont ou il désire, même vers l’abîme; le premier plonge et les autres suivent. Ainsi va la France .
comment peut pn espérer être considéré aux yaeux du monde, le garde des sceaux mis en examen et tout va bien, dans tous les pays du monde, le ministre aurait démissionné ou aurait été démissionné, mais pas en France, pays de la faiblesse politique et tout part à veau l’eau.
S’il démissionnait cela donnerait droit aux juges activistes qui s’acharnent avec la complicité de certains médias de soulever des « affaires » qui le plus souvent n’en sont pas.
» Grandeur de la France » dites vous : ça c’était à une époque ou les élus respectaient les lois , ou la France faisaient des envieux partout pour son savoir faire , ses industries , son bon vivre , sa gastronomie , sa culture et ses coutumes , une époque ou l’on respectait les morts ou le peuple pouvait circuler en sécurité …..Ceux là sont des escrocs et sabotent ce pays , bradent nos industries , ne protège plus le peuple qui les nourrit ……Pauvre de nous , l’avenir va être très difficile pour les français si l’on ne réagit pas très vite .
Que monsieur Dupont Moretti soit innocent ou non n’est pas le problème : il est mis en examen et va être jugé.
Il est donc extrêmement fragilisé et ne peut pas diriger son ministère convenablement.
C’est pourquoi monsieur Balladur avait édicté la règle que tout ministre mis en examen doit démissionner.
On notera l’évolution de notre président qui avait été beaucoup moins tolérant avec monsieur Bayrou en 2017.
Ces pratiques sont scandaleuses pour les Français qu’on n’hésite pas à emmerder pour des broutilles ou qui se retrouvent complètement démunis pour des PV injustifiés.
En république bananière un homme corrompt est mieux traité qu’un honnête homme. Rien de plus logique, il en sait trop.